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Haïku érotiques

Sur Facebook  : Poésie érotique

Poèmes sensuels 1

"Qu'est-ce que l'érotisme? C'est la sexualité même prise comme absolu, c'est à dire dans la mesure où elle n'est pas la servante 
de la perpétuation de l'espèce. C'est l'exercice de la sexualité considérée comme une fin en soi, comme un luxe. "   Michel Tournier

©opirate andré Cayrel   

Bien faire l'amour ne suffit pas, encore faut-il bien en parler.  J.Claude Carrière
(... et inversement...)
*
"Les hommes (et les femmes!) ont besoin de récits érotiques 
comme les enfants de contes de fées."
Havelock Ellis
*
Ce coin de spectacle affriolant,
cette échappée sur le mystère le plus mystérieux du monde,
cette marguerite au grand air, lisse et nette encore, pas un poil,
et d'un rose si angélique sous l'azur.

Joseph Delteil

Dans la pinette et la minette
Tu tords ton cul d'une façon
Qui n'est pas d'une femme honnête :
Et, nom de Dieu, t'as bien raison!

Verlaine


Mes livres, je les fit pour vous. Ô jeunes hommes
Et j'ai laissé dedans
Comme font les enfants qui mordent les pommes
La trace de mes dents

A. De Noailles

Un Bordeaux sur mon palais

mais le nectar féminin

puisé à l'entrée du palais de la femme

Un Beaujolais entre mes lèvres

mais le jus féminin

goûté aux petites lèvres

Un Cahors entre mes dents

mais la liqueur féminine

au bout de la langue

Un Bourgogne dans ma bouche

mais le vin féminin

à pleine bouche de vulve

Un Champagne pétillant et glacé

mais le suc féminin

léché au bourgeon brûlant

Soif de la femme

Ivresse de vivre

G. Cousin

 

Tout fait l'amour. Et moi j'ajoute,

Lorsque tu dis : "Tout fait l'amour":

Même le pas avec la route

 La baguette avec le tambour.

 

Même le doigt avec la bague,

Même la rime et la raison,

même le vent avec la vague,

Le regard avec l'horizon...

 

G. Nouveau

 

 

Il est préférable d'affronter une fois dans sa vie un désir que l'on craint,

que de vivre dans le soin éternel de l'éviter.

Sade


Femme qui abandonne sa bouche
Accorde sans peine ce qui vient de surcroît,
Si on le veut sérieusement.

(l’Orgueilleux de la Lande dans le Conte du Graal)

 

"Au premier degré on perçoit l'odeur de cette douceur céleste; au second, on la goûte; et au troisième quelquefois on la recueille et on la boit jusqu'à l'ivresse."

Saint Bonaventure, Soliloque, XIIIème

 J'ai dépouillé ma robe; comment la vêtirai-je?   
J'ai lavé mes pieds, comment les souillerai-je?
Mon ami a avancé la main par les pertuis, 
et mon ventre a tremblé par son attouchement.
Je me suis levée pour ouvrir à mon ami : mes mains distillèrent myrrhe, 
et mes doigts sont pleins de myrrhe très bien éprouvée.

Le Cantique des Cantiques

Dessin de Rodin
Obscur et froncé comme un oeillet violet...
A.R.

Nous lirons dans un même lit
Au livre de ton corps lui-même
- C'est un livre qu'on lit au lit-
Nous lirons le charmant poème
Des grâces de ton corps joli

 

Nous passerons de doux dimanches
Plus doux que n’est le chocolat,
jouant tous deux au jeu de hanches…

Apollinaire


***

Le couvent de Pantocrator... luit comme une femme qui se concentre
avant de jouir.

Julien Gracq

 



Nos fesses ne sont pas les leurs. Souvent j'ai vu
Des gens déboutonnés derrière quelque haie,
Et, dans ces bains sans gêne où l'enfance s'égaie,
J'observais le plan et l'effet de notre cul.

Plus ferme, blême en bien des cas, il est pourvu
De méplats évidents que tapisse la claie
Des poils ; pour elles, c'est seulement dans la raie
Charmante que fleurit le long satin touffu.

Une ingéniosité touchante et merveilleuse
Comme l'on ne voit qu'aux anges des saints tableaux
Imite la joue où le sourire se creuse.

Oh ! de même être nus, chercher joie et repos,
Le front tourné vers sa portion glorieuse,
Et libres tous les deux murmurer des sanglots ?

Rimbaud

 

Il ferait bon planter le may
Au petit jardin de ma mie

Clément Janequin

Et quand elles s'asseyaient en fumant au fume-cigarette, elles te montraient l'porte-monnaie à moustache, car c'était pas la mode des slips...

Silvagni


Verlaine

Tu n'es pas la plus amoureuse
De celles qui m'ont pris ma chair;
Tu n'es pas la plus savoureuse
De mes femmes de l'autre hiver.

Mais je t'adore tout de même !
D'ailleurs ton corps doux et bénin
A tout, dans son calme suprême,
De si grassement féminin,

De si voluptueux sans phrase,
Depuis les pieds longtemps baisés
Jusqu'à ces yeux clairs purs d'extase,
Mais que bien et mieux apaisés!

Depuis les jambes et les cuisses
Jeunettes sous la jeune peau,
A travers ton odeur d'éclisses
Et d'écrevisses fraîches, beau,

Mignon, discret, doux, petit Chose
A peine ombré d'un or fluet,
T'ouvrant en une apothéose
A mon désir rauque et muet,

Jusqu'aux jolis tétins d'infante,
De miss à peine en puberté,
Jusqu'à ta gorge triomphante
Dans sa gracile vénusté,

Jusqu'à ces épaules luisantes,
Jusqu'à la bouche, jusqu'au front
Naïfs aux mines innocentes
Qu'au fond les faits démentiront,

Jusqu'aux cheveux courts bouclés comme
Les cheveux d'un joli garçon,
Mais dont le flot nous charme, en somme,
Parmi leur apprêt sans façon.

En passant par la lente échine
Dodue à plaisir, jusques au
Cul somptueux, blancheur divine,
Rondeurs dignes de ton ciseau,

Mol Canova! jusqu'aux cuisses
Qu'il sied de saluer encor,
Jusqu’aux mollets, fermes délices,
Jusqu aux talons de rose et d'or!

Nos nœuds furent incoercibles?
Non, mais eurent leur attrait leur.
Nos feux se trouvèrent terribles?
Non, mais donnèrent leur chaleur.

Quant au Point, Froide? Non pas, Fraîche.
Je dis que notre « sérieux »
Fut surtout, et]e m'en pourlèche,
Une masturbation mieux,

Bien qu'aussi bien les prévenances
Sussent te préparer sans plus,
Comme l'on dit, d'inconvenances,
Pensionnaire qui me plus.

Et je te garde entre mes femmes
Du regret non sans quelque espoir
De quand peut-être nous aimâmes
Et de sans doute nous ravoir.

VERLAINE ( Femmes)

*

Un peu de merde et de fromage
Ne sont pas pour m'effaroucher
Mon nez, ma bouche et mon courage
Dans l'amour de gamahucher.

L'odeur m'est assez gaie en somme,
Du trou du cul de mes amants,
Aigre et fraîche comme de pomme
Dans la moiteur de sains ferments.

Et ma langue que rien ne dompte,
Par la douceur de ses longs poils roux
Raide et folle de bonne honte
Assouvit là ses plus forts goûts,

Puis, pourléchant le périnée
Et les couilles d'un mode lent,
Au long du chibre contourné
S'arrête à la base du gland.

Elle y puise âprement, en quête
Du nanan qu'elle mourrait pour,
Sive*, la crème de quéquette
Caillée aux éclisses d'amour.

Ensuite, après la politesse
Traditionnelle au méat
Rentre dans la bouche où s'empresse
De la suivre le vit béat,

Débordant de foutre, qu'avale
Ce moi confit en onction
Parmis l'extase sans rivale
De cette bénédiction !

Verlaine


Un peu de merde et de fromage
Ne sont pas pour m'effaroucher
Mon nez, ma bouche et mon courage
Dans l'amour de gamahucher.

L'odeur m'est assez gaie en somme,
Du trou du cul de mes amants,
Aigre et fraîche comme de pomme
Dans la moiteur de sains ferments.

Et ma langue que rien ne dompte,
Par la douceur de ses longs poils roux
Raide et folle de bonne honte
Assouvit là ses plus forts goûts,

Puis, pourléchant le périnée
Et les couilles d'un mode lent,
Au long du chibre contourné
S'arrête à la base du gland.

Elle y puise âprement, en quête
Du nanan qu'elle mourrait pour,
Sive, la crème de quéquette
Caillée aux éclisses d'amour.

Ensuite, après la politesse
Traditionnelle au méat
Rentre dans la bouche où s'empresse
De la suivre le vit béat,

Débordant de foutre, qu'avale
Ce moi confit en onction
Parmi l'extase sans rivale
De cette bénédiction !



*


Vas Unguentatum

Admire la brèche moirée
Et le ton rose-blanc qui met
La trace encor de mon entrée
Au paradis de Mahomet.

Vois, avec un plaisir d'artiste,
Ô mon vieux regard fatigué
D'ordinaire à bon droit si triste,
Ce spectacle opulent et gai,

Dans un mol écrin de peluche
Noire aux reflets de cuivre roux
Qui serpente comme une ruche,
D'un bijou, le dieu des bijoux,

Palpitant de sève et de vie
Et vers l'extase de l'amant
Essorant la senteur ravie,
On dirait, à chaque élément.

Surtout contemple, et puis respire,
Et finalement baise encor
Et toujours la gemme en délire,
Le rubis qui rit, fleur du for

Intérieur, tout petit frère
Epris de l'autre et le baisant
Aussi souvent qu'il le peut faire,
Comme lui soufflant à présent...

Mais repose-toi, car tu flambes.
Aussi, lui, comment s'apaiser,
Cuisses et ventre, seins et jambes
Qui ne cessez de l'embraser ?

Hélas ! voici que son ivresse
Me gagne et s'en vient embrasser
Toute ma chair qui se redresse...
Allons, c'est à recommencer !



*

Les ingénus

Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés! - et nous aimions ce jeu de dupes.


Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c'étaient des éclairs soudains de nuques blanches,
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.


Le soir tombait, un soir équivoque d'automne:
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre raison, depuis ce temps, tremble et s'étonne.


VERLAINE


Pensionnaires

L'une avait quinze ans, l'autre en avait seize;
Toutes deux dormaient dans la même chambre,
C'était par un soir très lourd de septembre:
Frêles, des yeux bleus, des rougeurs de fraise. 

Chacune a quitté, pour se mettre à l'aise,
La fine chemise au frais parfum d'ambre.
La plus jeune étend les bras, et se cambre,
Et sa sœur, les mains sur ses seins, la baise,

 Puis tombe à genoux, puis devient farouche
Et tumultueuse et folle, et sa bouche
Plonge sous l'or blond, dans les ombres grises,

 Et l'enfant, pendant ce temps-là, recense
Sous ses doigts mignons la valse promise,
Et, rose, sourit avec innocence.

Paul Verlaine

 


Femmes

Je veux m'abstraire vers vos cuisses et vos fesses,
Putains, du seul vrai Dieu seules prêtresses vraies,
Beautés mûres ou non, novices ou professes,
Ô ne vivre plus qu'en vos fentes et vos raies!

Vos pieds sont merveilleux, qui ne vont qu'à l'amant,
Ne reviennent qu'avec l'amant, n'ont de répit
Qu'au lit pendant l'amour, puis flattent gentiment
Ceux de l'amant qui las et soufflant se tapit,

Pressés, fleurés, baisés, léchés depuis les plantes
Jusqu'aux orteils sucés les uns après les autres,
Jusqu'aux chevilles, jusqu'aux lacs des veines lentes,
Pieds plus,beaux que des-pieds de héros et d'apôtres!

J'aime fort votre bouche et ses jeux gracieux,
Ceux de la langue et des lèvres et ceux des dents
Mordillant notre langue et parfois même mieux,
Truc presque aussi gentil que de mettre dedans;

Et vos seins, double mont d'orgueil et de luxure
Entre quels mon orgueil viril parfois se guinde
Pour s'y gonfler à l'aise et s'y frotter la hure:
Tel un sanglier ès vaux du Parnasse et du Pinde.

Vos bras, j'adore aussi vos bras si beaux, si blancs,
Tendres et durs, dodus, nerveux quand faut et beaux
Et blancs comme vos culs et presque aussi troublants,
Chauds dans l'amour, après frais comme des tombeaux.

Et les mains au bout de ces bras, que je les gobe!
La caresse et la paresse les ont bénies,
Rameneuses du gland transi qui se dérobe,
Branleuses aux sollicitudes infinies?

Mais quoi? Tout ce n'est rien, Putains,aux prix de vos
Culs et cons dont la vue et le goût et l'odeur
Et le toucher font des élus de vos dévots,
Tabernacles et Saints des Saints de l'impudeur.

C'est pourquoi, mes sœurs, vers ,vos cuisses et vos fesses
Je veux m'abstraire tout, seules compagnes vraies,
Beautés mûres Ou non, novices ou professes,
Et ne vivre plus qu'en vos fentes et vos raies.

Verlaine 

C'est une laide de Boucher
Sans poudre dans sa chevelure,
Follement blonde et d'une allure
Vénus à tous nous débaucher.

Mais je la crois mienne entre tous,
Cette crinière tant baisée,
Cette cascatelle embrasée
qui m'allume par tous les bouts.

Elle est à moi bien plus encor
Comme une flamboyante enceinte
Aux entours de la porte sainte,
L'alme, la dive toison d'or !

Et qui pourrait dire ce corps
Sinon moi, son chantre et son prêtre,
Et son esclave humble et son maître
qui s,en damnerait sans remords,

Son cher corps rare, harmonieux,
Suave, blanc de lait pur, et rose
Comme un lys sous de pourpres cieux.

Cuisses belles, seins redressants,
Le dos, les reins. le ventre, fête
Par les yeux et les mains en quête
Et pour la bouche et tous les sens.

Mignonne, allons voir si ton lit
A toujours sous le rideau rouge
L'oreiller sorcier qui tant bouge
Et les draps fous. Ô vers ton lit !

Paul Verlaine,

 


Séguidille

Brune encore non eue,
Je te veux presque nue
Sur un canapé noir
Dans un jaune boudoir,
Comme en mil huit cent trente.

Presque nue et non nue
À travers une nue
De dentelles montrant
Ta chair où va courant
Ma bouche délirante.

Je te veux trop rieuse
Et très impérieuse,
Méchante et mauvaise et
Pire s'il te plaisait,
Mais si luxuriante !

Ah ! ton corps noir et rose
Et clair de lune ! Ah, pose
Ton coude sur mon cœur,
Et tout ton corps vainqueur,
Tout ton corps que j'adore !

Ah, ton corps, qu'il repose
Sur mon âme morose
Et l'étouffe s'il peut,
Si ton caprice veut,
Encore, encore, encore !

Splendides, glorieuses,
Bellement furieuses
Dans leur jeunes ébats,
Fous mon orgueil en bas
Sous tes fesses joyeuses !

Paul Verlaine

Monte sur moi

Monte sur moi comme une femme
Que je baiserais en gamin
Là, c’est cela. T’es à ma main?
Tandis que mon vit t’entre, lame

Dans du beurre, du moins ainsi
Je puis te baiser sur la bouche,
Te faire une langue farouche
Et cochonne et si douce, aussi!

Je vois tes yeux auxquels je plonge
Les miens jusqu’au fond de ton coeur
D’où mon désir revient vainqueur
Dans une luxure de songe.

Je caresse le dos nerveux,
Les flancs ardents et frais, la nuque,
La double mignonne perruque
Des aisselles et les cheveux !

Ton cul à cheval sur mes cuisses
Les pénètre de son doux poids
Pendant que s’ébat mon lourdois
Aux fins que tu te réjouisses,

Et tu te réjouis, petit,
Car voici que ta belle gourde
Jalouse aussi d’avoir son rôle,
Vite, vite, gonfle, grandit,

Raidit... Ciel ! la goutte, la perle
Avant-courrière vient briller
Au méat rose : l’avaler,
Moi, je le dois, puisque déferle

Le mien de flux, or c’est mon lot
De faire tôt d’avoir aux lèvres
Ton gland chéri tout lourd de fièvres
Qu’il décharge en un royal flot.

Lait suprême, divin phosphore
Sentant bon la fleur d’amandier,
Où vient l’âpre soif mendier,
La soif de toi qui me dévore

Mais il va, riche et généreux,
Le don de ton adolescence,
Communiant de ton essence,
Tout mon être ivre d’être heureux.

Paul Verlaine


O mes amants
Simples natures,
Mais quels tempéraments!
Consolez-moi de ces mésaventures
Reposez-moi de ces littératures,
Toi, gosse pantinois, branlons-nous en argot,
Vous, gas des champs, patoisez moi l'écot,
Des pines au cul et des plumes qu'on taille,
Livrons-nous dans les bois touffus
La grande bataille
Des baisers confus.
Vous, rupins, faisons-nous des langues en artistes
Et merde aux discours tristes,
Des pédants et des cons.
(Par cons, j'entends les imbéciles,
Car les autres cons sont de mise
Même pour nous, les difficiles,
Les spéciaux, les servants de la bonne Eglise
Dont le pape serait Platon
Et Socrate un protonotaire
Une femme par-ci, par-là, c'est de bon ton
Et les concessions n'ont jamais rien perdu
Puis, comme dit l'autre, à chacun son dû
Et les femmes ont, mon dieu, droit à notre gloire
Soyons-leur doux,
Entre deux coups
Puis revenons à notre affaire).
O mes enfants bien aimés, vengez-moi
Par vos caresses sérieuses
Et vos culs et vos nœuds régals vraiment de roi,
De toutes ces viandes creuses
Qu'offre la rhétorique aux cervelles breneuses
De ces tristes copains qui ne savent pourquoi,
Ne métaphorons pas, foutons
Pelotons nous bien les roustons
Rinçons nos glands, faisons ripailles
Et de foutre et de merde et de fesses et de cuisses.

Paul Verlaine

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Pensionnaires

L'une avait quinze ans, l'autre en avait seize;
Toutes deux dormaient dans la même chambre,
C'était par un soir très lourd de septembre:
Frêles, des yeux bleus, des rougeurs de fraise.

Chacune a quitté, pour se mettre à l'aise,
La fine chemise au frais parfum d'ambre.
La plus jeune étend les bras, et se cambre,
Et sa sœur, les mains sur ses seins, la baise,

Puis tombe à genoux, puis devient farouche
Et tumultueuse et folle, et sa bouche
Plonge sous l'or blond, dans les ombres grises,

Et l'enfant, pendant ce temps-là, recense
Sous ses doigts mignons la valses promises,
Et, rose, sourit avec innocence.

Verlaine

Balanide IV

Gland, point suprême de l'être
De mon maître,
De mon amant adoré
Qu'accueille avec joie et crainte,
Ton étreinte
Mon heureux 'cul, perforé

Tant et tant par ce gros membre
Qui se cambre,
Se gonfle et, tout glorieux
De ses hauts faits et prouesses,
Dans les fesses
Fonce en élans furieux. -

Nourricier de ma fressure,
Source sûre
Où ma bouche aussi suça,
Gland, ma grande friandise,
Quoi qu'en dise
Quelque fausse honte, or, çà,

Gland, mes délices, viens, dresse
Ta caresse
De chaud satin violet
Qui dans ma main se harnache
En panache
Soudain d'opale et de lait.

Verlaine

A madame

Quand tu m'enserres de tes cuisses
La tête ou les cuisses, gorgeant
Ma gueule de bathes délices
De ton jeune foutre astringent,

Où mordant d'un con à la taille
Juste de tel passe-partout
Mon vit point, très gros, mais canaille
Depuis les couilles jusqu'au bout.

Dans la pinete et la minette
Tu tords ton cul d'une façon
Qui n'est pas d'une femme honnête ;
Et nom de Dieu, t'as bien raison !

Tu me fais des langues fourrées,
Quand nous baisons, d'une longueur,
Et d'une ardeur démesurées
Qui me vont, merde ! au droit du coeur,

Et ton con exprime ma pine
Comme un ours téterait un pis,
Ours bien léché, toison rupine,
Que la mienne a pour fier tapis

Ours bien léché, gourmande et saoûle
Ma langue ici peut l'attester
Qui fit à ton clitoris boule de gomme
A ne plus le compter

Bien léché, oui, mais âpre en diable,
Ton con joli, taquin, coquin,
Qui rit rouge sur fond de sable;
Telles les lèvres d'Arlequin.

Paul Verlaine

 

Vas Unguentatum

Admire la brèche moirée
Et le ton rose-blanc qui met
La trace encor de mon entrée
Au paradis de Mahomet.

Vois, avec un plaisir d'artiste,
Ô mon vieux regard fatigué
D'ordinaire à bon droit si triste,
Ce spectacle opulent et gai,

Dans un mol écrin de peluche
Noire aux reflets de cuivre roux
Qui serpente comme une ruche,
D'un bijou, le dieu des bijoux,

Surtout contemple, et puis respire,
Et finalement baise encor
Et toujours la gemme en délire,
Le rubis qui rit, fleur du for

Intérieur, tout petit frère
Épris de l'autre et le baisant
Aussi souvent qu'il le peut faire,
Comme lui soufflant à présent...

Mais repose-toi, car tu flambes.
Aussi, lui, comment s'apaiser,
Cuisses et ventre, seins et jambes
Qui ne cessez de l'embraser ?

Hélas ! voici que son ivresse
Me gagne et s'en vient embrasser
Toute ma chair qui se redresse...
Allons, c'est à recommencer !

Paul Verlaine

 

La serveuse

Verger de la Christine aux relents de cloaque,
Buisson mouillé portant quelques morpions pour baies,
Une motte à feux roux comme la haie
En août d'une femme sans époques.

Mais quelles fesses, voyez-vous !
Fesses magistrales, comtales, princières,
Bonnes à condamner à la dossière
La verge ponceau des récureurs d'égouts.

Mais la langue vive et la bouche
Baveuse et buveuse d'orgeats !
Langue fourrée, langue pineuse d'entrechats
Ou d'entre-fesses ! Et les chibres qu'elle débouche !

Goulot d'amour, sa poitrine fleurie, ô ses seins !
Mammes roussottes ! Son anus rond : mon ergastule.
- Gare, Christine ! si jamais je pars et te décule
Et te brise les colonnades du bassin.

Rimbaud

Les Stupra

Les anciens animaux saillissaient, même en course,
Avec des glands bardés de sang et d'excrément.
Nos pères étalaient leur membre fièrement
Par le pli de la gaine et le grain de la bourse.

Au moyen âge pour la femelle, ange ou pource,
Il fallait un gaillard de solide gréement :
Même un Kléber, d'après la culotte qui ment
Peut-être un peu, n'a pas dû manquer de ressource.

D'ailleurs l'homme au plus fier mammifère est égal ;
L'énormité de leur membre à tort nous étonne ;
Mais une heure stérile a sonné : le cheval

Et le boeuf ont bridé leurs ardeurs, et personne
N'osera plus dresser son orgueil génital
Dans les bosquets ou grouille une enfance bouffonne.

*

Nos fesses ne sont pas les leurs. Souvent j'ai vu
Des gens déboutonnés derrière quelque haie,
Et, dans ces bains sans gêne où l'enfance s'égaie,
J'observais le plan et l'effet de notre cul.

Plus ferme, blême en bien des cas, il est pouvu
De méplats évidents que tapisse la claie
Des poils ; pour elles, c'est seulement dans la raie
Charmante que fleurit le long satin touffu.

Une ingéniosité touchante et merveilleuse
Comme l'on ne voit qu'aux anges des saints tableaux
Imite la joue où le sourire se creuse.

Oh ! de même être nus, chercher joie et repos,
Le front tourné vers sa portion glorieuse,
Et libres tous les deux murmurer des sanglots ?


Rimbaud

Mignonne, sais-tu qu'on me blâme

De t'aimer comme je le fais ?

On dit que cela, sur mon âme !

Aura de singuliers effets;

Que tu n'es pas une duchesse,

Et que ton cul fait ta richesse,

Qu'en ce monde, ou rien n'est certain,

On peut affirmer une chose:

C'est que ton con vivant et rose

N'est que le con d'une putain !

Qu'est-ce que cela peut foutre ?

Lorsqu'on tient ces vains propos,

Je les méprise, et je passe outre,

Alerte, gaillard et dispo !

Je sais que près de toi je bande

Vertement, et je n'appréhende

Aucun malheur, sinon de voir,

Entre mes cuisses engourdies,

Ma pine flasque et molle choir !...

 

Albert Glatigny



*

 

 

 

L’ingéniosité en amour, c’est comme la poésie en littérature. 
On peut s’en passer, mais c’est dommage 

 Frédéric Dard

Au bal

Un rêve de cuisses de femmes
Ayant pour ciel et plafond
Les culs et les cons de ces dames
Très beaux, qui viennent et vont.

Dans un ballon de jupes gaies
Sur des airs gentils et cochons ;
Et les culs vous ont de ces raies,
Et les cons vous ont de ces manchons !

Des bas blancs sur quels mollets fermes
Si rieurs et si bandatifs
Avec, en haut, sans fins, ni termes
Ce train d'appâts en pendentifs,

Et des bottines bien cambrées
Moulant des pieds grands juste assez
Mènent des danses mesurées
En pas vifs, comme un peu lassés

Une sueur particulière
Sentant à la fois bon et pas,
Foutre et mouille, et trouduculière,
Et haut de cuisse, et bas de bas,

Flotte et vire, joyeuse et molle,
Mêlée à des parfums de peau
A nous rendre la tête folle
Que les youtres ont sans chapeau.

Notez combien bonne ma place
Se trouve dans ce bal charmant :
Je suis par terre, et ma surface
Semble propice apparemment

Aux appétissantes danseuses
Qui veulent bien, on dirait pour
Telles intentions farceuses,
Tournoyer sur moi quand mon tour,

Ce, par un extraordinaire
Privilège en elles ou moi,
Sans ma faire mal, au contraire,
Car l'aimable, le doux émoi

Que ces cinq cent mille chatouilles
De petons vous caracolant
A même les jambes, les couilles,
Le ventre, la queue et le gland !

Les chants se taisent et les danses
Cessent. Aussitôt les fessiers
De mettre au pas leurs charmes denses,
O ciel ! l'un d'entre eux, tu t'assieds

Juste sur ma face, de sorte
Que ma langue entre les deux trous
Divins vague de porte en porte
Au pourchas de riches ragoûts.

Tous les derrières à la file
S'en viennent généreusement
M'apporter, chacun en son style,
Ce vrai banquet d'un vrai gourmand.

Je me réveille, je me touche ;
C'est bien moi, le pouls au galop...
Le nom de Dieu de fausse couche !
Le nom de Dieu de vrai salop !

Verlaine


In anum libidinosam

Rogare longo putidam te saeculo
     Viris quid eneruet meas,
Cum sit tibi dens ater et rugis uetus
     Frontem senectus exaret,
Hietque turpis inter aridas natis
     Podex uelut crudae bouis ?
Sed incitat me pectus et mammae putres,
     Equina quales ubera,
Venterque mollis et femur tumentibus
     Exile suris additum.
Esto beata, funus atque imagines
     Ducant triumphales tuum,
Nec sit marita, quae rotundioribus
     Onusta bacis ambulet.
Quid, quod libelli Stoici inter sericos
     Iacere puluillos amant ?
Illiterati num minus nerui rigent,
     Minusue languet fascinum ?
Quod ut superbo prouoces ab inguine,
     Ore allaborandum est tibi.

Horace, Épodes, VIII

 


À une vieillarde lubrique

Me demander, toi qu'un long siècle a fait flétrir
     Pourquoi s'épuise ma vigueur,
Quand ton âge avancé a fait noircir tes dents
     Et couvert de rides ton front,
Quand ton sexe hideux baille en tes fesses sèches
     Tel le cul d'une vache en rut ?
Tu as pour m'exciter tes seins, tes mammes molles
     – De vraies mamelles de jument,
Ton ventre flatulent et tes jambes bouffies
     Que surmontent tes cuisses maigres
Va en paix ! Qu'un grand faste et les honneurs funèbres
     T'accompagnent à tes obsèques !
Que nulle épouse n'aille, avec autour du cou
     Des perles plus rondes, plus lourdes... 
Que dire quand on voit sur la soie des coussins
     Traîner des livres stoïciens ?
Mes nerfs sont-ils moins durs pour n'avoir pas de lettres
     Et mon sexe en est-il moins raide ? 
Que si tu le veux voir se dresser sur mon ventre, 
     Ta bouche aura bien du travail !

(Traduction de Henri Tournier)

 

Le luth

Pour le doux ebast que je puisse choisir,
Souvent, après disner, craignant qu'il ne m'ennuye,
Je prends le manche en main, je le taste et manie,
Tant qu'il soit en estat de me donner plaisir.

Sur mon lict je me jette, et, sans m'en dessaisir,
Je l'estrains de mes bras et sur moy je l'apuye,
Et, remuant bien fort, d'aise toute ravie,
Entre mille douceurs j'accomplis mon désir.

S'il avient, par malheur quelquefois qu'il se lasche,
De la main je le dresse, et, derechef, je tasche
Au jouir du plaisir d'un si doux maniment :

Ainsi, mon bien aymé, tant que le nerf luy tire,
Me contemple et me plaist, puis de luy, doucement,
Lasse et non assouvie en fin je me retire.

Héliette de Vivonne
( 1558 - 1625 )

 

entre 5000 et 7000 ans (site d'In Aouanrhet, Algérie)


Cà, çà pour le dessert troussez-moi votre cotte,
Vite, chemise et tout, qu'il n'y demeure rien
Qui me puisse empêcher de reconnaître bien
Du plus haut du nombril jusqu'au bas de la motte.

...- Mon coeur, il est bien vrai, mais vous en prenez trop,
Remettez-vous au pas et quittez ce galop,
-Ma belle, laissez-moi, c'est à vous de vous taire.

- Ma foi vous vous gâtez en sortant du repas.
- Belle vous dites vrai, mais se pourrait-il faire
De voir un si beau cul et ne le foutre pas?

F. De Malherbe

*
Mais elle était du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin ;
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin.

F. De Malherbe




7/2/2006

(Écrit et récité il y a quelques années pour enrager le papa de mon amoureuse, 
qui heureusement ne bascule pas dans la violence pyromane  lorsqu’on ridiculise son sauveur et seigneur.)

Jésus m’a prise en levrette
Sur la banquette arrière
D’une mini fourgonnette
C’était divin, c’était mystique
Surtout lorsqu’il épongea ma cyprine
Avec sa barbe christique
Puissante et miséricordieuse

J’ai alors épinglé mon numéro
À sa couronne d’épines
« Je te rappelle, bébé »
M’a-t-il dit en remontant son pagne
Ce que le lendemain, oh miracle ! il fit
Prouvant ainsi qu’il est bien
Le fils de l’homme, le Messie

« Hier soir, c’était vraiment bien »
Me susurra-t-il en araméen
« Je craque pour les femmes
Bonnes à lapider
Fétichistes, laveuses de pieds
Adultères et pécheresses
Que fais-tu dimanche, après la messe ? »

Puisque le rédempteur était marié
Le royaume des cieux m’était interdit
Je dus me contenter de sa Windstar
Et du parking de l’église Saint-Elzéar
Où chaque jour du seigneur
La messe fut dite, stigmates aux fesses
Et petites culottes aux chevilles

« Partons avec ta sainte familiale »
Lui suggérai-je un jour, éperdue d’amour
Quitte ta femme, allons à Vegas
Pour qu’un sosie du roi des rois
Célèbre nos noces de Cana
Une bible dans la main et dans l’autre
Un banana-peanut butter sandwich

« Je ne peux abandonner les enfants de dieu »
Me répondit-il en essuyant son auréole
« Ma femme se doute de quelque chose
Elle veut des vacances à Niagara Falls
Un lit de satin en forme de sacré-cœur
Des orgasmes simulés et un buffet de crêpes
Multipliées pour le petit déjeuner »

Après l’avoir apostasié
Crucifiée seule dans mon lit
Privée de son corps de son sang
Livrée à moi-même
En rémission de mes péchés
Je rêve d’un amour miséricordieux
Sans couronne d’épines

Poésies licencieuses

vers quatorze heures

 


Nous qui faisons les fins, disputons sottement,

Interprétant de Dieu la volonté si claire,

Et n'osons le besoin de foutre satisfaire,

Nous-mesmes nous privant de ce consentement.

 

Pauvres, qu'attendons-nous d'une bonté si grande?

N'est-ce pas assez dict, quand Dieu nous le commande?

Faut-il qu'il nous assigne et le temps et le lieu?

 

Il n'a pas dit : Foutez ! mais grossiers que nous sommes,

Multiplier le monde en langage de Dieu,

Qu'est-ce donc, sinon Foutre en langage des hommes?

Malherbe

 


Je te salue, ô vermeillette fante,
Qui vivement entre ces flancs reluis;
Je te salue, ô bienheureux pertuis,
Qui rens ma vie heureusement constante!

C'est toi qui fais que plus ne me tourmante
L'archer volant qui causoit mes ennuis;
T'aiant tenu quatre nuis,
Je sen sa force en moi desja plus lente.

O petit trou, trou mignard, trou velu
D'un poil folet mollement crespelu,
Qui à ton gré domtes les plus rebelles;

Tous vers galants devoient, pour t'honorer,
A beaux genoux te venir adorer,
Tenans au poin leurs flambantes chandelles.

Pierre de Ronsard (1524-1585)


Puis mettant la bouche sienne
Tout à plat dessus la mienne,
Me mord et je la remords;
je lui darde, elle me darde
Sa languette frétillarde;
Puis en ses bras je m'endors,
D'un baiser mignard et long
Me resuce l'âme adonc.
Puis en soufflant la repousse,
La resuce encore un coup
Avec son haleine douce,
Tout ainsi les Colombelles
Trémoussant un peu les ailes
Hâtivement se vont baisant.

Ronsard


il a veu (vu)
Guignant à travers le feu
De sa Robine recoursée ( retroussé)
La grosse motte retroussée
Et son petit cas barbelu 
D'un jaune ornement crespelu
Dont le fond semblait une rose
Non encore àn demie déclose 
Robine aussi, d'une autre part
De Jacquet guignoit le Tribart 
Qui lui pendait entre les jambes...
Je m'interromps, car ici, nos tourtereaux dissertent 

Robine présente sa demande:

"Je te prie Jacquet, jauche moi 
Et met le grand pieu que je vois
Dedans le rond de ma fossette
Le gaillard ne se fait pas prier:

"Et le bon Jacquet qui l'embroche
fis trépigner tous les Sylvains 
Du dru maniement de ses reins
Morale de l'histoire: incitation à la débauche.

Pierre De Ronsard

 

Ah! Je meurs! Ah! Baise-moy!
Ah! Maistresse, approche-toy!
Tu fuis comme un fan qui tremble:
Au moins souffre que ma main
S'esbate un peu dans ton sein,
Ou plus bas, si bon te semble

Pierre De Ronsard

 

 Maîtresse, embrasse-moy, baise-moy, serre-moy;
Haleine contre haleine échauffe moy la vie;
Mille et mille baisers donne-moy je te prie :
Amour veut tout sans nombre, Amour n'a point de loi...

Ronsard

Touche de main, mignonne frétillarde,

Sur l'instrument le plus doux en amour,

Qui peut chasser le desplaisir tousjours,

Par un accord d'une façon gaillarde

 

Et en usant d'une prise paillarde,

Pince trés-doux mainte corde à l'entour,

En l'animant de quelques gentils tours,

Par la vertu de ta voix babillarde...

Ronsard

 

La trépidation excitante des trains
Nous glisse des désirs dans la moelle des reins.

A. Allais

*

Et puis d'un coquillage à l'autre, j'arrivais au sien, à l'originel, à la conque pâle, à la fente rose, d'où tout était venu, où tout revenait. 

Pierre Bourgade

Ô pieds, ô cuisses douces, reins profonds, croupe ronde, figue fendue, hanches, épaules, seins, nuque mobile, ô vous qui m'affolez...

P. Louÿs

 

Ainsi, je voudrais, une nuit

Quand l’heure des voluptés sonne,

Vers les trésors de ta personne,

Comme un lâche ramper sans bruit

Pour châtier ta chair joyeuse

Pour meurtrir ton sein pardonné,

Et faire à ton flanc étonné,

Une blessure large et creuse,

Folle dont je suis affolé

Je te hais autant que je t’aime.

 

Baudelaire ( A celle qui est trop gaie)

 

Entre tous les plaisirs qui contentent mon âme

Ennuyée du soin d'un amoureux désir

Mes délices, mes yeux, mon souverain plaisir

Est de passer le temps en votre trou Madame

 

...Il va de mon honneur aussi bien que du vôtre,

En ce bel exercice, et d'autant qu'en ce lieu

Sont deux trous bien divers et tous deux au milieu: 

Il faut bien se garder de prendre l'un pour l'autre

La plus belle façon est la plus ordinaire.

 

Raoul Fournier (1562 ...)

 

J'ai peur d'un baiser

 Comme d'une abeille.

 Je souffre et je veille

 Sans me reposer.

 J'ai peur d'un baiser !

Elle m'est promise,

 Fort heureusement !

 Mais quelle entreprise

 Que d'être un amant

 Près d'une promise


Verlaine

Enfin, ma chère Éléonore,
Tu l' as connu ce péché si charmant
Que tu craignais, même en le désirant;
En le goûtant, tu le craignais encore.
Eh bien, dis-moi; qu' a-t-il donc d' effrayant?
Que laisse-t-il après lui dans ton âme?
Un léger trouble, un tendre souvenir,
L'étonnement de sa nouvelle flamme,
Un doux regret, et surtout un désir.

Evariste de Parny

 Nombril, je t’aime, astre du ventre,  

Œil blanc dans le marbre sculpté,  

Et que l’amour a mis au centre  

Du sanctuaire où seul il entre,  

Comme un cachet de volupté.

  

T. Gautier

Jeanne dont les yeux m'ont vaincu

Cesse de rougir et de craindre :

Le feu d'amour brûle ton cul

 Et mon vit a de quoi l'éteindre.

 

Il faut donner dans le plaisir

Tu n'auras que trop de loisir

De faire la prude et la chaste...

 

Maynard (Les Priapées)

 

Mon très cher petit Lou je t’aime
Ma chère petite étoile palpitante je t’aime
Corps délicieusement élastique je t’aime
Vulve qui serre comme un casse-noisette je t’aime
Sein gauche si rose et si insolent je t’aime
Sein droit si tendrement rosé je t’aime...
Fesses exquisément agiles qui se rejettent bien en arrière je vous aime
Nombril semblable à une lune creuse et sombre je t’aime
Toison claire comme une forêt en hiver je t’aime
Aisselles duvetées comme un cygne naissant je vous aime
Chute des épaules adorablement pure je t’aime...
Pieds savants pieds qui se raidissent je vous aime
Reins chevaucheurs reins puissants je vous aime
Taille qui n’a jamais connu le corset taille souple je t’aime
Dos merveilleusement fait et qui s’est courbé pour moi je t’aime
Bouche ô mes délices ô mon nectar je t’aime
Regard unique regard-étoile je t’aime
Mains dont j’adore les mouvements je vous aime
Nez singulièrement aristocratique je t’aime
Démarche onduleuse et dansante je t’aime
O petit Lou je t’aime je t’aime je t’aime

Apollinaire

 

Je t'adore mon Lou et par moi tout t'adore...
Et je te vois partout toi si belle et si tendre
Les clous de mes souliers brillent comme tes yeux
La vulve des juments est rose comme la tienne
Et nos armes graissées c'est comme quand tu me veux
O douceur de ma vie c'est comme quand tu m'aimes...
Je songe au goût de ta chair et je songe à tes hanches...

Apollinaire

Voilà de quoi est fait le chant symphonique de l'amour qui bruit dans la
conque de Vénus
Il y a le chant de l'amour de jadis
Le bruit des baisers éperdus des amants illustres
Les cris d'amour des mortelles violées par les dieux
Les virilités des héros fabuleux érigés comme des cierges vont et viennent
comme une rumeur obscène...
Le tonnerre des artilleries où la forme obscène des canons accomplit le
terrible amour des peuples
Les vagues de la mer où naît la vie et la beauté...
Il y a le cri des Sabines au moment de l'enlèvement
Le chant nuptial de la Sulamite
Je suis belle mais noire
Et le hurlement de Jason
Quand il trouva la toison
Et le mortel chant du cygne quand son duvet se pressait entre les cuisses
bleuâtres de Léda
Il y a le chant de tout l'amour du monde
Il y a entre tes cuisses adorées Madeleine
La rumeur de tout l'amour comme le chant sacré de la mer bruit tout entier
dans le coquillage

Guillaume Apollinaire

 

Frere Thibault, sejourné gros et gras,
Tiroit de nuict une garce en chemise.
Par le treillis de sa chambre les bras
Elle passa, puis la teste y a mise,
Et puis le seing, mais elle fut bien prise,
Car le fessier y passer ne put onc :
"Par la mort bieu, (ce dit le moyne adonc),
Il ne m'en chault de bras, tetin ne teste.
Passez le cul, ou vous retirez donc,
Je ne sçauroys sans luy vous faire feste.

Clément Marot

 

Malhon Blaine

 

Anne qui se mélange au drap pâle et délaisse
Des cheveux endormis sur ses yeux mal ouverts
Mire ses bras lointains tournés avec mollesse
Sur la peau sans couleur du ventre découvert.


Elle vide, elle enfle d'ombre sa gorge lente,
Et comme un souvenir pressant ses propres chairs,
Une bouche brisée et pleine d'eau brûlante
Roule le goût immense et le reflet des mers.


Enfin désemparée et libre d'être fraîche,
La dormeuse déserte aux touffes de couleur
Flotte sur son lit blême, et d'une lèvre sèche,
Tette dans la ténèbres un souffle amer de fleur.


Et sur le linge où l'aube insensible se plisse,
Tombe, d'un bras de glace effleuré de carmin,
Toute une main défaite et perdant le délice
À travers ses doigts nus dénoués de l'humain.

Paul Valéry

Parfois, quand j'aperçois mon flamboyant visage,
Lorsqu'il vient d'échapper à ta bouche et tes doigts,
Je ne reconnais pas cette exultante image,
Et je contemple avec un déférent effroi
Cette beauté que je te dois !

Anna De Noailles

Musulmanes

Vous cachez vos cheveux
 la toison impudique,
Vous cachez vos sourcils, ces moustaches des yeux,
Et vous cachez vos yeux, ces globes soucieux,
Miroirs plein d’ombre où reste une image sadique ;
 
L’oreille ourlée ainsi qu’un gouffre, la mimique
Des lèvres, leur blessure écarlate, les creux
De la joue, et la langue au bout rose et joyeux,
Vous les cachez, et vous cachez le nez unique !
 
Votre voile vous garde ainsi qu’une maison
Et la maison vous garde ainsi qu’une prison ;
Je vous comprends : l’Amour aime une immense scène.
 
Frère, n’est-ce pas là la femme que tu veux :
Complètement pudique, absolument obscène,
Des racines des pieds aux pointes des cheveux ?

Germain Nouveau

*



Je t'apporte un iris cueilli dans une eau sombre
Pour toi, nymphe des bois, par moi, nymphe de l'eau,
C'est l'iris des marais immobiles, roseau
Rigide, où triste, oscille une fleur lourde d'ombre.

Pierre Louys

 

En levrette


Il me plaît que ce soir, pour te faire un enfant,
Je te saillisse par-derrière et que tu prennes
À genoux la posture ignoble des chiennes
Sous mon ventre de Mâle obscène et triomphant.
 
La glace qui s’étend près des draps et m’obsède,
Réfléchira l’accouplement nu de nos corps
Et je me courberai sur ta croupe en dehors,
Comme Zeus amoureux, penché sur Ganymède.
 
Car tu seras, malgré tes longs cheveux de blé,
L’illusoire abandon d’un éphèbe enculé
Dont le rectum s’avive aux chaleurs de la verge
 
Et mes doigts, en pressant les poires de tes seins,
Évoqueront un androgyne aux yeux malsains
Jouissant avec des virulences
 

Pierre Louys
 

Vulve blonde


Bien qu’elle ait une peau très brune, et que son cul
Soit énorme, et que sa lourde mamelle tombe,
Elle épate en blason déchiré sur l’écu
Un grand con d’or triangulaire qui surplombe.
 
Dans les cuisses de chair reluisante, la fleur
Délicate, se creuse avec des airs de rose.
Une odeur de printemps et de grande chaleur
Y perle, avec la jouissance qui l’arrose.
 
Le soleil, dispersé par des reflets errants,
Circule, à travers les buissons exubérants
Qui mitrent de métal fragile le stigmate ;
 
Le clitoris attend les ongles adorés
Et sous l’ombre des doigts qui zèbre la chair mate
S’ouvre la rose blonde entre les poils dorés.

Pierre Louys

Conseils 

Mes petiotes, lorsque l'on soupe
En cabinet particulier,
Il faut souvent offrir sa croupe
Et travailler du trou culier.

Quand les pines vont à la pèche
Dans le canal que je vous dis,
Coiffez-les d'une peau de pêche
Autour de leurs glands rebondis.

Et puis graissez d'huile à salade
Le trou du cul récalcitrant
Pour faciliter l'enculade.
C'est quelquefois dur, en entrant.

Si votre amant n'est pas un âne,
Il vous emplira le vagin
D'une souple et forte banane,
Symétrique à son propre engin.

Ainsi donc, la pine au derrière,
La banane aux cons mal poilus,
Vous entrerez dans la carrière
Quand mes nénés n'y seront plus.

 

Pierre Louys
 

Soirée musicale

Ecoutez ! voici le programme :
Chaque danseur ou cavalier
Commence par foutre sa dame
En cabinet particulier.

Là, chacun peut donner carrière
A son esprit judicieux.
De con, de bouche et de derrière,
Les dames sont à vous, messieurs.

Mais on y fait défense expresse
D'éjaculer. Ce premier coup
Vous présente à votre maîtresse,
La renseigne sur votre goût,

Et rien deplus. Que chacun rentre,
Les cavaliers la pine à l'air,
Et les damesl'amour au ventre.
Vous avez bien compris ? c'est clair ?

Puis, chacun se met en posture
Et, dès qu'avec fougue et chaleur
L'orchestre attaque l'ouverture,
Les dames font boucher la leur.

Pierre Louys

Aubade

Continuez votre prière,
Miss, j'écarte vos longs cheveux
Simplement parce que je veux
Vous mettre un vit dans le derrière.

Mais que ceci ne trouble en rien
Votre extase d'agenouillée.
Ma pine est prudemment mouillée
Elle pénétrera très bien.

Je passais par là. Vous étiez nue,
La croupe ouverte et priant Dieu
Votre anus brillait au milieu
De cette brune ampleur charnue.

Or il manquait à vos appas,
Si vous permettez que j'opine
Il ne manquait rien qu'une pine
Je l'y mets ! Ne vous troublez pas.

Lorsqu'une fille a l'esprit large
Et le trou du derrière étroit
Tout en priant elle a le droit
D'ignorer que son cul décharge.

Pierre Louys
 

Paqua

Avez-vous vu dans Barcelone
Paqua, la ceinture en carcan,
Bomber sa croupe qui ballonne
Et s'ouvre en sillon d'astrakan ?

Savez-vous comment d'une oeillade
Désignant ses reins barbelus,
Elle convie à l'enculade
Les amoureux irrésolus ?

Comment, debout, elle se cambre,
Recourbe son torse accoudé,
Pousse et gonfle au-devant du membre
Son derrière obscène et fardé ?

Cet illustre cul, lourde sphère,
Se partage alors comme un fruit.
Il va falloir le satisfaire
D'heure en heure et toute la nuit.

Lentement l'anus se déplisse,
S'épanouit en fleurissant.
Ses lèvres couleur de réglisse
Cernent des chairs couleur de sang

Pierre Louys
 
Après qu'elle l'eut travaillé dans la racine de bruyère, il avait des velléités de soudard et sans être de la brioche infernale, il avait furieusement envie de lui tarauder la bagouze. Elle, bonne fille, se laissa vadrouiller dans le gros colon.

Michel Q.

"Baise-moi d'un baiser de ta bouche".

Cantique des cantiques


Passé le genou où la main se creuse
comme une semence qui germe
en soulevant un peu la terre,
je vais vers ton ventre comme vers une ruche endormie.

Plus haut ta peau est si claire
que les jambes en sont nues pour tout le corps
et mon regard s'y s'use
comme au plus tranchant d'un éclat de soleil.

Au-delà il y a ta lingerie qui sert à t'offrir
et à colorer mon désir.
Tes cuisses, lisibles de toute leur soie, se desserrent
et je vois la ligne de partage de ta chair.

Géants de la sensation,
mes doigts vont se fermer
sur le seul point du monde
où se carbonisent des hauteurs entières de jour.

Et c'est enfin la pleine rivière
que je remonte sans effort,
parce que tes seins s'y élèvent

comme deux cailloux à fleur d'eau...
Il me suffit de quelques gestes pour retrouver,
enfouie sous ta peau, la plante nue que tu es
et, vacillant de tout le soleil conquis par les ruisseaux,
tu entres dans la nuit avec le jour devant toi.

Je n'ai qu'à toucher la pointe de tes seins
pour que soient soudain rompues les mille écluses
qui retiennent entre nous un poids d'eau égal à 
celui de la mer,
pour que toutes les lumières s'allument en nous.

Et quand dans la clarté du drap,
tu n'es plus qu'un éventail de chair,
j'ai hâte de le faire se refermer sur mon corps
par une caresse que je jette en toi comme 
une pierre.

Lucien Becker


 

l a veu (vu)
Guignant à travers le feu
De sa Robine recoursée ( retroussé)
La grosse motte retroussée
Et son petit cas barbelu 
D'un jaune ornement crespelu
Dont le fond semblait une rose
Non encore àn demie déclose 
Robine aussi, d'une autre part
De Jacquet guignoit le Tribart 
Qui lui pendait entre les jambes...
Je m'interromps, car ici, nos tourtereaux dissertent 

Robine présente sa demande:

"Je te prie Jacquet, jauche moi 
Et met le grand pieu que je vois
Dedans le rond de ma fossette
Le gaillard ne se fait pas prier:

"Et le bon Jacquet qui l'embroche
fis trépigner tous les Sylvains 
Du dru maniement de ses reins
Morale de l'histoire: incitation à la débauche.

Pierre De Ronsard

 



POST COÏTUM

Moment de tous les possibles.
Encore au centre du Ciel,
Mon corps palpite avec la Terre.
Noir et blanc non encore séparés.

Moment de silence, d’immobilité.
Absence. Je suis vide. Silence.
Seul, à peine, ton cœur
Contre mon cœur. A l’extérieur.

Moment d’intense blancheur.
Je regarde et je ne vois rien,
J’écoute et je n’entends rien,
Je palpe et je ne retiens rien.

Moment d’avant l’ébranlement du monde.
Retour au ni lieu ni temps.
Infinitude de la vacuité,
Au delà du désir accompli, transcendé.

Moment d’harmonieuse totalité.
Toi, moi, un seul, indistinct, confus.
Dans le mystère insondable et sans nom.
Contemplation de la merveille des merveilles.

Post coïtum, non tristus.

F. D'Alayrac

Phantasmes

Délit ma belle
Avec ton corps
Avant l’appel
Du lit de mort

Je sais mon sort
Même sans crime
Pas de remord
Ni de victime

Juste une entorse
Aux platitudes
Passage en force
Et turpitudes

Tu n’en veux pas
Mais tu demandes
Parle plus bas
Que je t'entende

Abandonnant
La chair trop pure
Pour des élans
Contre-nature

Ne dis pas non
Je te devine
Ange et démon
je te domine

Tu voulais tout
Mais dans tes rêves
Allons au bout
Que je t’achève

Tu l’as osé
Dans tes fantasmes
Mourir brisée
Et dans un spasme

Tout est fini
Tu te retournes
Tu me souris
Et tu me damnes

A. Cayrel



 

 

 

LA SOIF DE VIVRE

Tu me dis que tu vieillis,
Que ton corps s’alourdit,
Que le temps passe et t’engourdit.
Et pourtant...

Je te désire, nue
De mes rêves de printemps,
Dans ta chair - humus d’automne
Fatiguée par trop de sèves d’été.

Et qu’importe l’hiver où se glace,
Je le sais, le vent fou du désir!
Il est toujours accroché à tes seins
La chaleur rassurante de la demi ivresse.

Sous tes aisselles, ce même parfum de toi.
A fleur de lèvres, cette salive
D’orange amère et de menthe poivrée
Dont, généreusement, tu m’inondes.

Il est encore, entre tes cuisses,
La moiteur odorante de sous bois
Quand, sous ma langue énervée,
Y sourd comme un vin épais et liquoreux.
Un vin chargé d’épices et de promesses
De chairs ouvertes sur le désir,
De chairs gonflées par le plaisir.
Et ce cri, ce cri...

Ce cri, le même,
Chaque fois. Ton cri,
Au fond du ventre contenu
Qui vibre sous ma main.

Laisse passer le temps humain.
Laisse couler la Vie. C’est ainsi.
Demain est un autre jour.
Seul, aujourd’hui existe.

Alors, la soif de vivre. Et pour longtemps

F. D'Alayrac



*

Mollets galbés
Cuisses dorées
Slip envolé
(Oh! Comme je le voudrais!)
Mini-jupe au ras des fossettes
Le fruit de ses gambades
Dans ses bras
je l'imagine
Quand elle se donna
Cuisses écartées
Sexe mâle planté
Dans sa toison mouillée
Je l'imagine
Alanguie
Impudique
Moite et offerte
Dans les draps froissés
Et puis...
Faisant ses courses
la mini-jupe au ras des fossettes
Et tant de regards se posant sur ses hanches
Rêvant de fente 
De gambade et de ventre rond !

?

*


mignonne   allons  voir  si  la  rose
si   ta  rose  est  close  ou  éclose
si   tes  ruses  de  conne  au  fond
ne  mènent  tout  droit  à  ton con
allons donc  voir  si t'as  bon fond
allons bon c'est qu'il bande le con
mignonne  allons  voir  s'il  arrose

jbt

O lèvres, versez-moi les divines salives

La volupté du sang, la vapeur des gencives

Et les frémissements enflammés du baiser.

O fleurs troublantes, fleurs mystiques, fleurs divines

Balancez vers mon cœur sans jamais l'apaiser

L'encens mystérieux des senteurs féminines.

 

...Ô fleurs troublantes, fleurs mystiques, fleurs divines
Balancez vers mon cœur sans jamais l'apaiser
L'encens mystérieux des senteurs féminines
*
Ouvre pour moi ta bouche, espoir intarissable...

Pierre Louys

Des reins d’ivoire et des fesses de marbre,  

Une Charrière à mobiles ressorts,  

Qui, sans quartier, m’attaquent corps à corps, 

S’unit à moi comme le lierre à l’arbre,  

Qui, secondant mes amoureux efforts,  

Aux coups de cul répond avec adresse,  

Serre mon vit, forge les voluptés,  

Et me prodigue une adorable ivresse, 

Voilà mes lois et mes divinités.  

 

Senac de Meilhan (1775)

LE DÉSIR

Ah!
qu'il pleuve
           pleuve
sur son maillot
collant!

que les formes
surgissent
du fond de l'océan!

hélas
hélas
désespérément bleu
le ciel m'en veut

ah!
moins qu'elle n'oublie
sous cette chaleur
torride
(Phébus
chasse-nous
ces cumulo-nimbus!)
son sculptural maillot
vieillot...

que ses courbes
nues
nûment
se lovent
     au fin fond de mes yeux!     

qu'il rayonne ou
           pleuve
mais qu'elle s'offre
comme une pêche mûre

car j'adore
les fruits
que l'on déguste
les yeux écarquillés
avec sur les papilles
ô filles
un avant-goût
d'éternité

José Chanly

 LE VASE DE SOISSONS     

Comme le vieux
cerisier
planté par les aïeuls
mon corps
bourgeonne encore
Daigne donc tel
un soleil
le réchauffer
de tes mains
mon amour

car ce dieu
(mais le fut-il
jamais
à tes yeux?)
sera
sous le poids
des ans
source de soucis
et de métamorphoses
séniles

Il va courber
la tête et l'échine
et le sexe
tel un ex-fier
Sicambre
Daigne donc
caresser ce corps
qui bourgeonne
encore
un tant soit peu
mon amour

car l'irascible
Clovis
a comme jadis
     fourbi sa francisque     

José Chanly

 

Recul dans la canicule...

Accepterez-vous

dans la canicule

ce chaud rendez-vous

qui toujours recule

 

J’espère avec vous

tout remettre à plat

plus de gard’à vous

ni de halte-là

 

En petit’ tenue

nous verrons ensemble

ces détails menus

mais qui nous assemblent

 

Qu’elle soit dressée

ou horizontale

je veux vous laisser

mon empreinte mâle

 

Vous pourrez alors

dans la canicule

méditer le sort

de ceux qui reculent

Kayreland

 

 


 ***

 

 

 

 

Homme et femme emmêlés

Ne font plus qu’une

Un seul sera immolé

En douceur et sans rancune

Mais sans pitié pour sa dureté

Et l’ablation

Tout dans les lèvres et le doigté

Sans immixtions
Omnipotente 
En présidente

Pour la victoire imminente

Ébouriffée ébouriffante

Des doulces fentes

 

 

André Cayrel

 

 

 

 

 


Merci pour tes seins
Et pour tous les autres
Et pour toutes celles 

Qui les portent

 

Gonflées dans nos mains

Ils donnent l’alarme

Branle-bas soudain

Sous le charme 

 

S’il est un coussin

Qui m’inspire

Trahit vos desseins

Même les pires

 

C’est bien vos deux seins

Qui nous frôlent

Ne leur manque rien

Qu’ la parole


*
S’ils pouvaient parler

Ces seins 

Dirent leurs envies 

De mains

D’être caressés

Enfin

 

Jaillir dans la nuit

Soudain

D’une robe de

Satin

Éblouissants ses

Voisins

 

Mais leurs pointes de

Dédain

Ne vont pas narguer

En vain

La cohorte des 

Coquins

 

Car la chute n’est

Pas loin

Profitez de leur

Maintien

Laissez-vous reprendre

En mains

 

Sans plus attendre

Demain

Donnez votre corps

Afin

Qu’il n’y ait plus de morts

…D’amour

Kayreland


Quand je mets mon doigt sur tes lèvres

Tes grandes lèvres évidemment

Je vois en toi monter la fièvre

Et la rougeur de ton piment

Tout un parfum plein de verdeur

Aux accents plus que maritimes 

S’épanouit dans cette fleur

Au territoire si intime

Cueillons-là délicatement

Un seul bouton fera l’affaire

Il faut le prendre doucement

Doigt de velours laisse toi faire


Tu ne dis rien juste un murmure
De ta bouche jaillit le vent
Et la liqueur de ta fracture
C’est l’instant le plus émouvant

André Cayrel


Egon Schiele


La jeune vierge

Sur le chemin

Rêve d’un cierge

Entre ses mains

 

Ca la picote

Sur le devant

Dans la culotte

C’est énervant

 

Faut qu’elle frotte

Pour la calmer

Sa douce motte

Tout enflammée

Anonyme.Dans l’ombre épaisse 

Très bien cachée

Pose ses fesses

Sur un rocher

 

Elle suçote

Un de ses cinq

Puis se tripote

Le bout des seins


Titille et pince

Ses blancs tétons

Le désir dresse

Ses deux boutons

 

Sa main triture

Un peu plus fort

Sous la ceinture

Son coffre-fort

 

Le slip qui moule

Ses longs poils blonds

Gonfle et ondule

Et fait des bonds

 

C’est un délice

Avec ses mains

Entre ses cuisses

Et sur ses seins

 

Puis triomphante

Et écartée

L’ humide fente

Est attaquée

 

Son orifice

Etant bouché

Quel sacrifice

D’y point entrer

Elle se venge

Sur le pistil

Le doigt de l’ange

Rentrera-t-il

 

Le point sensible 

Est vite atteint

C’est une cible

Qu’ell’ connaît bien

 

Elle se hérisse

Sous son doigt sort

Son clitoris

Comme un ressort

 

Le chaud liquide

De son plaisir

Coule et débride

Tout son désir

 

Serrant les cuisses 

Très fortement

Pour qu’elle puisse

Feindre l’amant

C’est la sirène

De l’Odyssée

Quand son haleine

Est cadencée

Ceux qui l’ouïssent

Dans son coma

Tout comme Ulysse

S’accrochent aux mats

Ses reins se cambrent

elle jouit

ses lèvres vibrent

elle dit oui

Elle délire

Des cris plaintifs

Elle délivre

Ses doigts captifs

 

Une fragrance

Très épicée

Désir intense

De tout sucer

 

Dans sa culotte

Qu’elle a ôtée

Y a toutes sortes

De voluptés

 

Elle est légère

Déculottée

Voit son derrière

En liberté

 

Ses fesses parlent

Sur le chemin

Elles appellent

Bien d’autres mains 

 

Folle amoureuse

Elle l’est bien

Et même heureuse

Mais de ses mains

 

Le soir la vierge

Ne l’était plus

Etait-ce un cierge

On ne sait plus

 

C’était l’histoire

De Manuela

N’allait pas croire 

Qu’elle finit là

Si tu désires

Être amant

Tu dois séduire

Manuellement


André Cayrel


*

 

Je l’imagine tout mouillé

Le bouton que tu fais reluire

Quand je t’entends dire ça y est

Je vois déjà ton doux sourire

Tu es toute émoustitillée

Il va falloir s’attendre au pire

Kayreland



Tu m’invites à plonger dans tes tendres abysses
Je m’enivre d’odeur de sel et d’océan
J’emprunte le sentier qui passe entre tes cuisses
Et  me perds dans le noir de tes  frisottements

Avant de mélanger nos chairs nos sécrétions
Nous ne passerons pas par l’église sans âme
Nous irons saintement vivre notre passion
Pour que coulent toujours nos sexes et nos larmes

Pas de croix ni d’autel mais juste un grand lit blanc
Et un cierge enflammé dressé comme nous fûmes
Un calice brillant tout de nacre et de sang
Et la vague léchant sans faire jaillir l’écume

J' engloutirai en toi ma raideur et mes maux
Au creux de ton palais je laisserai ma trace
Celui de l’Atlantide n’était pas aussi beau
Je ne veux plus jamais retrouver la surface

A.C.


*


Pseudo femme

Chère muse internaute

Nous avons imaginé

Ce fut peut-être une faute

De pouvoir nous incarner

Jadis on pouvait se dire

Des vers sans jamais fauté

On aboutissait au pire

Aux ceintures de chasteté

Aujourd’hui tout se mélange

Un écran traduit la vie

La femme en pseudo se change

Mais pourtant la même envie

Quand j’écris je la découvre

Elle se dénude ainsi

Je perçois sa peau qui prouve

Qu’elle est bien humaine aussi 

A force de tant surfer

Je te trouve si légère

A force de tant parler

Je te recrée tout entière

Tant de rêves passent ailleurs

Même heureux on imagine

Q’un autre monde est meilleur

Si loin de notre routine

Nous ne l’atteindrons jamais

Ou si tard qu’il faut bien vivre

Pour l’instant il faut aimer

Il y a tant de routes à suivre

Comme les amours humains

Donnes-tu autant de fièvre

J’ôte du clavier ta main

Pour la porter à mes lèvres

A.Cayrel


*


Ma Mélanie 

A des manies

Souvent au lit

Quand elle lit

Je vois sa mine

Qui s’illumine

C’est sa mimine

Qui la câline

Elle coulisse 

Entre ses cuisses

De là s’immisce 

Dans l’interstice 

Et se lutine

Ah la coquine

A la racine.

Qu’elle est mutine !

Ça la titille

Ça m’émoustille

Sa jambe lisse

Vers moi se hisse, 

Mon appendice

Qui se hérisse

Est un indice

De ces prémisses

Que je devine.

Fente divine

Mi-brigandine

Mi-guillotine

Je m’habilite

Tant ça palpite

Grand sybarite

Bernard l’ermite

Pour une nuit.

Alors je suis

Son cucurbite

Telle une truite

Hermaphrodite

Plongeant j’agite

Mon mégalithe

Ce feu suscite

De l’eau de vie

Sur nos pelvis

Une subite

Météorite

Soudain surgit

Tout s’élargit

Et s’obscurcit

Des cris aussi 

Sexes indivis 

Sens de la vie

Ont remercie

Puis rétrécit

Mais Mélanie

N’a pas fini

Son vis-à-vis

Veut un suivi

On sent le bis

Sur nos pubis…


A.C.


*


Le désir

Tant de vides tant d’espaces

Tant de coquilles à ouvrir

Pouvoir laisser une trace

Tout au fond un souvenir


Il se peut que mon passage

Disparaisse après la nuit

Animal devenu sage

Retournant dans son ennui


Ne conservant sur la langue

Que le poivre et le piment

Une odeur d’algues et de mangues

Et un poil entre les dents


Pas grand chose dans la tête

Mais au plus profond de soi

Une blessure secrète

Qui vient s’ouvrir chaque soir

André Cayrel




" - je vais voir en queue de train s'il y a des nouvelles têtes" dit Raphaëlle. 
- Ben moi je vais faire le contraire, répondit Elodie"


Je ne l'entendais pas, tant je la regardais

Par sa robe entr'ouverte, au loin je me perdais,

Devinant les dessous et brûlé d'ardeurs folles :

Elle se débattait, mais je trouvai ses lèvres !

Ce fut un baiser long comme une éternité

Qui tendit nos deux corps dans l'immobilité

Elle se renversa, râlant sous ma caresse ;

Sa poitrine oppressée et dure de tendresse

Haletait fortement avec de longs sanglots.

Sa joie était brûlante et ses yeux demi-clos ;

Et nos bouches, et nos sens, nos soupirs se mêlèrent

Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,

Un cri d'amour monta, si terrible et si fort

Que des oiseaux dans l'ombre effarés s'envolèrent

Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers

Un lien nous tenait, l'affinité des chairs.

 Maupassant

 


Aimons, foutons, ce sont plaisirs
Qu’il ne faut pas que l’on sépare;
La jouissance et les désirs
Sont ce que l’âme a de plus rare.
D’un vit, d’un con et de deux cœurs,
Naît un accord plein de douceurs,
Que les dévots blâment sans cause.
Amarillis, pensez-y bien :
Aimer sans foutre est peu de chose
Foutre sans aimer ce n’est rien.

La Fontaine

 

 Promettre est un, Tenir est un autre

Jean amoureux de la jeune Perette,
Ayant en vain auprès d'elle employé,
Soupirs, serments, doux jargon d'amourette,
Sans que jamais rien lui fût octroyé,
Pour la fléchir, s'avisa de lui dire,
En lui montrant de ses mains les dix doigts,
Qu'il lui pourrait prouver autant de fois,
Qu'en fait d'amour il était un grand sire.
De tels signaux parlent éloquemment,
Et pour toucher ont souvent plus de force,
Que soins, soupirs, et que tendres serments.
Perette aussi se prit à cette amorce.
Déjà ses regards sont plus doux mille fois,
Plus de fierté, l'amour a pris sa place.
Tout est changé jusqu'au son de sa voix.
On souffre jean, voir e même on l'agace,
On lui sourit, on le pince parfois,
Et le galant voyant l'heure venue,
L'heure aux amants tant seulement connue,
Ne perds point de temps, prend quelques menus droits,
Va plus avant, et si bien s'insinue,
Qu'il acquitta le premier de ses doigts,
Passe au second, au tiers, au quatrième,
Reprend haleine, et fournit le cinquième.
Mais qui pourrait aller toujours de même !
Plus moi hélas ; quoique d'âge à cela,
Jean non plus, car il en resta là.
Perette donc en son conte trompée,
Si toutefois c'est tromper que ceci,
Car j'en connais maintes très haut huppée
Qui voudrait bien être trompée ainsi ;
Perette, dis-je, abusée en son conte,
Et ne pouvant rien de plus obtenir,
Se plaint à Jean, lui dit que c'est grand honte
D'avoir promis, et de ne pas tenir.
Mais à cela notre trompeur Apôtre,
De son travail suffisamment content,
Sans s'émouvoir répond en la quittant,
Promettre est un et tenir est un autre.
Avec le temps je m'acquitterais des dix,
En attendant, Perette, adieu je vous dis.

La Fontaine

 

Bordel des muses

Courtisans de Priape et du Père Bacchus,
Vigoureux officiers de nocturnes patrouilles,
Vénérables fouteurs d’inépuisable couilles, 
Experts dépuceleurs, artisans de cocus.
Et vous garces à chienne, croupions invaincus,
Quoi de nos braquemarts vous faites des quenouilles,
Dame du Putanisme, agréables gargouilles,
Vous, lâches empaleurs et chaussonneurs de crus.
Venez tous au bordel de ces Muses lubriques :
L’esprit qui prend plaisir au discours satyriques
Déchargera sans doute, entendant ces accords.
Ce livre fleurira sans redouter les flammes.
On souffle icy des lieux pour le plaisir des corps,
On en souffrira bien pour le plaisir des âmes.

 Claude Le Petit
 (Jeune avocat de 24 ans) fut brûlé en place de grève le 1er Septembre 1662 

L'affinité des chairs


Je ne l'entendais pas, tant je la regardais
Par sa robe entr'ouverte, au loin je me perdais,
Devinant les dessous et brûlé d'ardeurs folles :
Elle se débattait, mais je trouvai ses lèvres !
Ce fut un baiser long comme une éternité
Qui tendit nos deux corps dans l'immobilité
Elle se renversa, râlant sous ma caresse ;
Sa poitrine oppressée et dure de tendresse
Haletait fortement avec de longs sanglots.
Sa joie était brûlante et ses yeux demi-clos ;
Et nos bouches, et nos sens, nos soupirs se mêlèrent
Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,
Un cri d'amour monta, si terrible et si fort
Que des oiseaux dans l'ombre effarés s'envolèrent
Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers
Un lien nous tenait, l'affinité des chairs.

Guy de Maupassant  (1850 - 1893),

Les seins de Mnasidika

Avec soin, elle ouvrit d'une main sa tunique
et me tendit ses seins tièdes et doux,
ainsi qu'on offre à la déesse
une paire de tourterelles vivantes.

'Aime-les bien', me dit-elle; 'je les aime tant!
Ce sont des chéris, des petits enfants.
Je m'occupe d'eux quand je suis seule.
Je joue avec eux; je leur fais plaisir.

Je les lave avec du lait. Je les poudre
avec des fleurs. Mes cheveux fins qui les
essuient sont chers à leurs petits bouts.
Je les caresse en frissonnant.
Je les couche dans de la laine.

Puisque je n'aurai jamais d'enfants,
sois leur nourrisson, mon amour; et,
puisqu'ils sont si loin de ma bouche,
donne-leur des baisers de ma part.

Pierre louys

Femme avec laquelle j'ai vécu
Femme avec laquelle je vis
Femme avec laquelle je vivrai
Toujours la même
Il te faut un manteau rouge
Des gants rouges un masque rouge
Et des bas noirs
Des raisons des preuves
De te voir toute nue
Nudité pure ô  parure parée

Seins ô mon coeur


Paul Eluard








Usée

Usée elle comme un vieux sou
Que pour porter bonheur l'on troue
Pour distinguer face de pile
Il convient de n'être pas soûl

Pile, fesses endolories
Par le dur pilon des amants
Face, avers d'un envers charmant
Qui semble buisson ou praire,

Dans un êève où tu figurais
Entre une ruche d'écolières
Aux cheveux en nattes tressés.
La châtaine ainsi que la brune

Non contentes d'une bougie
Cherchaient à prendre en leurs filets
Un lycéen couleur de lune
Qui enseignerait à chacune

L'art d'agacer le chat perché
Dans la niche où il s'est caché.

Raymond Radiguet


Triolets fantaisistes

Sidonie a plus d'un amant,
C'est une chose bien connue
Qu'elle avoue, elle, fièrement.
Sidonie a plus d'un amant
Parce que, pour elle, être nue
Est son plus charmant vêtement.
C'est une chose bien connue,
Sidonie a plus d'un amant.

Elle en prend à ses cheveux blonds
Comme, à sa toile, l'araignée
Prend les mouches et les frelons.
Elle en prend à ses cheveux blonds.
Vers sa prunelle ensoleillée
Ils volent, pauvres papillons.
Comme, à sa toile, l'araignée
Elle en prend à ses cheveux blonds.

Elle en attrape avec les dents
Quand le rire entr'ouvre sa bouche
Et dévore les imprudents.
Elle en attrape avec les dents.
Sa bouche, quand elle se couche,
Reste rose et ses dents dedans.
Quand le rire entr'ouvre sa bouche
Elle en attrape avec les dents.

Elle les mène par le nez,
Comme fait, dit-on, le crotale
Des oiseaux qu'il a fascinés.
Elle les mène par le nez.
Quand dans une moue elle étale
Sa langue à leurs yeux étonnés,
Comme fait, dit-on, le crotale
Elle les mène par le nez.

Sidonie a plus d'un amant,
Qu'on le lui reproche ou l'en loue
Elle s'en moque également.
Sidonie a plus d'un amant.
Aussi, jusqu'à ce qu'on la cloue
Au sapin de l'enterrement,
Qu'on le lui reproche ou l'en loue,
Sidoine aura plus d'un amant.

Charles Cros

O femme!


...Pendant que je me tords sur mon axe viril
Comme Saint Laurent  sur son gril :
- O femme! Qui dira la foule involontaire
Des pucelles qu'on fait moisir?
Qui dira les doigts blancs dont l'effort solitaire
Gratte l'écorce du plaisir?

Clitoris sans amour des vierges par devoir,
Muqueuses en rut, coeurs en peine,
C'est pour vous que j'agite et que je fais pleuvoir
Ce qui vous manque et qui me gêne.
...Car j'ai votre idéal, si vous avez le mien!
Venez. Prenez : c'est votre bien...

... J'ai la liqueur et vous le vase...
Vous tendez votre coupe à mes deux échanssons.
Moi généreux et vous avide :
Fête longue et vins chauds! A nos santés versons
Mon trop plein dans votre trop vide !

*
Rythme bien ton ardente caresse
Au gré de mon balancements,
O mon âme... Lentement,
Prolongeons l'instant d'ivresse.

Là... Vite! Plus longtemps !
Je fonds ! Attends,
Oui, je t'adore...
Va ! va ! va !
Encore.
Ha !


Sire de Chambley

 

 

MYSTICIS UMBRACULIS


Elle dormait : son doigt tremblait, sans améthyste
Et nu, sous sa chemise, après un soupir triste
Il s'arrêta, levant au nombril la batiste.


Et son ventre sembla de la neige où serait,
Cependant qu'un rayon redore la forêt,
Tombé du nid moussu d'un gai chardonneret.

Mallarmé
L'actrice qu'on vint à choisir
Pour le beau rôle d'Andromède
Passait pour prendre son plaisir
Par où l'on prend plutôt remède.


C'est pourquoi l'on dit que, rêvant
De nous fournir double carrière,
Elle est Andromède en avant
Et "Persée" aussi par-derrière.

Pierre Louÿs


Egon Schiele


Les seins de la veuve 
Superbement blancs
Soulignent le noir
Ostensiblement

O seins dissimulés
Des veuves esseulées
O seins désespérés
Ensemble dressés

Pour sortir de la nuit
Censurés frémissants
Ils souhaitent en secret 
Toucher un remplaçant

Seront-ils resucés
Par le ressuscité
Ou sur sable au soleil
Par un simple immortel

Kayreland


Je mets mon vit contre ta joue
le bout frôle ton oreille
lèche mes bourses lentements
ta langue est douce comme l'eau

ta langue est crue comme une bouchère
elle est rouge comme un gigot
sa pointe est un coucou criant
mon vit sanglote de salive

ton derrière est ma déesse
il s'ouvre comme ta bouche
je l'adore comme le ciel
je le vénère comme un feu

je bois dans ta déchirure
j'étale tes jambes nues
je les ouvre comme un livre
où je lis ce qui me tue.

Georges Bataille

Passé le genou où la main se creuse
comme une semence qui germe
en soulevant un peu la terre,
je vais vers ton ventre comme vers une ruche endormie.

Plus haut ta peau est si claire
que les jambes en sont nues pour tout le corps
et mon regard s'y s'use
comme au plus tranchant d'un éclat de soleil.

Au-delà il y a ta lingerie qui sert à t'offrir
et à colorer mon désir.
Tes cuisses, lisibles de toute leur soie, se desserrent
et je vois la ligne de partage de ta chair.

Géants de la sensation,
mes doigts vont se fermer
sur le seul point du monde
où se carbonisent des hauteurs entières de jour.

Et c'est enfin la pleine rivière
que je remonte sans effort,
parce que tes seins s'y élèvent

comme deux cailloux à fleur d'eau...
Il me suffit de quelques gestes pour retrouver,
enfouie sous ta peau, la plante nue que tu es
et, vacillant de tout le soleil conquis par les ruisseaux,
tu entres dans la nuit avec le jour devant toi.

Je n'ai qu'à toucher la pointe de tes seins
pour que soient soudain rompues les mille écluses
qui retiennent entre nous un poids d'eau égal à 
celui de la mer,
pour que toutes les lumières s'allument en nous.

Et quand dans la clarté du drap,
tu n'es plus qu'un éventail de chair,
j'ai hâte de le faire se refermer sur mon corps
par une caresse que je jette en toi comme 
une pierre.

Lucien Becker






 


mignonne   allons  voir  si  la  rose
si   ta  rose  est  close  ou  éclose
si   tes  ruses  de  conne  au  fond
ne  mènent  tout  droit  à  ton con
allons donc  voir  si t'as  bon fond
allons bon c'est qu'il bande le con
mignonne  allons  voir  s'il  arrose

jbt


Mollets galbés
Cuisses dorées
Slip envolé
(Oh! Comme je le voudrais!)
Mini-jupe au ras des fossettes
Le fruit de ses gambades
Dans ses bras
je l'imagine
Quand elle se donna
Cuisses écartées
Sexe mâle planté
Dans sa toison mouillée
Je l'imagine
Alanguie
Impudique
Moite et offerte
Dans les draps froissés
Et puis...
Faisant ses courses
la mini-jupe au ras des fossettes
Et tant de regards se posant sur ses hanches
Rêvant de fente 
De gambade et de ventre rond !

?

 

l a veu (vu)
Guignant à travers le feu
De sa Robine recoursée ( retroussé)
La grosse motte retroussée
Et son petit cas barbelu 
D'un jaune ornement crespelu
Dont le fond semblait une rose
Non encore àn demie déclose 
Robine aussi, d'une autre part
De Jacquet guignoit le Tribart 
Qui lui pendait entre les jambes...
Je m'interromps, car ici, nos tourtereaux dissertent 

Robine présente sa demande:

"Je te prie Jacquet, jauche moi 
Et met le grand pieu que je vois
Dedans le rond de ma fossette
Le gaillard ne se fait pas prier:

"Et le bon Jacquet qui l'embroche
fis trépigner tous les Sylvains 
Du dru maniement de ses reins
Morale de l'histoire: incitation à la débauche.

Pierre De Ronsard

O lèvres, versez-moi les divines salives

La volupté du sang, la vapeur des gencives

Et les frémissements enflammés du baiser.

O fleurs troublantes, fleurs mystiques, fleurs divines

Balancez vers mon cœur sans jamais l'apaiser

L'encens mystérieux des senteurs féminines.

 

...Ô fleurs troublantes, fleurs mystiques, fleurs divines
Balancez vers mon cœur sans jamais l'apaiser
L'encens mystérieux des senteurs féminines
*
Ouvre pour moi ta bouche, espoir intarissable...

Pierre Louys

Des reins d’ivoire et des fesses de marbre,  

Une Charrière à mobiles ressorts,  

Qui, sans quartier, m’attaquent corps à corps, 

S’unit à moi comme le lierre à l’arbre,  

Qui, secondant mes amoureux efforts,  

Aux coups de cul répond avec adresse,  

Serre mon vit, forge les voluptés,  

Et me prodigue une adorable ivresse, 

Voilà mes lois et mes divinités.  

 

Senac de Meilhan (1775)

Ah! Je meurs! Ah! Baise-moy!
Ah! Maistresse, approche-toy!
Tu fuis comme un fan qui tremble:
Au moins souffre que ma main
S'esbate un peu dans ton sein,
Ou plus bas, si bon te semble

Ronsard

 

 

Dans le lit plein ton corps se simplifie
Sexe liquide univers de liqueur
Liant des flots qui sont autant de corps
Entiers complets de la nuque aux talons
Grappe sans peau grappe-mère en travail
Grappe servile et luisante de sang
Entre les seins les cuisses et les fesses
Régentant l'ombre et creusant la chaleur
Lèvre étendue à l'horizon du lit
Sans une éponge pour happer la nuit
Et sans sommeil pour imiter la mort.

Paul Eluard

Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,

Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, - heureux comme avec une femme.


(Sensation avec moustaches!)


Les filles de Loth

Le vieux Loth ronflait au fond de sa caverne ;
Assises à côté d'une pâle lanterne,
Ses deux filles en pleurs se rappelaient tout bas
Les plaisirs de Sodome et ne s'endormaient pas.
L'aînée avait vingt ans, une figure altière,
L'œil bleu et des cheveux rejetés en arrière,
Des trésors sous sa robe et des doigts exercés...
La plus jeune était blonde, avait seize ans passés,
Des fruits s'arrondissaient sur sa blanche poitrine
Et son poil frissonnait où l'esprit le devine ;
Les yeux pleins de langueur et de timidité
Cachaient sous leurs cils d'or l'ardente volupté.
Vierges ! Comprenez que deux filles à cet âge
N'ont pas quitté Sodome avec leur pucelage.
Elles avaient goûté le breuvage amoureux,
Et leur soif insatiable avait fait des heureux,
Jusqu'au jour redouté du divin châtiment,
Leur vie entière fut détruite en un moment,
Tous les hommes perdus, car il n'en restait pas
Qui pussent désormais jouir de leurs appas !
D'où viendra la rosée à leur bouche altérée ? ...
"Ne pleure pas ma sœur, ma sœur, que ton âme éplorée
Retrouve quelque espoir. Tiens ! Déshabillons-nous,
J'ai trouvé pour jouir, un moyen simple et doux."
Ainsi parla l'aînée. Déboutonnant sa robe,
Elle montre à sa sœur, avec un double globe
Un ventre satiné qui se trouve en bas
Par un petit triangle couvert de poils ras,
Noirs comme de l'ébène, et doux comme de la soie,
Sarah sourit, s'approche et écarte avec joie
Les lèvres de la trousse, ainsi les vieux Hébreux
Nommaient l'endroit charmant qui les rendait heureux.
" Que faut-il faire Agass ? - Du bout de ton doigt rose,
Chatouille-moi - J'y suis, attends que je me pose
Pour que mon doux bouton s'érige sous ton doigt
Et que j'écarte les cuisses comme toi. "
Et sous leur main, servie d'une amoureuse ivresse,
La symphyse se gonfle et palpite et se dresse.
Enfin n'en pouvant plus et d'amour se pâmant,
Agass donne à sa sœur un doux baiser d'amant.
Mais celle-ci lui dit : " Faisons mieux, ma charmante
Remplaçons notre doigt à la place amusante
Par une langue agile ; et tu verras, ma sœur
Que nos attouchements auront plus de douceur.
Oui, sur ton petit ventre, attends que je me couche,
Ta bouche sur mes lèvres, ton poil dans ma bouche
Qu'une douce langue chatouille en l'excitant
Notre bouton de rose encore tout palpitant.
Que nos corps enlacés se tordent et se roulent,
Que le jus de l'amour sur nos cuisses s'écoule. "
Sitôt dit, sitôt fait, et bientôt ce doux jeu
Arrose leur trésor d'un liquide onctueux.
Mais ce sperme infécond ne rappelle les hommes
Que de manière vague. " Ah ! Sottes que nous sommes,
A quoi rêvons-nous donc quand on a ce qu'il nous faut :
Notre père est bien vieux, mais il est encore chaud.
Il peut bander encor quand les femmes sont belles,
Bien heureux qu'il n'ait pas affaire à des pucelles.
Mais il ne voudra pas, tant il est scrupuleux,
Nous donner la bouteille où jadis toutes deux
Avons puisé la vie,... où notre pauvre ère,
Allait remplir ses fleurs, teindre son cratère.
Tâchons de l'enivrer, il aime le bon vin,
Et s'il veut nous baiser, sauvons le genre humain... "
Chacune sur le chef portait un grand voile noir ;
Loth avec sa lanterne, a demandé, hagard :
" A qui sont ces tétons dont la blancheur rayonne ?
Ces globes opalins, dont la pointe frissonne ? "
Il jette sur Agass des regards polissons,
Ecoute en soupirant les charmeuses chansons
Qu'ensemble ont commencé ses filles toutes nues,
Il croit être à Sodome et, sur ses propres filles
Haletant de planter le bâton de famille,
Il s'élance soudain. Agass l'avait prévu.
Au ventre paternel, elle saisit tout nu
Le membre recherché par l'ensemble des femmes
S'aperçoit qu'il faut encore qu'elle l'enflamme,
Et, pour mieux en jouir, elle roule à la main
L'instrument qui doit féconder le genre humain.
" J'enfanterai, dit-elle, et pour être plus sûre
Adoptons pour jouir la meilleure posture. "
Elle tombe à genoux, découvre son cul blanc ;
Le vieux Loth inclinant la tête et s'approchant
Voit le cul : Oh ! Jeune Femme ! Oh ! ma toute belle",
Dit-il alors, jetant ses deux bras autour d'elle.
Agass, poussant le cul, accroît le mouvement
Car elle connaissait l'effet du frottement.
Elle se sent mouiller. Aucune jouissance
N'a pourtant assouvi sa brutale espérance.
Un soupir la saisit ; elle porte la main
Je ne sais où. " Tu n'es pas dans le bon chemin,
C'est à recommencer ", dit-elle à son vieux père.
Et l'ivrogne à nouveau recommence l'affaire ?
En craignant de manquer, il se laisse guider
A travers les replis qu'il devra féconder.
Agass tressaille. Enfin tout son beau corps frissonne ;
Les os ont craqué. Le père Loth s'en étonne
" Qu'as-tu donc ? Mon enfant : va donc que je jouisse !
Si je m'en suis douté, que le ciel m'engloutisse ! "
Dit le vieux Loth. Agass dit alors à sa sœur :
" Viens goûter à ton tour la divine liqueur. "
L'autre aussitôt s'approche et dans ses douces cuisses
Elle montre à son père un doux nid de délices.
Elle chatouille alors les couilles du taureau,
Prend l'arme tout à coup et la met au fourreau.
Entre ses blanches mains, saisit la vieille épée
Pour la faire entrer plus grosse et mieux trempée.
Enfin elle se pâme, laisse tomber ses bras,
Le sceptre paternel inondant ses appas.
" Gloire à Dieu " se dit-elle, " à présent j'ai conçu. "
Loth, en se réveillant n'avait rien vu, ni su.

Alfred De Musset

 

Tes cuisses 

    Je laisse celle de Jupiter où elle est, je préfère nettement les tiennes ; je les vois d'une fraîcheur plus apéritive. Et avant d'en sortir...

Être un âne boscolien et t'avoir pour cavalière, t'entendre penser comme l'a écrit Henri :"Je faisais corps avec l'âne, sa chaleur se glissait tout au long de mes cuisses et passait dans mes reins." Que ne donnerais-je pas pour t'offrir de telles sensations ! Quant à être bâté, il y longtemps que je me suis aperçu de mon infirmité. Mais la bête a fini par séduire la belle. Partant de là, tous les espoirs me sont permis. 

C'est fou comme les petites choses prennent parfois de l'importance. On s'en sert sans y prêter attention et, soudain on se rend compte de leur utilité pour d'autres usages. Ainsi, tes cuisses qui te servent essentiellement à marcher peuvent être autrement employées : à serrer le cou d'une adversaire vindicative ou d'un ami intime. Sais-tu que ces muscles les plus lourds du corps peuvent être d'une légèreté très hospitalière pour un plaisir commun ? Mais aussi, que la peau qui renferme la plus grosse masse de puissance physique aime particulièrement être caressée, surtout, sur sa face supérieure interne. Beaucoup de personnes aiment se perdre dans les bras de l'être aimé, leur laisse-t-on le choix de se noyer dans les cuisses de leurs dames, -ce serait une autre forme de nager dans le bonheur-.

Je bicherais que tu sois daine, mes bas instincts de chasseur de chair fraîche se réveilleraient enfin pour une quête plus probante car, une paire de cuissots est, je te l'avoue, une proie des plus belles, même s'il faut capturer l'animal tout entier. Je n'en serais que plus aise, n'étant pas adepte des demi-mesures. Et vu l'animal où tout est consommable...

C'est en pensant à des festins futurs que je te vois les agiter nerveusement sur ta chaise avec, sans doute en arrière-pensée, l'envie d'en lever une suffisamment haut, prolongée par la jambe et le pied, en un geste que la morale réprouve quant à la vue, mais qui permet de mieux faire admettre ladite morale.

jérôme Magron

Le baiser

Toute tiède encore du linge annulé
Tu fermes les yeux et tu bouges
Comme bouge un chant qui naît
Vaguement mais de partout

Odorante et savoureuse
Tu dépasse sans te perdre
Les frontières de ton corps
Tu as enjambé le temps
Te voici femme nouvelle
Révélée à l'infini.

Paul Eluard

Coucher avec elle
Pour le sommeil côte à côte
Pour les rêves parallèles

Coucher avec elle
Pour l'amour absolu
Pour le vice pour le vice
Pour les baisers de toute espèce

Coucher avec elle
Pour un naufrage ineffable
Pour se prostituer l'un à l'autre
Pour se confondre

Coucher avec elle
Pour se prouver et prouver vraiment
Que jamais n'a pesé sur l'âme
Et le corps des amants
Le mensonge d'une tache originelle


Paul Eluard

Viens t'asseoir sur mon dard enduit de vaseline
Car je connais tes goûts, ma vicieuse Line,
Et qu'il te faut sentir
Un gros membre enfoncé dans tes chairs élastiques,
Cependant que d'un doigt prompt à te divertir
Par-devant tu t'astiques.

Sur ce clou palpitant assise sans bouger,
Tu n'attends le plaisir que de ton doigt léger,
Mais sitôt qu'il s'amène,
Lancinant et rapide, infernal et profond,
Ton corps comme en fureur sur mon dard se démène
Pour l'entrer jusqu'au fond !

Louis Perceau ( dit Vérineau )

( 1883 - 1942)


J'ai tant rêvé de toi

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère ?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.

Desnos


Puisqu'il le faut

Dans le lit plein ton corps se simplifie
Sexe liquide univers de liqueur
Liant des flots qui sont autant de corps
Entiers complets de la nuque aux talons
Grappe sans peau grappe-mère en travail
Grappe servile et luisante de sang
Entre les seins les cuisses et les fesses
Régentant l'ombre et creusant la chaleur
Lèvre étendue à l'horizon du lit
Sans une éponge pour happer la nuit
Et sans sommeil pour imiter la mort.

Frapper la femme monstre de sagesse
Captiver l'homme à force de patience
Doucer la femme pour éteindre l'homme
Tout contrefaire afin de tout réduire
Autant rêver d'être seul et aveugle.

Je n'ai de cœur qu'en mon front douloureux.

L'après-midi nous attendions l'orage
Il éclatait lorsque la nuit tombait
Et les abeilles saccageaient la ruche
Puis de nos mains tremblantes maladroites
Nous allumions par habitude un feu
La nuit tournait autour de sa prunelle
Et nous disions je t'aime pour y voir.

Le temps comblé la langue au tiers parfum
Se retenait au bord de chaque bouche
Comme un mourant au bord de son salut
Jouer jouir n'était plus enlacés
Du sol montait un corps bien terre à terre
L'ordre gagnait et le désir pesait
Branche maîtresse n'aimait plus le vent

Par la faute d'un corps sourd
Par la faute d'un corps mort
D'un corps injuste et dément.

Paul Eluard

 

Dieu fit le con, ogive énorme,

            Pour les chrétiens,

Et le cul, plein-cintre difforme,

            Pour les païens

Pour les sétons et les cautères

            Il fit le poix,

Et pour les pines solitaires

            Il fit les doigts.

 

Nombril, je t’aime, astre du ventre,

Œil blanc dans le marbre sculpté,

Et que l’amour a mis au centre

Du sanctuaire où seul il entre,

Comme un cachet de volupté.

 

Que les chiens sont heureux !

Dans leur humeur badine

Ils se sucent la pine,

Ils s’enculent entre eux !

Que les chiens sont heureux !


Théophile GAUTIER 

 

 

 

 

INVITATION A LA MINETTE

Ton con suave, ton con rose, 

Sous une forêt de poils blonds,

Doux, frisés, parfumés et long,

A l’air d’une lèvre mi-close,

Lèvre excitant les appétits

De ma lèvre très curieuse,

D’où tant de baisers sont partis ...

Car ma chère, les imbéciles

Auront beau dire ; quand on a,

Sur la fille qu’on enconna,

Fait sonner ses couilles dociles,

A moins d’être bourgeois épais

Dont la nuque indécente arbore

Un de ces fameux toupets 

Aux crins roses comme l’Aurore

Il faut quand le champ se va clore,

Déposer le baiser de la paix.

 Albert Glatiny (1839-1873)

Ah! Je meurs! Ah! Baise-moy!
Ah! Maistresse, approche-toy!
Tu fuis comme un fan qui tremble:
Au moins souffre que ma main
S'esbate un peu dans ton sein,
Ou plus bas, si bon te semble

Ronsard

 

 

Dans le lit plein ton corps se simplifie
Sexe liquide univers de liqueur
Liant des flots qui sont autant de corps
Entiers complets de la nuque aux talons
Grappe sans peau grappe-mère en travail
Grappe servile et luisante de sang
Entre les seins les cuisses et les fesses
Régentant l'ombre et creusant la chaleur
Lèvre étendue à l'horizon du lit
Sans une éponge pour happer la nuit
Et sans sommeil pour imiter la mort.

Paul Eluard


Les filles de Loth

Le vieux Loth ronflait au fond de sa caverne ;
Assises à côté d'une pâle lanterne,
Ses deux filles en pleurs se rappelaient tout bas
Les plaisirs de Sodome et ne s'endormaient pas.
L'aînée avait vingt ans, une figure altière,
L'œil bleu et des cheveux rejetés en arrière,
Des trésors sous sa robe et des doigts exercés...
La plus jeune était blonde, avait seize ans passés,
Des fruits s'arrondissaient sur sa blanche poitrine
Et son poil frissonnait où l'esprit le devine ;
Les yeux pleins de langueur et de timidité
Cachaient sous leurs cils d'or l'ardente volupté.
Vierges ! Comprenez que deux filles à cet âge
N'ont pas quitté Sodome avec leur pucelage.
Elles avaient goûté le breuvage amoureux,
Et leur soif insatiable avait fait des heureux,
Jusqu'au jour redouté du divin châtiment,
Leur vie entière fut détruite en un moment,
Tous les hommes perdus, car il n'en restait pas
Qui pussent désormais jouir de leurs appas !
D'où viendra la rosée à leur bouche altérée ? ...
"Ne pleure pas ma sœur, ma sœur, que ton âme éplorée
Retrouve quelque espoir. Tiens ! Déshabillons-nous,
J'ai trouvé pour jouir, un moyen simple et doux."
Ainsi parla l'aînée. Déboutonnant sa robe,
Elle montre à sa sœur, avec un double globe
Un ventre satiné qui se trouve en bas
Par un petit triangle couvert de poils ras,
Noirs comme de l'ébène, et doux comme de la soie,
Sarah sourit, s'approche et écarte avec joie
Les lèvres de la trousse, ainsi les vieux Hébreux
Nommaient l'endroit charmant qui les rendait heureux.
" Que faut-il faire Agass ? - Du bout de ton doigt rose,
Chatouille-moi - J'y suis, attends que je me pose
Pour que mon doux bouton s'érige sous ton doigt
Et que j'écarte les cuisses comme toi. "
Et sous leur main, servie d'une amoureuse ivresse,
La symphyse se gonfle et palpite et se dresse.
Enfin n'en pouvant plus et d'amour se pâmant,
Agass donne à sa sœur un doux baiser d'amant.
Mais celle-ci lui dit : " Faisons mieux, ma charmante
Remplaçons notre doigt à la place amusante
Par une langue agile ; et tu verras, ma sœur
Que nos attouchements auront plus de douceur.
Oui, sur ton petit ventre, attends que je me couche,
Ta bouche sur mes lèvres, ton poil dans ma bouche
Qu'une douce langue chatouille en l'excitant
Notre bouton de rose encore tout palpitant.
Que nos corps enlacés se tordent et se roulent,
Que le jus de l'amour sur nos cuisses s'écoule. "
Sitôt dit, sitôt fait, et bientôt ce doux jeu
Arrose leur trésor d'un liquide onctueux.
Mais ce sperme infécond ne rappelle les hommes
Que de manière vague. " Ah ! Sottes que nous sommes,
A quoi rêvons-nous donc quand on a ce qu'il nous faut :
Notre père est bien vieux, mais il est encore chaud.
Il peut bander encor quand les femmes sont belles,
Bien heureux qu'il n'ait pas affaire à des pucelles.
Mais il ne voudra pas, tant il est scrupuleux,
Nous donner la bouteille où jadis toutes deux
Avons puisé la vie,... où notre pauvre ère,
Allait remplir ses fleurs, teindre son cratère.
Tâchons de l'enivrer, il aime le bon vin,
Et s'il veut nous baiser, sauvons le genre humain... "
Chacune sur le chef portait un grand voile noir ;
Loth avec sa lanterne, a demandé, hagard :
" A qui sont ces tétons dont la blancheur rayonne ?
Ces globes opalins, dont la pointe frissonne ? "
Il jette sur Agass des regards polissons,
Ecoute en soupirant les charmeuses chansons
Qu'ensemble ont commencé ses filles toutes nues,
Il croit être à Sodome et, sur ses propres filles
Haletant de planter le bâton de famille,
Il s'élance soudain. Agass l'avait prévu.
Au ventre paternel, elle saisit tout nu
Le membre recherché par l'ensemble des femmes
S'aperçoit qu'il faut encore qu'elle l'enflamme,
Et, pour mieux en jouir, elle roule à la main
L'instrument qui doit féconder le genre humain.
" J'enfanterai, dit-elle, et pour être plus sûre
Adoptons pour jouir la meilleure posture. "
Elle tombe à genoux, découvre son cul blanc ;
Le vieux Loth inclinant la tête et s'approchant
Voit le cul : Oh ! Jeune Femme ! Oh ! ma toute belle",
Dit-il alors, jetant ses deux bras autour d'elle.
Agass, poussant le cul, accroît le mouvement
Car elle connaissait l'effet du frottement.
Elle se sent mouiller. Aucune jouissance
N'a pourtant assouvi sa brutale espérance.
Un soupir la saisit ; elle porte la main
Je ne sais où. " Tu n'es pas dans le bon chemin,
C'est à recommencer ", dit-elle à son vieux père.
Et l'ivrogne à nouveau recommence l'affaire ?
En craignant de manquer, il se laisse guider
A travers les replis qu'il devra féconder.
Agass tressaille. Enfin tout son beau corps frissonne ;
Les os ont craqué. Le père Loth s'en étonne
" Qu'as-tu donc ? Mon enfant : va donc que je jouisse !
Si je m'en suis douté, que le ciel m'engloutisse ! "
Dit le vieux Loth. Agass dit alors à sa sœur :
" Viens goûter à ton tour la divine liqueur. "
L'autre aussitôt s'approche et dans ses douces cuisses
Elle montre à son père un doux nid de délices.
Elle chatouille alors les couilles du taureau,
Prend l'arme tout à coup et la met au fourreau.
Entre ses blanches mains, saisit la vieille épée
Pour la faire entrer plus grosse et mieux trempée.
Enfin elle se pâme, laisse tomber ses bras,
Le sceptre paternel inondant ses appas.
" Gloire à Dieu " se dit-elle, " à présent j'ai conçu. "
Loth, en se réveillant n'avait rien vu, ni su.

Alfred De Musset

 


A GRENELLE

Quand je vois des filles de dix-sept ans,
Ça me fait penser qu'ya bien longtemps
Moi aussi, j' l'ai été, pucelle,
A Grenelle!

Mais c'est un quartier plein d'soldats,
On en rencontre à tous les pas,
Jour et nuit, i's font sentinelles,
A Grenelle!

J'en ai t'y connu des lanciers,
Des dragons et des cuirassiers
I's' me montraient à m' tenir en selle
A Grenelle!

Fantassins, officiers, colons,
Montaient à l'assaut d' mes mam'lons!
Ils me prenaient pour un' citadelle!
A Grenelle!

Moi, je les prenais tous pour amants,
Je commandais tous les régiments,
On m'appelait mâm' la Colonelle,
A Grenelle!

Mais ça m'rapportait que de l'honneur,
Car si l'amour, ça fait le bonheur,
On fait pas fortune avec elle,
A Grenelle!

Bientôt je m'aperçus qu'mes beaux yeux
Sonnaient l'extinction des feux,
On se mirait pus dans ma prunelle
A Grenelle!

Mes bras, mes jambes, mes appâts,
Tout ça foutait l'camp à grands pas,
J'osais pus faire la p'tit' chapelle
A Grene-e-elle!

Aujourd'hui qu'j'ai pus d'position,
Les régiments m'font eun' pension
On m'laisse manger à la gamelle,
A Grenelle!

Ça prouv' que quand on est putain,
Faut s'établir Chaussée d'Antin,
Au lieu d' se faire eun' clientèle
A Grenelle!

Aristide Briand
 


La danseuse

Elle tourne, elle est nue, elle est grave; ses flancs
Ondulent d'ombre bleue et de sueur farouche.
Dans les cheveux mouillés s'ouvre rouge la bouche
Et le regard se meurt entre les cils tremblants.

Ses doigts caressent vers des lèvres ignorées
La peau douce, la chaleur molle de ses seins.
Ses coudes étendus comme sur des coussins
Ouvrent le baiser creux des aisselles dorées.

Mais la taille, ployée à la renverse, tend
Le pur ventre, gonflé d'un souffle intermittent,
Et sous l'arachnéen tissu noir de sa robe

Ses bras tendres, avec des gestes assoupis,
Ses pieds froids sur les arabesques des tapis,
Cherchent l'imaginaire amant qui se dérobe ...


***

L'orchidée
      
    Une fleur a mangé ton ventre jusqu’au fond 
    Sa tige se prolonge en dard sous les entrailles 
    Fouille la chair de sa racine et tu tressailles 
    Quand aux sursauts du cœur tu l’entends qui répond. 
      
    C’est une fleur étrange et rare, une orchidée 
    Mystérieuse, à peine encore en floraison 
    Ma bouche l’a connue et j’ai conçu l’idée 
    D’asservir sous ses lois l’orgueil de ma raison. 
      
    C’est pourquoi, de ta fleur de chair endolorie, 
    Je veux faire un lys pur pour la Vierge Marie 
    Damasquiné d’or rouge et d’ivoire éclatant, 
      
    Corolle de rubis comme une fleur d’étoile 
    Chair de vierge fouettée avec des flots de sang 
    Ta Vulve rouge et blanche et toute liliale. 
      

Pierre Louÿs

 


La Vulve : Les Poils

Un rayon du soleil levant caresse et dore
Sa chair marmoréenne et les poils flavescents
O que vous énervez mes doigts adolescents
Grands poils blonds qui vibrez dans un frisson d'aurore.

Quand son corps fatigué fait fléchir les coussins
La touffe délicate éclaire sa peau blanche
Et je crois voir briller d'une clarté moins franche
Sous des cheveux moins blonds la chasteté des seins,

Et sous des cils moins longs les yeux dans leur cemure.
Car ses poils ont grandi dans leur odeur impure
La mousse en est légère et faite d'or vivant

Et j 'y vois les reflets du crépuscule jaune ;
Aussi je veux prier en silence devant
Comme une Byzantine aux pieds d'un saint icône.

La Toilette : Le Lavement des Seins

Qui lavera vos seins magnifiques, maîtresse ?
Quelle main lascive épongera leur splendeur
D'un geste délicat, lent comme une caresse
À les faire exulter de joie et d'impudeur ?

Quel lait de quelle biche qui ne les salisse ?
Quelle douceur de doigt qui ne heurte leur grain ?
Sera-ce votre lait, ô chère ? et votre main,
Qui laveront ce soir leur virginité lisse ?

Lavez-les bien, vos seins; lavez-les, vos seins blancs
Promenez vos doigts fins sur leurs globes tremblants
Et pénétrez-les d'éblouissante lumière

Afin qu'en vos cheveux dont la noirceur reluit
Ils brillent dans leur sérénité coutumière,
Lunes de clarté nue au torse de la Nuit.

Le baiser entre les jambes

Tout près du sexe qui fleurit dans les poils roses
Il est pour les amants une place à baisers
C’est là que rêvent les visages épuisés
Et que la cuisses est tendre aux sourires moroses.

Nul duvet , si léger qu’il soit , ne vient ravir
L’extase de la lèvre à la peau qui frissonne
Et la chair fraîche y peut lentement assouvir
Le cruel amoureux qu’un charme passionne.

Plus douce que la joue et pure que les seins,
La cuisse est là si blanche au milieu des coussins
Que la bouche y promène en souriant sa grâce.

Et cherche à ranimer sous les baisers voilés
La trace et le parfum des spermes écoulés
Sur le grain d’une peau voluptueuse et grasse.


*

Conseils 


Mes petiotes, lorsque l'on soupe
En cabinet particulier,
Il faut souvent offrir sa croupe
Et travailler du trou culier.

Quand les pines vont à la pèche
Dans le canal que je vous dis,
Coiffez-les d'une peau de pêche
Autour de leurs glands rebondis.

Et puis graissez d'huile à salade
Le trou du cul récalcitrant
Pour faciliter l'enculade.
C'est quelquefois dur, en entrant.

Si votre amant n'est pas un âne,
Il vous emplira le vagin
D'une souple et forte banane,
Symétrique à son propre engin.

Ainsi donc, la pine au derrière,
La banane aux cons mal poilus,
Vous entrerez dans la carrière
Quand mes nénés n'y seront plus.


Pierre Louÿs
(1870-1925)

Manuel de civilité pour les petites filles
à l'usage des maisons d'éducation

( Pierre Louÿs)

Ne dites pas : "Je vais me branler."
Dites : "Je vais revenir."

Ne dites pas : "J'aime mieux la langue que la queue."
Dites : "Je n'aime que les plaisirs délicats."

Ne dites pas : "J'ai douze godemichés dans mon tiroir."
Dites : "Je ne m'ennuie jamais toute seule."

Ne dites pas : "Elle jouit comme une jument qui pisse."
Dites : "C'est une exaltée."

Ne dites pas : "Sa pine est trop grosse pour ma petite bouche."
Dites : "Je me sens bien petite fille quand je cause avec lui."

Évitez les comparaisons risquées. Ne dites pas : "Dur comme une pine, rond comme une couille, mouillé comme ma fente, salé comme du foutre, pas plus gros que mon petit bouton", et autres expressions qui ne sont pas admises par le dictionnaire de l'Académie.

Glossaire : Nous avons jugé inutile d'expliquer les mots : con, fente, moniche, motte, pine, queue, bitte, couille, foutre (verbe), foutre (subst.), bander, branler, sucer, lécher, pomper, baiser, piner, enfiler, enconner, enculer, décharger, godmiché, gougnotte, gousse, soixante-neuf, minette, mimi, putain, bordel.

Ces mots-là sont familiers à toutes les petites filles. 

 


Je n'aime pas à voir qu'en l'église Saint-Lupe
Une pucelle ardente aux yeux évanouis
Confessant des horreurs, se branle sous sa jupe
Et murmure: "Oh! Pardon... mon Père... Je jouis."

Je n'aime pas qu'au bal la jeune fille en tulle
Qui m'avoue, en buvant sagement du sirop :
"Quand j'ai beaucoup dansé j'aime bien qu'on m'encule."
Puis s'excuse :" Oh! Pardon! J'ai dit un mot de trop."

Je n'aime pas à voir la gosse qui murmure :
"Je marche par la fente et par le petit trou."
Quand la putain d'enfant n'est pas encore mûre
Et n'a pas un seul poil... je n'ose vous dire où.

Je n'aime pas à voir pendant sa nuit de noces
Un jeune époux trousser la pucelle, et jaunir
En trouvant sur le ventre, autour des poils en brosse,
Trois grands vits tatoués près du mot : "souvenir".

Je n'aime pas qu'Iris en mousseline bleue
Caresse au bal ma verge en et dise en la baisant
"Je commence toujours les romans par la queue."
Le mot est vif ma chère, encor qu'il soit plaisant.

Je n'aime pas à voir l'écolière distraite
Qui se branle en tramway comme elle fait chez soi
Puis se trouble, rougit, baisse le nez, s'arrête
Et dit de l'air le plus ingénu : "C'est pas moi".


Je n'aime pas à voir la suceuse gourmande
Qui sirote le foutre et dit à son amant:
"En reste-t-il encore un peu ? J'en redemande."
Elle peut bien attendre un quart d'heure, vraiment.

Je n'aime pas qu'à table une infante se serve
Trop de piment, puis sorte au milieu du dîner
En disant tout à coup: "Cette sauce m'énerve !
Je vais chercher quelqu'un pour me faire piner."

Je n'aime pas à voir la princesse autrichienne
Qui fait raidir le vit de son grand lévrier
Puis se courbe sous lui pour lui servir de chienne
Avant que l'empereur songe à la marier.

Je n'aime pas à voir une vierge qui tangue
Et qui, touchant du con le vit de son danseur
Soupire: "Oh! non Pas ça ! Je n'aime que la langue.
Si vous voulez saillir, faites signe à ma soeur."

Je n'aime pas à voir la brune secrétaire
Qui suce avec pudeur, affecte un vif émoi
Et se trouble si fort qu'elle crache par terre
En disant: "Oh! pardon ! je me croyais chez moi."

Je n'aime pas qu'un homme aux brutales caresses
Retrousse une trottin debout dans le métro,
Lui foute impudemment sa pine entre les fesses
Et décharge en disant: "Pardon, je bandais trop."

Je n'aime pas à voir le potache indocile
Lequel, sachant très bien que ce n'est pas permis,
Couche à poil tous les soirs avec sa soeur Lucile
Et dès qu'elle est enceinte, accuse ses amis.

Je n'aime pas les moeurs des îles Philippines
Où l'on voit en public, sur le seuil des maisons
Des filles s'enfiler avec de fausses pines
Dès qu'elles ont vidé les couilles des garçons.

Je n'aime pas à voir, le soir, à Saint-Eustache
La dévote à genoux que j'encule si bien
Et qui me dit: "Monsieur! comme le foutre tache
Finissez dans ma bouche et nul n'en saura rien."


Pierre Louÿs

Ouvre sur moi tes yeux si tristes et si tendres...

Pierre Louÿs

Poèmes sensuels 1