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Légionellose
Textes de référence
Le ministre
du travail
et des affaires sociales
à
Mesdames
et Messieurs les préfets de région
Directions régionales des affaires sanitaires et sociales
(pour information)
Mesdames
et Messieurs les préfets de département
Directions départementales des affaires sanitaires et sociales
(pour mise en oeuvre et diffusion)
CIRCULAIRE
DGS n° 97/311 du 24 avril 1997 relative
à la surveillance et à la prévention de la légionellose.
Date d'application : immédiate
Résumé : Organisation de la surveillance de la légionellose, intervention lors de la déclaration d'un cas et prévention en l'absence de cas.
Mots clés : légionellose, surveillance, prévention, établissements de soins, établissements thermaux, déclaration obligatoire
Textes de référence : Circulaire DGS/SD1D/92 n° 513 du 20 juillet 1992 relative à la qualité des eaux minérales naturelles dans les établissements thermaux.
Textes abrogés : Circulaire DGS/PGE/1C n° 238 du 28 mars 1989 relative à la listériose et à la légionellose
I - Surveillance :
La surveillance de la légionellose en France est principalement basée sur le système de déclaration obligatoire qui a pour objectifs de détecter les cas groupés et d'orienter les mesures de prévention. Depuis la mise en place de la déclaration en 1987, le nombre de cas déclarés est resté très faible (autour de 50 par an). Une autre source d'information est constituée par le Centre National de Référence (CNR) des Legionella qui, depuis 1980, reçoit d'un certain nombre de laboratoires des souches pour identification et des sérums pour confirmation du diagnostic (environ 230 cas par an).
Un groupe de travail, coordonné par la Direction Générale de la Santé (DGS) et le Réseau National de Santé Publique (RNSP), a examiné en 1995 les stratégies de surveillance des maladies infectieuses. L'évaluation de la surveillance de la légionellose en France a été considérée comme une des priorités. Une étude, réalisée par le RNSP et le CNR des Legionella avec la collaboration des laboratoires hospitaliers, a permis d'estimer à environ 530 le nombre total de cas de légionellose diagnostiqués en 1995 en France.
Cette étude a montré les lacunes actuelles de la déclaration obligatoire pour la légionellose :
1.
La sous-déclaration de la légionellose est majeure (90% des cas
ne sont pas déclarés).
Cette sous-déclaration ne permet pas d'obtenir des informations fiables
sur la situation épidémiologique ni d'identifier correctement
les cas groupés.
2. La définition de cas utilisée pour la surveillance nécessite une actualisation afin de prendre en compte les nouvelles méthodes diagnostiques et afin de s'adapter aux définitions internationales.
3. La fiche de déclaration est mal adaptée pour valider les cas déclarés, décrire les principaux facteurs de risque et identifier d'éventuels cas groupés.
Pour remédier à cette situation, plusieurs mesures ont été prises :
Une nouvelle fiche de déclaration des cas de légionellose, intégrant une nouvelle définition de cas, est jointe en annexe de la présente circulaire. Elle devra être adressée, dans les meilleurs délais, en priorité aux pneumologues, réanimateurs et services de médecine interne, ainsi qu'aux médecins assurant le suivi de patients en cure thermale. Il serait également souhaitable que les Comités de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN) utilisent cette même fiche pour la surveillance de la légionellose en milieu hospitalier.
Afin d'améliorer le signalement des cas, il est nécessaire d'en justifier l'intérêt et de diversifier les sources d'information :
A
l'occasion de la diffusion de la nouvelle fiche de déclaration,
il est primordial de sensibiliser les cliniciens et les CLIN sur l'intérêt
de la déclaration en insistant sur les mesures de prévention
qui en découlent.
Les
cas confirmés par le CNR (cas avec isolement de Legionella,
séroconversion ou présence d'antigène soluble urinaire),
soit environ 170 cas supplémentaires par an, seront systématiquement
signalés aux DDASS des départements concernés.
Toute
intervention ou mesure de prévention prises à la suite de
la déclaration d'un cas devrait faire l'objet d'une synthèse
pour le médecin déclarant.
Enfin, les médecins-inspecteurs de Santé Publique devront s'assurer de la complétude et de la qualité des informations sur les fiches de déclaration, notamment en ce qui concerne les méthodes diagnostiques et les lieux précis d'exposition.
Au dispositif
national, s'ajoute un réseau européen de surveillance des légionelloses
acquises lors des voyages (European Working Group for Legionella Infections,
EWGLI). Ce réseau regroupe actuellement 22 pays ; il est coordonné
par le centre anglais de surveillance des maladies transmissibles (CDSC). Chaque
pays membre de EWGLI signale tout cas de légionellose ayant voyagé
pendant les 10 jours précédant le début de sa maladie en
précisant les lieux fréquentés. Ces informations sont ensuite
systématiquement retransmises aux autres membres du réseau et
au ministère de la Santé du/des pays où le cas a séjourné.
L'objectif principal de ces signalements est d'identifier les cas groupés
pouvant être liés par une source commune d'infection, ceci afin
de prendre les mesures de prévention appropriées. La France va
participer à ce réseau de façon plus active en 1997.
II - Intervention lors de la déclaration d'un cas (prévention secondaire) :
Les grandes lignes de l'investigation des cas groupés et les principes de prévention des légionelloses ont été décrits dans la circulaire du 28 mars 1989. Depuis 1987, au moins une vingtaine de foyers de cas groupés ayant principalement concerné des établissements thermaux, des hôpitaux, des hôtels ou des campings ont été signalés et ont fait l'objet d'investigation. A cette occasion, il est apparu que la circulaire de 1989 nécessitait d'être détaillée et complétée. Elle est donc annulée et remplacée par cette circulaire à laquelle est annexé un nouveau guide d'investigation d'un ou plusieurs cas de légionellose.
Trois grands principes ont dicté la rédaction de ce guide :
1. La survenue d'un cas isolé de légionellose, même s'il ne peut être attribué avec précision à une seule source de contamination, devrait faire l'objet de mesures systématiques de prévention. Il est donc nécessaire pour chaque cas de recenser les expositions potentielles. Les mesures seront adaptées en fonction du contexte :
hôpital et station thermale : enquête environnementale systématique.
hôtels, campings, lieux de travail : recommandations de "bonnes pratiques d'entretien d'un réseau d'eau chaude sanitaire" et vérification de la maintenance d'éventuelles tours aéro-réfrigérantes. La recherche de Legionella n'est pas recommandée après la survenue d'un cas isolé.
domicile : une information du patient sur l'entretien de son système de production d'eau chaude doit être réalisée.
2. L'enquête environnementale dans les établissements recevant des personnes à risque (hôpitaux et stations thermales) et lors de la survenue cas groupés doit comporter un véritable expertise des systèmes de production d'eau chaude.
3.
Les méthodes massives de désinfection ne sont pas suffisantes
pour éliminer définitivement la présence de Legionella
dans un réseau d'eau chaude (sanitaire ou thermale) ; la désinfection
ponctuelle d'un réseau sans mesures structurelles n'aura qu'une action
éphémère.
III - Prévention en l'absence de cas (prévention primaire)
Il n'existe pas de réglementation sur les sources habituelles de contamination que sont les réseaux d'eau chaude sanitaire et les tours aéro-réfrigérantes.
Dans les établissements recevant du public (établissements hospitaliers, hôtels, campings, installations sportives, etc...), l'exposition à des douches d'eau chaude sanitaire est la principale source de légionellose. La section des eaux du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France a proposé des mesures simples de bonnes pratiques d'entretien d'un réseau d'eau chaude sanitaire qui devraient permettre, dans une majorité des cas, de prévenir la multiplication de Legionella. Une information de l'ensemble de la profession hôtelière va être réalisée en liaison avec le Ministère du Tourisme.
Dans les établissements thermaux, la prévention de la légionellose a déjà été abordée dans la circulaire DGS/SD1D/92 n° 513 du 20 juillet 1992 relative à la qualité des eaux minérales naturelles dans les établissements thermaux et dans les recommandations de bonnes pratiques sanitaires dans les établissements thermaux. (Direction Générale de la Santé. Eds ADHEB, 1995).
En complément
de ces mesures environnementales, il peut être nécessaire de limiter
les expositions chez des personnes particulièrement à risque,
plus sensibles à des expositions faibles. En juillet 1989, une information
pour les médecins conseils des Caisses d'assurance maladie d'une part
et pour l'ensemble du corps médical par le bulletin national de l'Ordre
des médecins d'autre part, a recommandé de contre-indiquer les
cures thermales chez les personnes immuno-déprimées (chimiothérapie
anticancéreuse, corticothérapie au long cours, affections immunodéprimantes).
Cette information a été rediffusée en 1994.
IV - Annexes :
Fiche de déclaration d'un cas de légionellose
Guide
d'investigation d'un ou plusieurs cas de légionellose
V - Diffusion de la circulaire et modalité d'application
Cette circulaire concerne l'ensemble des partenaires impliqués dans la surveillance de la légionellose, notamment les praticiens des services de médecine interne, pneumologie et des services de réanimation.
Les DDASS sont chargées de la diffuser :
- à tous les établissements de soins publics et privés qui devront la communiquer notamment à tous les médecins cités ci-dessus et aux responsables des CLIN,
- aux établissements thermaux,
- aux cellules inter-régionales d'épidémiologie,
- au Conseil de l'Ordre des médecins.
Par ailleurs, les DDASS, chargées de la surveillance épidémiologique, effectueront les investigations nécessaires et prendront les mesures appropriées en s'appuyant sur le guide d'investigation.
Les CLIN sont chargés de la surveillance des cas nosocomiaux et, si nécessaire, de leur déclaration à la DDASS, de l'investigation de phénomènes épidémiques et de la prévention, en liaison avec l'équipe chargée de l'hygiène hospitalière.
Je vous demande de bien vouloir me tenir informé des éventuels problèmes rencontrés dans l'application de cette circulaire.
Annexes à la circulaire DGS N° 97/311 du 24 avril 1997
(NB : L'utilisation de ces annexes ne concerne que les professions de santé).
ANNEXE 1
: Eléments pour la réalisation d'une enquête technique en
cas d'apparition de cas de légionellose
ANNEXE 2 : Mesures de désinfection des circuits d'eau chaude sanitaire
ANNEXE 3 : Bonnes pratiques d'entretien d'un réseau d'eau chaude sanitaire
en vue de limiter la multiplication de Legionella
ANNEXE 4 : Mesure de lutte et de prévention au niveau des systèmes
de climatisation et des tours aéro-réfrigérantes
ANNEXE 5 : Mesure de lutte et de prévention au niveau des bains à
remous ou des bains à jets
ANNEXE 6 : Guide d'investigation d'un ou plusieurs cas de légionellose
ANNEXE 7 : Formulaire de déclaration obligatoire de la légionellose
S'il s'agit d'un problème rencontré sur un établissement thermal ou dans un établissement utilisant de l'eau minérale naturelle, la démarche à suivre est précisée dans des textes spécifiques qui prennent en compte le fait que l'eau minérale naturelle ne peut être désinfectée.
L'enquête technique en cas d'apparition de cas de légionellose peut conduire à recueillir :
1. Des éléments généraux sur l'établissement :
commune de situation de l'établissement
coordonnées et statut juridique du propriétaire et de l'exploitant
mode de gestion
type d'activités principales et annexes
existence d'établissements du même type qui pourraient également être concernés sur la zone géographique
périodes et horaires d'ouverture
fréquentation
date de la dernière visite de la commission sécurité
2. La description des équipements et de l'organisation générale de l'établissement avec :
répartition géographique des bâtiments et locaux (plan)
recensement de sources potentielles de Legionella dans le bâtiment voire à l'extérieur de celui-ci
alimentation
en eau destinée à la consommation humaine et en eau chaude
sanitaire
- provenance
- qualité
description
du réseau d'eau chaude sanitaire
- production instantanée ou à accumulation
- présence et caractéristiques des réservoirs
de stockage
- traitements associés : adoucissement, filtration,
filmogène..
- circuit de distribution :
* configuration du circuit de distribution :
bouclage, ....
* qualité des matériaux
* capacité à subir une désinfection
- relevé des températures de l'eau
- plan des réseaux doit permettre de situer :
* les différentes installations, les
points d'injection de désinfectant, les points de prélèvement
et les possibilités d'isolement des parties de réseau (vannes,
disconnecteurs, ...).
* les défauts de conception ou d'altération
(zones non désinfectables et non étanches (bras morts,..),
possibilités de développement de biofilms ou de nids bactériens)
description
des installations de conditionnement d'air
- emplacement des prises d'air neuf (proximité de source
de contamination)
- centrale de traitement d'air
* systèmes d'humidification : à
ruissellement d'eau, à pulvérisation par ultrasons, à
vapeur
* batteries froides : vérifier l'absence
d'eau stagnante et le bon fonctionnement des siphons
- conduites d'air : repérer les risques de condensation
tours
aéro-réfrigérantes du bâtiment et du voisinage
- dispositif par évaporation à circuit ouvert
ou à ruissellement :
* implantation par rapport aux prises d'air
neuf, aux ouvrants et aux zones de passage
* traitements correctifs associés
pour
les établissements thermaux :
- produits utilisés (air comprimé, CO2, matières
ajoutées,..)
- types de soins et équipements
- piscines avec leur traitement éventuel
Divers
- bains remous
- fontaines réfrigérantes et machines à
glace
- équipements médicaux : noter l'origine de
l'approvisionnement en eau
- dispositifs d'humidification
- fontaine décorative
3. La gestion des équipements
protocole d'entretien (nettoyage, détartrage, désinfection, vidange, ...)
modalités de maintenance : travaux de rénovation et de réparation, périodes d'arrêt des dispositifs...
modes et périodes d'utilisation
réseau d'eau froide : vérifier que l'eau ne se réchauffe pas lors du passage des canalisations dans les locaux surchauffés
4. Des indications sur le fonctionnement de l'établissement d'un point de vue sanitaire :
résumé des éventuels précédents rapports de visite de la DDASS et mesures administratives prises vis à vis de la ressource en eau de l'établissement et un résumé des avis émis antérieurement par la DDASS
mesures administratives prises vis à vis de l'établissement
commentaire sur l'alimentation en eau destinée à la consommation humaine en amont de l'établissement et des données analytiques le concernant.
historique des travaux de gros œuvre et d'entretien général pour les deux dernières années,
nature
des dysfonctionnements éventuellement rencontrés en précisant
:
- leur nature (date, heure, lieu, causes possibles)
- les solutions techniques apportées immédiates
et à long terme - l'exécution et le suivi des opérations
(nature et fréquence des vérifications)
- les possibilités de dégradation ou points
critiques.
mesures préventives et, en cas de problèmes, mesures curatives prévues avec un calendrier de mise en œuvre.
5. Pour les établissements thermaux : description des modalités de surveillance de l'établissement en prenant en compte le contrôle réglementaire et l'autosurveillance en précisant :
la
liste des protocoles de surveillance définis avec plus particulièrement
la description des dispositifs :
de surveillance médicale de l'établissement d'autosurveillance
analytique, s'il existe ;
les modalités de mise en œuvre (diffusion de documents, formation et consignes données au personnel)
les modalités de révision et d'adaptation des protocoles définis.
MESURES DE LUTTE A COURT TERME
Eléments de robinetterie (pommes de douches, brise-jet de robinet...) :
il doit être prévu le remplacement de tous les joints, filtres de robinet et pommes de douches, voire flexibles de douche dont l'état d'usure le nécessite.
Les
éléments les plus récents pourront être :
- déposés
- détartrés dans une solution à pH acide
telle que : acide sulfamique, vinaigre blanc,...
- Puis désinfectés dans une solution contenant
au moins 50 mg de chlore libre par litre d'eau froide pendant au moins 30
minutes (1)
Tout élément neuf doit faire l'objet d'une désinfection préalable à sa pose sur le circuit selon le même protocole que ci-dessus.
(1) Un litre d'eau de Javel à 12° chlorométrique contient 38 grammes de chlore. Pour obtenir une solution contenant 50 mg de chlore libre par litre d'eau, il est donc nécessaire de diluer 13 ml d'eau de Javel à 12° Cl dans 10 litres d'eau.
Réservoirs ou ballons de stockage et circuit de distribution :
Vidange complète, nettoyage et détartrage des réservoirs avec rejet à l'égout des fluides obtenus et rinçage des canalisations.
puis,
désinfection selon l'une des deux méthodes suivantes :
- soit, "choc chloré" : mesures de
chloration du réseau avec hyperchloration de ces réservoirs
pendant 24 heures avec du chlore à la concentration de 15 mg/L de
chlore libre dans de l'eau froide (ou 50 mg/L pendant 12 heures), suivie
d'une vidange. La solution mère désinfectante, préparée
dans un bac, est introduite dans le réseau à l'aide d'une
pompe à injection. Le point d'injection doit être situé
en aval d'un dispositif de protection du réseau public. La teneur
désirée en chlore doit être atteinte dans l'ensemble
du circuit incriminé. Il y a donc lieu de la contrôler en périphérie
(point d'usage). Cette opération doit être suivie d'un rinçage
soigneux des canalisations.
- Soit, "choc thermique" : mesures d'élévation
de la température du réseau d'eau chaude avec obtention d'une
eau chaude à 70°C en sortie de tous les robinets (en laissant
couler environ 30 minutes l'eau chaude portée à cette température
dans tout le réseau) et d'un contrôle permettant de s'assurer
du retour à une situation permettant l'utilisation normale des installations.
MESURES DE PREVENTION A LONG TERME
Ces mesures de désinfection ont un effet limité dans le temps, il est donc nécessaire de mettre en place des mesures permanentes :
Certaines
mesures sont des mesures de maintenance et d'entretien courants qui
doivent s'appliquer dans tous les bâtiments collectifs qu'ils aient
été ou non confrontés à des problèmes
de contamination par les légionelles. A ce sujet, il convient de
rappeler que des prélèvements isolés en vue de détecter
des Legionella et qui s'avèrent négatifs ne préjugent
pas d'une parfaite innocuité de l'eau, ni de la survenue par la suite
de flambée de Legionella, et peuvent donc donner le sentiment
d'une fausse sécurité vis-à-vis de ce risque. Ces mesures
consistent en :
- une bonne connaissance du réseau supposant l'existence
de plans à jour
- un entretien régulier et efficace, dont les consignes
même simples seront établies pour en assurer la pérennité.
Ces consignes doivent être adaptées à la qualité
de la ressource en eau et doivent notamment combattre la formation de biofilm,
elles prévoiront :
* Au moins une fois par an, la vidange, le curage,
le nettoyage et la désinfection des réservoir, chauffe-eau
et canalisations. Les produits chimiques utilisés doivent être
agréés, les utilisateurs doivent être protégés
et la désinfection pratiquée après le nettoyage et
le rinçage selon le même protocole que le choc chloré.
Un rinçage prolongé suivi éventuellement d'une désinfection
est nécessaire après la pose de canalisations neuves et après
travaux.
* La lutte contre l'entartrage peut être
réalisée, si nécessaire, sur les circuits d'eau chaude
sanitaire à l'aide de résines échangeuses d'ions agréées
et un suivi quotidien par un personnel formé est souhaitable
* Le détartrage des périphériques
de douche (robinets, pommes,...) est régulier, au minimum annuel.
* Dans les établissements à fonctionnement
saisonnier, hôtels, centres de vacances ou campings, il doit être
procéder avant la réouverture à un nettoyage complet
des réservoirs et des éléments de robinetterie suivi
d'un écoulement prolongé à tous les points d'usage.
- Des contrôles de routine doivent permettre de surveiller
l'évolution des installations et de l'eau y circulant . Ils portent
sur la température dans les réservoirs et aux points d'usage
(une fois par mois), l'inspection visuelle des réservoirs, chauffe-eau
et canalisations accessibles, une fois par an.
D'autres
mesures plus drastiques peuvent être conseillées aux
établissements dont on connaît la sensibilité des
réseaux aux contaminations et/ou qui accueillent des personnes immuno-déprimées
(établissements de soins, établissements thermaux.....
). La mise en œuvre de ces mesures supposent de bien connaître
la structure et l'état du réseau et de porter un diagnostic
sur son aptitude à supporter en continu les mesures prescrites. Elles
supposent aussi de mettre en œuvre des protocoles de maintenance complémentaires,
notamment pour la surveillance de la qualité de l'eau. Il faut rappeler
que certains traitements de l'eau chaude sanitaire visant à maintenir
un résiduel de désinfectant efficace ou à lutter contre
la corrosion ou l'entartrage par l'adjonction de produits non agréés
conduisent à rendre l'eau non conforme aux critères de qualité
des eaux destinées à la consommation humaine telle que définis
dans le décret n°89-3 du 3 janvier 1989. Il convient donc de
les réserver à des réseaux desservant des points d'usage
non destinés à l'alimentation et d'en informer les usagers.
Dans le cadre de ces mesures, on peut, notamment, recourir :
- soit, au maintien en permanence de chlore dans le réseau
(installation de pompes à chlore) de façon à obtenir
en sortie de robinet, une concentration comprise entre 1 et 2 mg/L de chlore
libre. Pour limiter la production de trihalométhanes, il est recommandé
de ne pas dépasser la concentration de 3 mg/L de chlore libre.
- Soit, au maintien d'une élévation permanente
de température dans les réservoirs et ballons de telle sorte
que la température de l'eau chaude ne soit pas inférieure
à 60°C à la sortie des réservoirs de stockage.
Afin de limiter les risques de brûlures par les utilisateurs, il peut
être nécessaire d'installer des mitigeurs bloqués aux
points d'utilisation ou d'informer les utilisateurs.
D'autres méthodes de désinfection sont en cours d'évaluation
et ne peuvent être actuellement préconisées en l'absence
d'agrément.
Cependant,
l'efficacité des mesures de lutte à long terme décrites
précédemment est liée à la bonne conception
du réseau . C'est pourquoi des mesures complémentaires
visant à supprimer les défauts de conception et à améliorer
la sécurité intrinsèque des installations peuvent être
également recommandées :
- Il faut profiter des travaux de plomberie pour demander
la suppression des bras morts et tuyaux borgnes.
- Dans les établissements sensibles, préférer
la production d'eau chaude instantanée aux ballons de stockage.
Enfin, dans les hôtels ou les établissements de soins, pour réduire l'exposition à des Legionella qui auraient pu se développer dans les canalisations lorsque les chambres restent inoccupées pendant plusieurs jours, il convient de soutirer l'eau régulièrement aux exutoires et tout particulièrement avant la mise à disposition à un nouvel occupant, pour réduire l'exposition à des Legionella qui auraient pu se développer dans les canalisations.
Des mesures de maintenance des réseaux d'eau chaude sanitaire devraient être appliquées dans tous les bâtiments collectifs (hôtels, campings, salle de sport,..) susceptibles de proposer des douches à leurs clients. Ces mesures sont les suivantes :
Un entretien
régulier de l'ensemble du réseau d'eau chaude
Dans les établissements à fonctionnement saisonnier, ces opérations
d'entretien doivent être réalisées avant la réouverture.
Elles doivent être suivies d'un écoulement prolongé
à tous les points d'usage.
1. Les
dispositifs de production
Les réservoirs de stockage de l'eau chaude doivent être vidangés
et nettoyés au moins une fois par an. Ces opérations mécaniques
peuvent être suivies d'une désinfection thermique ou chimique à
l'aide de produits agréés. Toutes mesures doivent être prises
pour protéger les opérateurs.
Une température de l'eau inférieure à 60°C dans les
réservoirs de stockage est un facteur associé à la persistance
à la multiplication de Legionella, il est donc important de ne
pas réduire cette température. En périphérie, la
température de l'eau distribuée doit être de l'ordre de
50°C pour limiter les risques de brûlures des usagers.
2. Les
circuits de distribution
Ceux-ci doivent faire l'objet d'une chasse périodique vigoureuse.
3. Les
éléments périphériques de distribution :
- Il doit être prévu le remplacement de tous les
joints, filtres de robinet et pommes de douche, voire flexibles de douche dont
l'état d'usure le nécessite.
- Les éléments de robinetterie doivent faire l'objet
d'un entretien au minimum tous les 6 mois :
* dépôts et détartrage dans
une solution à pH acide telle que : acide sulfamique, vinaigre blanc,...
* rinçage puis désinfection par une
solution contenant au moins 50 mg de chlore libre par litre d'eau froide pendant
au moins 30 minutes(1).
A
l'occasion de travaux sur le réseau :
- Etablir un cahier de maintenance sur tous les travaux et
opérations d'entretien réalisés sur le réseau.
- Profiter des travaux de plomberie pour demander la suppression
des bras morts et tuyaux borgnes. Actualiser les plans du réseau.
- Procéder à un rinçage prolongé
qui peut être suivi d'une désinfection et d'un rinçage.
Ces mesures sont nécessaires après la pose de canalisations
neuves et après travaux.
Enfin, dans les établissements dont les appartements ou les chambres restent inoccupés pendant plusieurs jours, il convient de soutirer l'eau régulièrement aux points d'utilisation et tout particulièrement avant la mise à disposition à un nouvel occupant, pour réduire l'exposition à des Legionella qui auraient pu se développer dans les canalisations.
Des mesures plus générales, notamment au niveau de la conception des installations sont décrites dans le document suivant : "Qualité des installations de distribution d'eau destinée à la consommation humaine à l'intérieur des bâtiments". Guide technique n°1bis. Direction générale de la Santé et Centre scientifique et technique du bâtiment.
(1) Un litre d'eau de Javel à 12° chlorométrique contient 38 grammes de chlore. Pour obtenir une solution contenant 50 mg de chlore libre par litre d'eau, il est donc nécessaire de diluer 13 ml d'eau de Javel à 12° Cl dans 10 litres d'eau.
LES TOURS AERO-REFRIGERANTES
Ce sont des équipements extérieurs de refroidissement des circuits chauds. Ils sont utilisés en annexe des installations frigorifiques, en climatisation, en froid industriel ou commercial et en refroidissement d'eau chaude industriel. Dans les dispositifs à circuit ouvert, l'eau à refroidir est pulvérisée sur un support qui favorise les échanges thermiques par évaporation avec de l'air circulant à contre-courant. Le "panache" émis par la tour est constitué de gouttelettes, véhicules des légionelles si le mauvais entretien et/ou la stagnation d'eau en a favorisé la prolifération. Une tour aéro-réfrigérante peut être à l'origine de contamination à l'intérieur de l'établissement qui en est équipé ou à l'intérieur d'autres établissements situés à proximité (par "pollution" des prises d'air ou des ventilations) ou même de lieux de rassemblement de personnes à l'extérieur (arrêt de bus, quai, installations de sports et de loisirs...). Les mesures de lutte comprennent :
des
mesures de lutte à court terme :
- un nettoyage complet des surfaces et des composants pour
enlever tous dépôts ou boues.
- une désinfection par "choc chloré"
(30 à 50 mg/L de chlore libre pendant au 2 à 3 heures de circulation
dans l'équipement suivie d'une vidange et d'un remplissage).
des
mesures de prévention à plus long terme :
- une maintenance régulière de préférence
par une entreprise spécialisée :
* contrôler l'intégrité
des dispositifs d'arrêt des gouttelettes et si nécessaire procéder
à leur remplacement.
* vérifier l'évacuation correcte
des eaux de rejet à l'égout.
* nettoyer périodiquement les circuits
: faire circuler un dispersant, évacuer les boues au fond des cuves
et frotter les surfaces pour éliminer les dépôts.
* protection du personnel par le port d'un masque
tenue d'un carnet d'exploitation
- une mesure de chloration permanente est souhaitable (2 à
3 mg/L de chlore libre). Si elle n'est pas techniquement possible (corrosion),
il peut être procédé régulièrement à
des chocs chlorés.
des mesures complémentaires sont à prendre pour modifier les installations si le débouché de la tour n'est pas suffisamment éloigné des prises d'air et ventilations des bâtiments (le Règlement Sanitaire Départemental préconise au moins 8 mètres ce qui peut s'avérer insuffisant) ou de lieux publics. De même, si des travaux de remplacement sont programmés, un équipement à batterie sèche qui élimine le contact entre le fluide contaminé et l'air sera préféré.
LES SYSTEMES DE CLIMATISATION A BATTERIES
L'enquête d'environnement dans les locaux climatisés doit conduire à une expertise de l'ensemble du système de climatisation à la recherche d'endroits où l'eau peut stagner. Une attention particulière est portée :
sur les échangeurs thermiques à batteries froides qui assurent le rafraîchissement et la déshumidification de l'air. Les condensats sont recueillis dans un bac de récupération et évacués à l'égout. Un entretien défectueux (siphon obstrué ou désamorcé) et/ou une mauvaise conception (pente du bac) y favorisent la stagnation de l'eau ;
sur les humidificateurs et en particulier sur les humidificateurs à ruissellement et à pulvérisation d'eau sous pression.
Les mesures de lutte comprennent :
des
mesures de lutte à court terme :
- un nettoyage complet des surfaces et des composants pour
enlever tous dépôts ou boues ;
- une désinfection par brossage avec des produits chlorés
qu'il conviendra d'éliminer avant la remise en service de l'installation
;
des
mesures de prévention à plus long terme :
- la qualité de l'eau introduite dans les humidificateurs
doit être soigneusement contrôlée
- la qualité de la maintenance est essentielle.
* les batteries froides et les caissons d'humidification
doivent faire l'objet d'une inspection visuelle, au minimum tous les 3 mois
pour contrôler le bon écoulement de l'eau et l'absence de dépôts
sur les parois.
* les équipements doivent être
nettoyés et désinfectés périodiquement avec
les produits préconisés dans les consignes d'entretien. Les
médias à nid d'abeille qui ne peuvent être nettoyés,
doivent être changés.
* En cas d'arrêt de l'humidificateur pendant
une période prolongée, il faut vidanger le bac, déposer
les média (système à ruissellement) et maintenir le
siphon rempli.
des
mesures complémentaires peuvent être prises. Il est conseillé
d'installer un filtre de porosité microbiologique (0,4 µm)
sur le circuit d'eau d'humidification. Si des travaux (remplacement des
équipements, changement dans la conception de l'installation...)
sont programmés, il faut veiller :
- à l'implantation des prises d'air neuf (elles ne
doivent pas être sous le vent ou à proximité de sources
de pollution
- au choix d'un système d'humidification par injection
de vapeur ou tout dispositif ne permettant pas la stagnation d'eau ou son
recyclage.
DEFINITION - CADRE REGLEMENTAIRE
En milieu thermal, l'eau minérale naturelle utilisée pour les soins ne pouvant être traitée, il faut se référer aux textes spécifiques à ces établissements (recommandations de bonnes pratiques sanitaires dans les établissements thermaux, circulaire du 28 juillet 1992). Ailleurs, il y a lieu de rappeler qu'à l'exception des bassins utilisés pour la réadaptation fonctionnelle, d'usage exclusivement médical, la réglementation concernant les piscines et baignades prises en application du code de la santé publique s'applique à tous les bassins utilisés pour le bain ou la natation et ouvert au public (même dans un cadre privé). Les bains à remous ou spa ou jacuzzi rentrent donc dans ce cadre réglementaire même lorsqu'ils constituent l'unique bassin d'un établissement de sport, de loisirs ou de détente.
La réglementation
prévoit des dispositions concernant le traitement (notamment la filtration
et la désinfection) , la recirculation et le renouvellement de l'eau
des bassins. Leur respect doit permettre de maintenir des normes de qualité
pour l'eau concernant la présence d'un résiduel de désinfectant
et l'absence d'organismes pathogènes (décret n°81-324 du 7
avril 1981).
Ces dispositions techniques sont mal adaptées aux spécificités
des bassins à remous (faible volume, faible profondeur, température
élevée, agitation de l'eau). Cependant, elles constituent un cadre
minimum d'exigences qui peut être amélioré pour assurer
une constance dans la désinfection (augmentation de la vitesse de recirculation...).
LES MESURES DE LUTTE A COURT TERME
Lorsque la fréquentation d'un bassin est mise en cause dans la survenue de légionellose, il convient de prescrire la vidange totale de l'ensemble de l'installation (circuits d'eau, bassin avec, pour ce dernier, le nettoyage et la désinfection du fond et des parois) ainsi que le lavage-décolmatage des filtres associé à une désinfection thermique ou chimique (chlore), voire le remplacement de la masse filtrante.
LES MESURES DE PREVENTION A LONG TERME
En fonction du diagnostic fait sur l'installation, des modifications pourront être demandées (amélioration de la filtration et/ou de la recirculation de l'eau).
Recirculation, vidange. Le temps de recirculation de 30 mn applicable réglementairement aux pataugeoires est le maximum acceptable pour les bassins à remous. Selon son volume et son taux de fréquentation, un bassin à remous devrait être vidangé en totalité 2 à 3 fois par semaine (voire tous les jours si nécessaire) et, en tout état de cause, au minimum une fois par semaine. De même il convient de procéder chaque semaine à la désinfection du (ou des) filtre(s).
Désinfection. L'introduction de désinfectant doit se faire en amont de l'arrivée dans le bassin (après filtration et réchauffage de l'eau) et non pas directement dans le bassin. Le désinfectant utilisé doit impérativement faire partie de la liste des produits ayant reçu un avis favorable du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France. Parmi ceux-ci, les produits chlorés semblent préférables compte tenu de la flore bactérienne rencontrée dans ce type de bassin. Toutefois, ils doivent être utilisés à des concentrations suffisantes (teneurs réglementaires) et stables dans le temps. Il convient également que les traitements de filtration et désinfection et donc, la recirculation de l'eau ne soient jamais interrompus même si le bassin n'est pas utilisé.
Contrôles. Il convient que le responsable du bassin procède très fréquemment dans la journée au contrôle de la concentration en désinfectant de l'eau du bassin ainsi qu'à la mesure du pH. Les contrôles bactériologiques obligatoires devraient comporter, outre les recherches réglementaires, la recherche de Pseudomonas aeruginosa, bon indicateur de la dégradation de la qualité bactériologique de l'eau de ce type de bassin.
Rapporteurs
: B. Hubert, A. Infuso, M. Ledrans (Réseau National de Santé Publique)
Groupe de travail : Direction générale de la Santé
: I. Capek, J. Carmès, C. Gobet
Laboratoire d'Hygiène de la Ville de Paris : S. Dubrou
Réseau National de Santé Publique : J.C. Desenclos
CNR des Legionella : J. Etienne
Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France : E. Bouvet, J.
Lesne
Document approuvé par la Section des Eaux et la Section Prophylaxie
des Maladies Transmissibles du Conseil Supérieur d'Hygiène Publique
de France.
Ce guide pratique a pour objet de faire le point sur les connaissances actuelles (en 1996) sur les légionelloses et de préciser la conduite à tenir autour de chaque cas de légionellose pour améliorer la prévention de cette maladie. Il est destiné aux médecins inspecteurs de santé publique, aux ingénieurs du génie sanitaire et aux comités de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN).
Sommaire :
Rappel sur
la maladie
Surveillance de la légionellose en France
Définitions de cas
Investigation d'un cas isolé de légionellose
Investigation épidémiologique de cas groupés
Enquête environnementale
Comparaisons des souches cliniques et environnementales
Mesures de lutte et de prévention
Surveillance épidémiologique et environnementale
Adresses utiles
Références
RAPPEL SUR LA MALADIE
Agent infectieux
Les légionelloses
sont des infections provoquées par des bactéries du genre Legionella
(comprenant 39 espèces et plus de 50 sérogroupes).
Legionella est un bacille Gram négatif, cultivable sur milieu
spécifique BCYEa.
Legionella pneumophila sérogroupe 1 (Lp1) est le plus fréquemment
retrouvé en pathologie humaine (plus de 80%), suivi du sérogroupe
6. D'autres espèces (L. micdadei, L. bozemanii, L. longbeachae, etc..)
ont été isolées, principalement chez des personnes immunodéprimées.
Diagnostic
Diagnostic
clinique
On distingue deux tableaux cliniques distincts : la maladie des légionnaires
et la fièvre de Pontiac. Ces deux affections sont initialement caractérisées
par une asthénie, une fièvre élevée (40°C),
des myalgies et des céphalées.
Maladie des légionnaires : on observe habituellement une toux
initiale non productive, puis ramenant une expectoration mucoïde, parfois
hémoptoïque. L'examen clinique, pauvre, contraste avec la radiographie
pulmonaire qui montre des infiltrats mal limités, hétérogènes,
s'étendant progressivement dans les deux champs pulmonaires. Ce tableau
clinique n'est pas observé de façon systématique. L'infection
peut entraîner une insuffisance respiratoire. La létalité
peut atteindre 40% chez les malades hospitalisés, et plus chez les immunodéprimés.
Fièvre de Pontiac : elle a une allure de syndrome grippal, ne
s'accompagne pas de pneumonie et ne met pas le pronostic vital en jeu. La guérison
est habituellement spontanée en 2 à 5 jours. En raison du caractère
bénin de la fièvre de Pontiac et la rareté de son diagnostic,
dans la suite de ce document, le terme "légionellose" correspondra
à la maladie des légionnaires.
Diagnostic biologique
Dans la
mesure où les résultats des diagnostics de laboratoire sont un
élément essentiel de la définition d'un cas de légionellose
pour la surveillance, il est important de connaître les différentes
méthodes et leur valeur diagnostique (tabl. 1) :
- recherche de Legionella par culture de sécrétions
bronchiques sur milieu spécifique BCYEa. C'est l'examen de référence
qui devrait être réalisé de façon systématique.
Le résultat est disponible en 3 jours. L'hémoculture, si elle
est sub-cultivée sur milieu BCYE, peut identifier des Legionella
dans 10 à 30% des cas.
- immunofluorescence directe (spécifique de L. pneumophila
1) dans les sécrétions bronchiques (lavage broncho-alvéolaire,
brossage) ou sur parenchyme pulmonaire après biopsie.
- détection d'antigènes solubles de L. pneumophila
dans les urines (par une méthode RIA ou EIA actuellement spécifiques
pour le sérogroupe 1). Cette méthode rapide (réalisation
en moins de 24 heures) permet un diagnostic précoce dès le début
des signes et tardif (jusqu'à 2 mois) même après un traitement
antibiotique adapté. Elle a une meilleure sensibilité que l'IFD
et la sérologie et surtout une bonne spécificité. Elle
ne devrait pas se substituer à la culture mais représente une
bonne alternative à la sérologie en améliorant les valeurs
prédictives des résultats et en réduisant les délais
de confirmation.
- sérologie : augmentation significative (x4) des titres d'anticorps
mesurés par immunofluorescence indirecte dans deux sérums (2 à
5 ml sur tube sec) prélevés, le premier dès les premiers
jours de la maladie, le second après 3 à 6 semaines d'évolution.
Seule la sérologie de Lp1 est reconnue au niveau international. La spécificité
d'un titre élevé isolé est médiocre, entraînant
en pratique courante une très mauvaise valeur prédictive positive
qui ne s'améliore que lorsque l'incidence augmente (situations épidémiques).
- détection par amplification génomique (PCR) : cette méthode
de détection rapide est encore au stade de développement et n'est
pas actuellement utilisée en routine.
Tableau 1 : Sensibilité et spécificité des méthodes diagnostiques de la légionellose (d'après Edelstein 1993)
Méthodes |
Sensibilité |
Spécificité |
Culture (sur milieu BCYEa) Secrétions bronchiques
ou lavage broncho-alvéolaire |
80-90 |
100 |
Détection d'antigène
de Lp1 dans les urines Biopsie pulmonaire |
80-90 80-90 |
99
|
Sérologie Augmentation du titre |
75 |
95-99 |
Epidémiologie
Fréquence
- La proportion des légionelloses parmi les pneumopathies communautaires
varie de 0,5 à 5%.
- La prévalence des anticorps contre L. pneumophila sérogroupe
1 (titre > 256) varie de 1 à 16% dans la population adulte
en bonne santé, selon les estimations réalisées.
- Le nombre de cas diagnostiqués en France en 1995 a été
évalué à 530 cas, soit une incidence de 0,9/100 000. Le
nombre réel de cas de légionellose est estimé à
2 000 à 3 000 cas annuels.
- Le taux d'attaque (nombre de malades / nombre de personnes exposées)
est plus faible dans les épidémies de maladie des légionnaires
(0,1 à 5%) que de fièvre de Pontiac (95%).
Réservoir
Le réservoir est principalement hydrique (bactérie trouvée
à l'état naturel dans les lacs, rivières...). Legionella
peut avoir un développement intracellulaire chez les protozoaires, et
peut être véhiculée par des kystes d'amibes libres. Les
sources de contamination incriminées dans les épidémies
sont le plus souvent des installations provoquant une multiplication de Legionella
dans l'eau (température optimale : 37°C) et une aérosolisation
:
- circuits de distribution d'eau chaude sanitaire alimentant des douches.
- systèmes de climatisation et tours aéro-réfrigérantes.
- bassins utilisés pour la détente, la balnéothérapie
ou le thermalisme dans lesquels l'eau est chaude (> 30°) et agitée
(bains à remous, bains à jet,...).
- équipements médicaux pour traitements respiratoires par aérosols.
- eaux thermales.
- fontaines décoratives.
Parmi toutes ces sources, les circuits d'eau chaude sanitaire représentent
la cause la plus fréquente d'infection.
Transmission
- Transmission aérienne par inhalation d'eau contaminée diffusée
en aérosol (douches, vapeur,...).
- Pas de transmission interhumaine rapportée.
- D'autres modes de transmission sont possibles (ingestion) mais n'ont pas été
prouvés.
Incubation
La durée d'incubation varie selon la forme clinique de la maladie :
- maladie des légionnaires : 2 à 10 jours (habituellement 5 à
6 jours).
- fièvre de Pontiac : 5 heures à 3 jours (habituellement 24 à
48 heures).
Facteurs
de risque individuels
Les facteurs de risque de développer une légionellose sont les
suivants :
- Age croissant.
- Sexe masculin (sexe-ratio M/F = 2,5).
- Tabagisme, alcoolisme.
- Immuno-dépression, cancer, diabète, corticothérapie.
- Affections respiratoires chroniques.
SURVEILLANCE DE LA LEGIONELLOSE EN FRANCE
La surveillance de la légionellose en France repose sur plusieurs systèmes complémentaires représentés sur le schéma suivant :
Déclaration obligatoire (DO)
La déclaration obligatoire, instituée en 1987, a pour objectif de suivre l'évolution de l'incidence, de détecter les cas groupés et d'orienter les mesures de prévention. La déclaration se fait aux médecins inspecteurs de Santé Publique des DDASS. Depuis le début de l'année 1996, ce système est coordonné au niveau national par le Réseau National de Santé Publique. La performance de ce système est très médiocre, tant au niveau du taux de déclaration (estimé à 10% en 1995) que de la qualité des informations recueillies. Des mesures d'amélioration de ce système ont été prises en 1997 (nouvelle définition de cas, nouvelle fiche de déclaration, amélioration du signalement des cas, diversification des sources d'information).
Centre National de Référence (CNR)
Le CNR des Legionella nommé par le ministre chargé de la Santé, a des missions d'expertise biologique, d'entretien d'une collection bactérienne et d'une sérothèque, de fourniture d'antigènes de référence et de contribution à la surveillance épidémiologique. A ce titre, il reçoit des souches et des sérums accompagnés d'informations sur les cas ayant eu un diagnostic de laboratoire. Le CNR assure également une expertise pour les souches isolées dans l'environnement. Ainsi, dans le cadre d'investigation de cas groupés, le CNR peut comparer, par des méthodes de typage moléculaire, les souches isolées chez les malades et dans l'environnement.
Comités de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN)
Ces comités sont chargés dans chaque établissement hospitalier de la surveillance et la prévention des infections nosocomiales. Lors de l'investigation de phénomènes épidémiques, les CLIN peuvent demander l'aide méthodologique des centres de coordination interrégionaux (CCLIN).
Réseau européen de surveillance des légionelloses acquises lors des voyages
A ces systèmes, s'ajoute un réseau européen de surveillance des légionelloses acquises lors des voyages (European Working Group for Legionella Infections, EWGLI). La France participe à ce réseau et, à ce titre, fournit et reçoit des informations sur les cas de légionellose acquise lors de voyages en France ou à l'étranger.
DEFINITIONS DE CAS
Cas de légionellose
Signes cliniques et/ou radiologiques de pneumopathie accompagnés de l'un des signes biologiques suivants:
Cas confirmé
- identification de Legionella par culture ou par immunofluorescence
directe dans un prélèvement clinique ;
- présence d'antigènes solubles de Legionella dans les
urines ;
- augmentation des titres d'anticorps de 4 fois (soit 2 dilutions) avec un deuxième
titre minimum de 128.
Cas possible
Titre unique élevé > 256, quelle que soit l'espèce.
Cas groupés de légionellose
Cas groupés
: au moins 2 cas, survenus dans un intervalle de temps inférieur à
6 mois, chez des personnes ayant fréquenté un même lieu.
Au moins un de ces cas doit être confirmé.
Si l'intervalle de temps entre les cas est supérieur à
6 mois, on parlera de cas liés qui ont une importance épidémiologique
moindre que les cas groupés.
Légionellose nosocomiale
- L'origine
nosocomiale peut être considérée comme certaine si
le malade a séjourné dans un établissement pendant les
10 jours précédant le début des signes cliniques.
- L'origine nosocomiale peut être considérée comme probable
si le malade a séjourné dans un établissement pendant au
moins 1 jour dans les 10 jours précédant le début des signes
cliniques.
INVESTIGATION D'UN CAS ISOLE DE LEGIONELLOSE
Les objectifs de cette investigation sont de confirmer le diagnostic, d'identifier les lieux fréquentés par le malade qui constituent une source potentielle d'infection (lieux "à risque"), de rechercher d'autres cas dans l'entourage et de prendre des mesures systématiques de prévention (figure 1). En dehors du cas particulier des légionelloses d'origine nosocomiale ou survenus lors d'une cure thermale, l'enquête autour d'un cas isolé ne devrait pas donner lieu à des prélèvements environnementaux systématiques, en raison du médiocre rapport coût-efficacité de cette démarche.
Figure 1 : Démarche d'investigation d'un cas isolé de légionellose
Confirmation du diagnostic
La première étape doit vérifier la confirmation du diagnostic de légionellose (cf. définition §"cas de légionellose"). Pour les cas considérés comme possibles (c.a.d. n'ayant pas une augmentation significative des anticorps), il est nécessaire de s'assurer que l'intervalle entre les deux prélèvements sanguins est au moins égal à 3 semaines (optimum : 6 semaines). Si cet intervalle est plus court, il est souhaitable d'obtenir une nouvelle sérologie pour augmenter les chances de mettre en évidence une séroconversion. Pour des cas récents, une confirmation rapide peut être obtenue par la recherche d'antigène urinaire.
Identification des expositions à risque
Il est nécessaire d'obtenir une description précise des lieux et dates de séjour du malade pendant les 10 jours précédant le début des signes cliniques. Cette étape doit permettre de déterminer si la légionellose est d'origine nosocomiale ou communautaire (cf. définitions de cas § "légionellose nosocomiale" plus haut). Dans ce dernier cas, il est important de rechercher la fréquentation de lieux "à risque" (autre établissement de soins, station thermale, hôtel, piscine, bains à remous,...) et la notion d'un voyage récent en France ou à l'étranger.
Légionellose nosocomiale
Les légionelloses
d'origine nosocomiale doivent faire l'objet d'une enquête par le Comité
de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN), si besoin en liaison avec
le centre coordinateur régional (CCLIN). Comme précédemment,
on recherchera d'autres cas de légionellose confirmés ou possibles.
Même si le cas est isolé, une étude environnementale est
indispensable :
- Rechercher une exposition à des soins "à risque" (humidificateurs
d'oxygénothérapie, aérosols,...).
- Vérifier la maintenance des réseaux d'eau chaude sanitaire et
des éventuelles tours aéro-réfrigérantes avec l'ingénieur
hospitalier.
- Surveiller la contamination microbiologique du circuit d'eau chaude sanitaire
desservant le service concerné.
- Comparer les souches isolées chez le malade et dans l'environnement
(avec des techniques de typage disponibles au CNR).
Un rapport de l'enquête devra être adressé à la DDASS pour compléter les données de déclaration obligatoire.
Légionellose "communautaire"
Recherche
d'autres cas de légionellose confirmés ou possibles parmi les
personnes ayant fréquenté le même lieu au sein des collectivités
identifiées plus haut. En fonction de l'exposition "à risque",
et donc de la collectivité concernée, cette recherche sera plus
ou moins facile. L'identification d'autres cas entraîne une investigation
plus approfondie (cf. § "Investigation épidémiologique
de cas groupés").
La survenue d'un cas isolé de légionellose, même s'il ne
peut être attribué avec précision à une source de
contamination, devrait faire l'objet de recommandations systématiques
de prévention. Il est donc nécessaire pour chaque cas de recenser
les expositions potentielles. En fonction du contexte, la réponse sera
adaptée :
- cure thermale : l'enquête environnementale doit être systématique
avec un renforcement du contrôle analytique des eaux thermales de la station
fréquentée. Il est également nécessaire de s'assurer
que la source d'infection n'est pas extérieure à l'établissement
(hôtel par exemple).
- milieu de travail : vérification de la maintenance des éventuelles
tours aéro-réfrigérantes et des systèmes de climatisation.
Enquête sur l'utilisation du réseau d'eau chaude sanitaire (douches)
et vérification de la maintenance des installations.
- hôtels, campings : cf. § ("cas particulier des légionelloses
acquises lors des voyages")
Cas particulier des légionelloses acquises lors des voyages
Les cas
survenus à la suite de voyage représentaient environ 10% des cas
français déclarés entre 1987 et 1995. Le signalement par
EWGLI des cas survenus chez des étrangers à la suite d'un séjour
en France augmente la fréquence de cette situation.
Il est fréquent de constater que les cas ont fréquenté
plusieurs hôtels au cours de leur voyage, ce qui multiplie les sources
potentielles d'infection ; il est donc important de se limiter aux établissements
fréquentés dans les 2 à 10 jours précédant
le début des signes cliniques. Dans ces établissements, on veillera
à l'application des "bonnes pratiques d'entretien d'un réseau
d'eau chaude sanitaire" (annexe III) et à la vérification
de la maintenance des éventuels tours aéro-réfrigérantes,
bains à remous, fontaines décoratives. Il n'est pas souhaitable
de rechercher des Legionella dans l'environnement.
INVESTIGATION EPIDEMIOLOGIQUE DE CAS GROUPES
Cette investigation est la suite logique de l'étape précédente lorsque deux ou plusieurs cas ont été identifiés. Son objectif est d'identifier une source commune d'infection pour adapter les mesures de prévention. L'étude épidémiologique des cas groupés de légionellose est habituellement assez complexe pour plusieurs raisons : cas relativement peu nombreux et fréquemment espacés dans le temps, confirmation du diagnostic souvent incomplète, multiplicité des expositions, difficultés à mesurer l'intensité et la durée de ces expositions.
Etude descriptive
définir
et identifier les cas : il est préférable de se limiter aux
cas confirmés ou possibles. Lorsque l'épidémie est récente,
les cas possibles (c.a.d. ayant uniquement un titre élevé isolé)
devraient faire l'objet d'une recherche d'antigène urinaire.
Dans certaines circonstances, l'identification de cas de légionellose
peut être associée à une augmentation de cas de pneumopathie.
En milieu communautaire, une augmentation significative peut être définie
par une incidence supérieure à 2/1000 personnes sur une période
de 6 mois ; en milieu hospitalier, par une proportion des pneumopathies nosocomiales
supérieure à 1% des admissions. Dans ce cas, il est nécessaire
de :
- Eliminer une autre étiologie (grippe par exemple).
- Réaliser une recherche d'antigène soluble urinaire chez
les cas récents (moins de 2 mois)
- Identifier les personnes ayant eu un prélèvement de sérum
(quel qu'en soit le motif) à la phase aiguë de la maladie.
Obtenir le sérum correspondant (conservé normalement pendant un an par les laboratoires).
Obtenir un nouveau prélèvement sanguin au moment de l'enquête (plus de 3 semaines après le premier prélèvement).
Analyser les deux sérums dans le même laboratoire.
rechercher
des dénominateurs de population dans la collectivité afin de pouvoir
calculer des taux d'incidence, en particulier par âge et par sexe.
représenter graphiquement les distributions des cas dans le temps
et dans l'espace (cf. figures)
formuler des hypothèses : afin d'examiner ce que les malades peuvent avoir en commun, toutes leurs activités pendant les 10 jours précédant leur maladie doivent être relevées méticuleusement (type de soins si cure thermale, n° de chambre dans les hôtels,...). Ces hypothèses sur les sources d'infection peuvent être très difficiles à formuler, notamment lors de contamination en plein air par des tours aéro-réfrigérantes.
Représentation
spatiale de cas
(plan du service hospitalier)
Etude analytique
Il ne suffit
pas d'observer fréquemment un facteur d'exposition chez les malades,
encore faut-il qu'il soit moins fréquemment observé chez les personnes
non infectées pour pouvoir mettre ce facteur en cause. On est donc amené
à comparer les cas à des témoins. Cette étape peut
nécessiter une aide méthodologique disponible, en fonction du
contexte, dans les structures suivantes : CCLIN, Cellules inter-régionales
d'épidémiologie (CIRE), RNSP.
sélection de témoins : les témoins doivent avoir
eu la possibilité d'être exposés à la source de contamination
et ne doivent pas avoir eu de signes cliniques de pneumopathie.
hypothèses testées - questionnaire : le questionnaire est
identique pour les malades et les témoins ; il doit détailler
toute les hypothèses formulées et être suffisamment précis
sur les dates et durées d'exposition.
la comparaison des expositions entre les cas et les témoins fait
appel au calcul d'odds ratios et à des tests statistiques. La puissance
de ces tests risque d'être très limitée lorsque le nombre
de cas est faible.
ENQUETE ENVIRONNEMENTALE
Elle doit comprendre une visite approfondie de l'établissement au cours de laquelle des recherches de Legionella peuvent être réalisées. Un canevas complet pour la réalisation d'une telle enquête est présenté en annexe I et peut être adapté suivant la taille de l'établissement.
Expertise des sources potentielles de contamination
Les éléments
minimum à recueillir pour procéder à un diagnostic du contexte
environnemental sont les suivants :
Description de l'établissement et de son voisinage
Description du réseau d'eau chaude sanitaire
- plan des réseaux
- type de production : instantanée ou à accumulation
- traitement associé : adoucissement, filtration, filmogène..
- circuit de distribution : bouclage, ....
- qualité des matériaux
- relevé de la température de l'eau dans les ballons
et aux points d'usage
Réseau d'eau froide : vérifier que l'eau ne se réchauffe
pas lors du passage des canalisations dans les locaux surchauffés
Description des installations de conditionnement d'air
- Emplacement des prises d'air neuf (rechercher la proximité
de source de contamination)
- Centrale de traitement d'air
Systèmes d'humidification : à ruissellement d'eau, à
pulvérisation par ultrasons, à vapeur
Batteries froides : vérifier l'absence d'eau stagnante et le bon
fonctionnement des siphons
- Conduites d'air : repérer les risques de condensation
Tours aéroréfrigérantes du bâtiment et du
voisinage
Dispositif par évaporation à circuit ouvert : implantation
Divers
- Bains remous
- Fontaines réfrigérantes et machines à glace
- Equipements médicaux : noter l'origine de l'approvisionnement
en eau
- Dispositif d'humidification
- Fontaine décorative
Ceci permet de procéder à un diagnostic du contexte environnemental et à une analyse des points critiques (points sensibles pouvant constituer un risque de multiplication ou de diffusion de Legionella). Dans le cas particulier du thermalisme, les recommandations de bonnes pratiques sanitaires dans les établissements thermaux peuvent servir de référence.
Recherche de Legionella dans l'environnement
Lieux de prélèvement : Les Legionella sont très fréquemment isolées dans l'environnement hydrique artificiel ; de plus, les analyses de prélèvements dans l'environnement sont onéreuses. Il est donc important d'orienter ces prélèvements en fonction des arguments épidémiologiques, de la structure des réseaux d'eau et de l'identification des points critiques.
Les lieux
de prélèvement à privilégier sont les suivants :
- Réseau d'eau chaude sanitaire
points de puisage d'eau chaude sanitaire
partie basse des ballons de stockage
- Réseau d'eau froide : si la température est anormalement
élevée > 25°C
- Installations de conditionnement d'air
condensats de batteries froides
fluides d'humidification
eau des siphons
- Tours aéro-réfrigérantes : eau de ruissellement
Divers : tout site susceptible de contenir de l'eau réchauffée ou des dépôts humides.
Modalités
de prélèvement : Un prélèvement consiste
à recueillir un litre d'eau dans un flacon stérile. Lorsque
l'eau prélevée est traitée par un biocide oxydant,
les flacons doivent contenir du thiosulfate de sodium à 0,50% afin
de bloquer l'action germicide dans le flacon. Les conditions de prélèvement
en termes de localisation, de flambage des éléments périphériques,
d'enrichissement par stagnation ou par écouvillonnage dépendent
de la finalité de la recherche et du dénombrement de Legionella.
Plusieurs techniques de prélèvement peuvent être réalisées
aux points d'usage :
* si la contamination au point d'usage dans des conditions
normales d'utilisation est recherchée, le prélèvement
sera fait sans flambage et en prenant le premier jet de l'eau à
température d'utilisation. Si la situation la plus défavorable
en terme de contamination est recherchée, un prélèvement
peut être fait après stagnation d'une nuit.
* si la contamination du réseau à l'amont
du point d'usage est recherchée, les points de prélèvement
doivent être flambés et le prélèvement effectué
après écoulement prolongé.
* l'incorporation au prélèvement des
produits d'écouvillonnage peut être intéressant pour
étudier l'écologie du point de prélèvement
et est à recommander dans le cadre de la surveillance de l'installation
et l'évaluation des mesures de lutte et de prévention. L'écouvillon
doit être introduit le plus profondément possible à
l'intérieur du robinet ou du pommeau de la douche et le prélèvement
doit être effectué par un geste circulaire répété
(environ 4 fois). L'écouvillon est ensuite cassé dans le
prélèvement d'eau correspondant.
- Quelle que soit la technique adoptée, il est important
d'en rechercher la reproductibilité pour les prélèvements
destinés à comparer des contaminations dans l'espace ou
dans le temps. C'est pourquoi il est important d'établir des protocoles
détaillés pour les personnes chargées des prélèvements
et de remplir très soigneusement la fiche de prélèvement
pour chaque échantillon. Sur les fiches de prélèvements
doivent être indiqués : la nature de l'eau analysée
(eau chaude sanitaire, condensats,..) et les opérations subies
(traitements, mélange,..) ; l'identification du point de prélèvement
; la date et l'heure et les conditions du prélèvement.
Modalités de transport : les échantillons prélevés doivent être transportés en glacière. Les prélèvements sont acheminés au laboratoire en moins de 48 heures, avec un emballage réfrigéré en période d'été. En cas d'attente, conserver à +4°C avant l'envoi, surtout ne pas congeler.
Laboratoires
d'analyse : Parmi les laboratoires capables d'identifier les légionelles,
les laboratoires agréés au titre du contrôle des eaux
minérales naturelles ont fait l'objet d'une intercalibration sur
la détection des légionelles.
La recherche et la numération des Legionella dans
l'eau sont effectuées selon la norme AFNOR NT90-431 (novembre 1993).
Cette méthode normalisée permet l'obtention de résultats
homogènes avec une sensibilité (50 UFC/litre, UFC = unités
formant colonie) suffisante au regard du risque sanitaire. Pour la détermination
de la densité des légionelles, la norme analytique demande
que le filtrat soit récupéré dans 5 ml. Les caractéristiques
de certaines eaux (turbides...) rendent parfois nécessaires une
filtration en plusieurs étapes. La récupération ne
peut alors se faire que dans 10 ml et cette opération modifie le
seuil de détection qui passe à 100 UFC/litre. Les résultats
complets de recherche et de dénombrement sont en général
disponibles en 8 à 10 jours.
Seuils
admissibles (eaux thermales, eaux chaudes sanitaires,...)
- Pour les réseaux de distribution d'eau chaude sanitaire il n'existe
aucun texte réglementaire fixant une densité maximale admissible
de Legionella. Il est reconnu qu'en dessous d'une densité
de 103 UFC/litre, le risque d'apparition de cas de légionellose
est très faible. Cependant, ce risque varie en fonction de l'état
immunitaire des personnes exposées et de la densité et durée
d'exposition aux aérosols contaminés.
- Pour les eaux thermales, la circulaire DGS/SD1D/92 n°
513 du 20 juillet 1992 relative à la qualité des eaux minérales
dans les établissements thermaux a proposé de prendre 10²
UFC/litre comme valeur de référence non impérative
au delà de laquelle un suivi attentif de la situation doit être
réalisé. A partir de 103 UFC/litre, des mesures de lutte
et de prévention doivent être prises pour les usages et soins
occasionnant la production d'aérosols.
- Etant donné que ces seuils ont été
fixés en fonction du risque sanitaire, il est préférable
que les techniques de prélèvement puissent traduire la contamination
au point d'usage dans des conditions normales ou défavorables d'utilisation.
L'interprétation des résultats devra se faire en tenant compte de l'expertise préalable du réseau. Ces résultats serviront également de référence pour évaluer l'efficacité des mesures prises.
Conclusions
L'enquête environnementale devra toujours faire l'objet d'un rapport écrit indiquant les principaux résultats de l'enquête et les mesures envisagées de réduction du risque (fermeture, restrictions d'activités ou d'usage d'eau, mise hors service de locaux ou d'équipements, nettoyage, désinfection, protocoles d'entretien et de surveillance). Compte tenu des délais d'analyse pour la recherche des Legionella, il sera souvent préférable de ne pas attendre les résultats d'analyse pour formuler les premières recommandations de lutte et de prévention si les éléments fournis par les enquêtes épidémiologique et environnementale suffisent pour les définir.
COMPARAISONS DE SOUCHES CLINIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
La comparaison des souches isolées chez les malades avec des souches isolées dans l'environnement par des techniques de typage moléculaire peut servir à confirmer la source de contamination. Cependant, prise isolément sans argument épidémiologique, l'identité des souches n'est pas suffisante pour établir une relation causale.
MESURES DE LUTTE ET DE PREVENTION
Les mesures immédiates sont des mesures de désinfection massive visant à faire disparaître la contamination du milieu par Legionella. Cependant, ces mesures ponctuelles ne sont pas suffisantes car elles ne permettent qu'une éradication provisoire suivie d'une rapide recolonisation. Elles doivent donc être complétées par des mesures de prévention au long cours permettant une réduction durable de la flore.
Réseaux d'eau chaude sanitaire
La désinfection des réseaux de distribution d'eau nécessite tout d'abord, une expertise de l'état des canalisations et de la structure du réseau afin de déterminer sa tolérance aux opérations de désinfection. Les mesures de désinfection sont décrites dans l'annexe II.
Les systèmes de climatisation et les tours aéro-réfrigérantes
Les mesures de lutte et de prévention dépendent du type de système mis en cause à l'occasion de l'enquête environnementale. Les premières mesures de lutte consistent essentiellement en une vidange des circuits ou zones de récupération des condensats, au nettoyage et à la désinfection des installations. L'annexe IV décrit plus précisément les mesures qui peuvent être préconisées suivant le type d'équipement.
Bains à remous, bassins à jets
Les mesures de lutte et de prévention dépendent du type de bassin en cause dans la contamination. L'annexe V décrit plus précisément les mesures qui peuvent être préconisées.
Dispositifs médicaux de traitement respiratoire
- Utilisation
de matériel à usage unique ou à défaut, nettoyage,
désinfection, puis stérilisation entre chaque utilisation.
- Dans les équipements de traitement respiratoires, utilisation uniquement
d'eau stérile à la fois pour le rinçage et pour le remplissage.
- Proscrire les remises à niveau de liquide dans les réservoirs
de nébuliseurs. Surveillance épidémiologique et environnementale.
SURVEILLANCE EPIDEMIOLOGIQUE ET ENVIRONNEMENTALE
Surveillance épidémiologique
Elle comprend une information coordonnée des responsables, des utilisateurs (comités d'hygiène et de sécurité) et du corps médical. Les médecins devront être sensibilisés aux examens à pratiquer devant une pneumopathie.
Surveillance environnementale
La preuve de la résolution du problème n'est généralement apportée que si le contrôle analytique montre que les résultats sont satisfaisants et qu'une solution technique permanente et reconnue comme appropriée est apportée. Dans le cas contraire, le maintien d'une surveillance renforcée sera nécessaire. En ce qui concerne les établissements thermaux, on pourra se reporter aux recommandations de bonnes pratiques sanitaires. Pour les autres collectivités, un programme de surveillance est mis en place par l'autorité sanitaire (DDASS, SCHS) en fonction des caractéristiques et des points critiques de l'établissement. Par exemple, dans le cas d'un fonctionnement saisonnier, un contrôle sanitaire incluant des analyses peut être programmé au moment de l'ouverture (après les opérations d'entretien et de remise en état).
ADRESSES UTILES
Direction
Générale de la Santé, bureau VS2 et VS4
1, place Fontenoy 75350 PARIS 07 SP
Téléphone : 01 40 56 40 35 Télécopie
: 01 40 56 50 56
e-mail : lepoutre@b3e.jussieu.fr
Réseau
National de Santé Publique
14, rue du Val d'Osne 94415 SAINT MAURICE Cedex
Téléphone : 01 43 96 66 20 Télécopie
: 01 43 96 65 02
e-mail : umi@b3e.jussieu.fr
Centre
National de Référence des Legionella
Pr. J. Etienne
Laboratoire Central de Microbiologie
Hôpital Edouard Herriot
Place d'Arsonval
69437 LYON Cedex 03
Téléphone : 04 72 11 07 62 Télécopie
: 04 72 11 07 64
e-mail : hehbac@laennec.univ-lyon1.fr
La liste des laboratoires agréés par le ministère de la Santé, au titre du contrôle des eaux minérales naturelles, est disponible au bureau VS4 de la Direction Générale de la Santé.
REFERENCES
Diagnostic - Epidémiologie
1.
Benenson AS. Control of communicable diseases manual. APHA Eds, Washington DC1995.
2. Edelstein PH. Legionnaires' disease. Clin. Infect. Dis. 1993;16:741-9.
3. Plouffe JF, File TM, Breiman RF et al. Reevaluation of the definition
of Legionnaires' disease : use of the urinary antigen assay. Clin. Infect. Dis.
1995;20:1286-91.
4. Réseau National de Santé Publique et CNR des Legionella.
Légionelloses en France en 1995 : diagnostic microbiologique et surveillance
épidémiologique. RNSP, Saint Maurice, France, Décembre
1996.
Investigation - Prévention
1.
Saunders CJ, Joseph CA, Watson JM. Investigating a single case of legionnaires'
disease : guidance for consultant in communicable disease control. CDR 1994;4:R112-4.
2. OMS. Epidemiology, prevention and control of legionellosis : memorandum
from a WHO meeting. Bull. OMS 1990;68:155-64.
3. Centers for Disease Control and Prevention. Guidelines for prevention
of nosocomial pneumonia. MMWR 1997;46(No. RR-1).
4. Direction Générale de la Santé. Recommandations
de bonnes pratiques sanitaires dans les établissements thermaux. Eds
ADHEB. 1995 (ISBN 2-906318-26-4).
ANNEXE 7 : Formulaire de déclaration
obligatoire de la légionellose