x

 Je vous propose quelques poèmes d'amis ou d'inconnus croisés sur les chemins virtuels ou réels; si vous souhaitez aussi m'en envoyer, vous êtes les bienvenus.

Un jour nouveau
un de plus…
Une déchirure au loin
des chemins s'ouvrent
plus vastes plus lumineux.
Nos pas dans d'autres pas
d'autres marches
plus heurtées.

La forêt puissante
nous possède
nous aspire
en sa paix humide
la forêt nous éloigne
de nos énigmes
nous relie à d'autres secrets
plus profonds.

La vie
chemins pétrifiés
ou osseux
toujours autres
les sources une pause
à peine
dans l'infini du temps.

Lente maturation
dans l'obscur dans le tiède
voix éphémères
souffles feutrés
mille haleines nous lient
à l'invisible.

Agnès Schnell
(extrait de "Mosane ou presque"
42 chants pour l'Ardenne. Inédit)

*

Vega de Valcares - O'Cebreiro

Les sauterelles swinguent au milieu des fougères,
Un escadron de mouches déambule au ras du sol.
 Dans le ciel, des nuages sortis tout droit d'un tableau de Magritte
 Cachent par intermittence un soleil qui par sa chaleur,
 S'effrite, laissant tomber sur O'Cebreiro une luminosité aérienne.

 Il est en temps universel zénith plus ou moins quelque chose,
 Et le vent qui s'enroule autour du relief avec la douceur de la laine
 Me glisse entre deux respirations ces mots : Tempus Fugit...

L'odeur de la menthe au bord des routes, les herbes hautes qui plient au  moindre
 souffle, les chemins empruntés, les champs cultivés, m'offrent sans retour et
 d'une même voix une mélodie atemporelle : celle du monde.

 (01/08/01)
Sébastien Marrot

*
 

Sans règle et sans compas

  Je partais le matin, très tôt pour retrouver
les sentiers qui s’en vont par cette vaste plaine
dont les champs cultivés ne pouvaient m’abriter
des caresses du vent qui parsemait les graines.
 

Le ciel étincelait quand l’aube s’approchait
et tout resplendissait comme un collier de perles.
Le contour des vallons, le côté des rochers
ressemblaient au tison d’où les gerbes déferlent.
 

Mon plaisir n’était plus que ces pas allongés,
sans cesse répétés, évitant les ornières,
quelquefois incertains mais jamais abrégés.

  Car j’aime ces chemins qui n’en finissent pas
de grimper par les monts, d’enjamber les rivières,
tracés pour mon bonheur sans règle et sans compas.

--
Jean-Pierre Rohken

www.sourivers.fr.fm.

 LE CARMEL D'AUSCHWITZ     

Le ciel dardait
un rayon monotone
dit le poète
mais n'aurait-il
pas mieux valu
moins de vigueur
astrale
pour cette langueur
automnale
                 non?

Nevermore...

"Plus jamais!"
décrétait
une affiche
jouxtant le carmel
d'Auschwitz
devant lequel
avec un léger temps
de retard veille
et prie
la Vierge Marie

Marie...
Des grappes de bébés
d'enfants éperdus
qui se cramponnent
aux robes des mamans
des aïeules et
le ciel suppliant
de leurs aigres voix
qui tonnent
en pure perte
Marie!

En pure perte
Marie!
puisqu'ils seront
dans les bras
de leurs mères
nus et
gazés comme des rats
pour expier
selon la rumeur
la Mort de ton Fils
sur la divine Croix

Dis
pourquoi n'as-Tu
pas cillé
montré du doigt
houspillé
Dieu le Père
devant tant d'horreur
afin de protéger
ces petits bouts
     d'hommes et de femmes     
Toi
la Reine
de Czestochowa?

Sous un arbre
un corbeau campe
et festoie
sur le corps
d'un lièvre
"plus becqueté
que dé à coudre"

La bise détone
poursuit Verlaine
sous un soleil
aux rayons monotones
mais n'aurait-il
pas mieux valu
plus de douceur
pour cette langueur
automnale
                 non?

José Chanly     
http://chanly.apinc.org/rh.html

 

 

NE TE RETOURNE PAS
 
Ne te retourne pas
vers ce rivage ancien
où tes traces de pas
ont marqué un chemin
 
Ne le regarde pas
Qui s'efface sans fin
Le regret n'y est pas
Poursuit ton long chemin
 
Ne t'appesantis pas
Sur l'aigreur des refrains
Qui déchantent tout bas
Ne perds pas ton chemin
 
Ne ferme pas tes yeux
À l'aube qui s'approche
Peut-être peinte en bleu
Vois l'espoir qui s'accroche
 
Luc Rose   
Copyright © 2003    Tous droits réservés

http://perso.wanadoo.fr/motsmagiques/

 

 

Pèlerins de la vie.

Courbés sous un soleil aux souffles de feu,
Perdus, les pèlerins cherchent une Etoile
Les vagues des dunes sont pièges pour leurs yeux
Et leur chants tremblants imitent les blanches voiles.

Sur l’immensité ocre des songes ils avancent
L’orgueil les a mis au monde aveugles et sourds
Et le vent sur leur peau est pur or de Byzance
Sur leurs lèvres pâles règnent les notes d’amour.

Les silences tels des soupirs tout blancs s’élancent
Vers un ciel de saphir serti de poudre d’argent
Et pourtant les marcheurs privés d’éloquence
Vont se perdre dans un désert rempli de courtisans.

Sur le sable chaud et mouvant fleurissent des roses
Les temps se sont figés dans ces rares beautés
Leurs forts parfums remplissent les cœurs qui osent
S'envoler vers un destin aux radieuses clartés

Les pèlerins assoiffés de vie frôlent leurs hier
Les animaux vivront en fidèles et frêles compagnons
Vers demain ils vont, leurs rêves en colliers de prières
S’ils errent, leurs silences se nommeront « chansons. »

Marine
http://www.chezmarine.net/

 

 

      Au détour d'un chemin de traverse à la périphérie de Lisbonne, j'ai rencontré ce Monsieur Alvaro qui a beaucoup insisté pour que je visite son terrain, et vous adresse donc le compte rendu de cette visite...

Le matin qui a suivi la mort  

de ma petite bergère,  

il m'a fait visiter son terrain,

  il a levé la barrière sur mes larmes  

et il m'a raconté un morceau de sa vie,

  c'est lui qui a tout organisé

  avec l'aide de son voisin  

et surtout l'expérience de son père,

  qui pleure toujours son cheval et son chien.  

Avant, il n'y avait rien sur le terrain,

  que de l'herbe et des petits lapins,

  maintenant y'a des légumes, des arbres fruitiers,

du vin qui chante  

de la lumière,

  parfois des nuages

  mais jamais de produits chimiques,

  que de l'ail et du persil

  avec un portail,

  de la salade, des citrouilles  

et beaucoup d'amitié...

 

*

 

AUSONIE

 

Un jour je t'ai rencontrée,

 et tu m'as raconté l'histoire

du Grand Sablier de Galice;

 alors, j'ai sauté dans ma caisse

en aluminium,

avec ma chienne aux yeux verts,

et puis on t'a suivie tous les deux,

en regardant cette lune humide,

qui refait son maquillage

avec des symboles nouveaux,

comme on refait une guerre

 à l'ombre

 des mésanges.

 

 

Christophe Lacampagne

 

 Toutes les oeuvres sont protégées par les lois sur la propriété intellectuelle et artistique et ne peuvent être utilisées sans l'accord de l'auteur.