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Poèmes égarés 2

Derniers poèmes...
d'une époque ancienne

         

                                                                                                                              André Cayrel

Tout seul je m’en irai
Et toi tu resteras 
Sur terre et tu sauras
Tout ce qu’on ignorait

Si je n’avais jamais
Rencontré ton sourire
Tu aurais su aimer
Et tout aussi bien vivre

Tu verras que la vie
Ne s’arrête pas quand
Un seul des deux survit
Chacun fera son temps

Tout ce qui reste encore
Les plaisirs les voyages
M’emmènent vers mon sort
Les joies sont des présages


 


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Sur la route...

J'ai roulé tant de kilomètres
Des kilomètres par milliers
C'était une façon d'être
D'être sans se retourner

Quand la voiture conduit le rêve
On ne peut plus s'arrêter
Il ne faut que des haltes brèves
Pour éviter de le briser
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Voir le monde à travers des vitres
Sur les routes de l'irréel
C'était malgré les rencontres
Mon premier voyage virtuel

Cette faiblesse ou cette chance
De toujours devoir repartir
De repartir vers d'autres danses
Et ne jamais devoir finir

A guidé toute ma jeunesse
Des nordiques destinations
Aux frontières de la Perse
Mais toujours sans une station

Sur les routes du nouveau monde
Comme tant d'autres toujours à l'Ouest
Puis dans le Sud pour une ronde
Qui se termine à Key West

Qui c'est çui là !?

Ten thousand milles et des poussières
Mais bien peu de séparation
La seule qui me désespère
C'est celle de la Station wagon

A l'Est dans la vieille Europe
Enveloppée dans son rideau
Séparée mais tellement proche
Nous apportions le renouveau

Qui avait le plus de colère
Et le plus de compassion
Un temps nous étions des frères
Qui avions la clé de la prison

Si tout se passe dans ta tête
Tu ne trouves pas le chemin
Il faut que les moteurs s'arrêtent
Pour le sentir dans le matin


A peine ai-je entrevu le monde
Mais je l'avais bien trop rêvé
La douce piste vagabonde
Je ne l'ai goûté qu'à l'arrêt

Tout meurt tout passe tout s’efface
Mais je repartirai un jour
Comme avant sans laisser de trace
Juste deux dates pour toujours


*


 

Allons ! Je, toi...

Si l'androgynie te lasse
(Que chaqu'une reste à sa place!)
Revient vers celles qui dépassent
Si les entre deux t'indifférent
Si les vrais femmes te sont chères
(En gros celles que tu préfères!)
Comme amie ou même amante
Aime donc les opulentes
Celles qui montrent de la chair
Si la douceur est débordante
Tu oublieras l'anorexique
Et ses rondeurs microscopiques
Découvre donc les plantureuses
(Jamais sans faim toujours heureuses!) 
Leur cuisse souple est conquérante
Leur fesse ronde est si marante
...
Leur jour de gloire est arrivé
Celui où l'œil impur se fronce
Devant le féroce qui fonce
Ses armes prêtes à toutes épreuves
L'étendard levé est la preuve
Que vont s'abreuver les sillons
Où jusqu'au bout nous bataillons
Aux armes, etc.


*


 

21/06/04

La foudre en éclatant
A fait germer la roche
Le piton se dressant
Du ciel se rapproche

 Le fort caché s’éclaire
Dans l’arche oubliée
Arrive la lumière
Voici le chevalier

C’est le soleil de juin
A l'heure du solstice
Le rayon le plus loin
Qui transperce son axe

La lance redressée
A rompu la cuirasse
La dame a frissonné
C’est le printemps qui passe



*

Flot de langage chargé
De coïncidence  impossible
De l’écrit a émergé
L’exigence inaccessible...

Pseudo femme

Chère muse internaute
Nous avons imaginé
Ce fût peut-être une faute
De pouvoir nous incarner

Jadis on pouvait se dire
Des vers sans jamais fauté
On aboutissait au pire
Aux ceintures de chasteté

Aujourd’hui tout se mélange
Un écran traduit la vie
La femme en pseudo se change
Mais pourtant la même envie

Tu écris je te découvre
Et tu te dénudes ainsi
Je perçois ta peau qui prouve
Que tu es humaine aussi

A force de tant surfer
Je te trouve si légère
A force de tant rêver
Nous avons quittés la terre


Nos envois sont des envies
Des soupirs et je suppose
Que ton visage rosit
Devant les mots que tu oses

Dans ma tête se mélangent
Des corps déjà dénudés
Des femmes à figure d’ange
Que j’ose enfin aborder

Malgré le temps et l’espace
Le désir nous brûle mais
Sans jamais laisser de traces
Nous resterons affamés

Tant de rêves passent ailleurs
Même heureux on imagine
Un autre monde meilleur
Un raté dans la routine

Nous ne l’atteindrons jamais
Ou si tard qu’il faut bien vivre
Une vie à fantasmer
Affranchi des marches à suivre

Comme pour l’amour humain
Donnes-tu autant de fièvre
J’ôte du clavier ta main
Pour la porter à mes lèvres

///
 


 

Ile Ste Lucie (France)

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Un soir un voyageur

Finissant son étape

Empruntât ce chemin

Dans le soleil couchant

Ce soir là

Avec sa solitude et ses illuminations

Il pensât que c'était le plus beau chemin

De toute la terre

Ce soir là 

C'était vrai



« hombre» 


Quand les ruelles sont vides

Et que tous les arbres sont nus

Mon ombre même se ride

Je redeviens inconnu


Il suffit qu’il apparaisse

L’astre qui vient au printemps

Pour que ce vieux corps renaisse

Et son double en même temps


Il projette en blanc et noir

Les ébauches de mes rêves

Ils sont frêles aux feux du soir

Mais si grand quand il se lève


Je me vois dans ce miroir

C’est ma vie qui se prolonge

Je voudrais aussi y voir

Celle qui vit dans mes songes


Elle passe tous les jours

Sous une virtuelle ombrelle

Refusant même l’amour 

De sa frêle ombre femelle


Je me traîne à ses pieds

Ou mon ombre c’est tout comme

Sans amour et sans pitié

Juste l'ombre d'un sous homme


*




Place à l’ombre !

Je sais une placette aux multiples facettes,

Pas de ces places nettes qui n’ont ni queue ni tête,

Conçues en pierres énormes et taillées aux ciseaux.

Au cœur de ce royaume, enfanté par les eaux

Murmure une fontaine dont les secrets s’envolent

Au son d’une rengaine sur des phrases amphiboles.

Les hirondelles brodent aux génoises des rives

D'éphémères guirlandes que seuls les enfants suivent.

Le soleil s'est perdu dans les sombres platanes

On le sent cependant vibrer dans ses chicanes

Nous le retrouverons plus vite qu’on ne croit

Mais nous résisterons la fraîcheur est un droit.

Les habitants du lieu parlent un vieux langage

Qui vient prendre le frais mais reste dans sa cage

Une langue qui meurt, Provence, Occitanie.

Celui qui vit toujours, le lancinant discours,

C’est le chant des cigales, hymne de nos amours.

Le soir sur la terrasse, la lutte étant finie,

Toujours à la même heure, entourés de naïades,

Nos baisers parfumés nous semblaient un peu fades, 

Nous avions respiré les excès du jasmin.

Cette vie et ces riens seront-il là demain.

***

 

 

Autrement dit…

Si j’étais une source
Tu m’effleurerais de tes lèvres

Si j’étais la pluie
Tu me sentirais glisser sur ta peau
 
Si j’étais le vent
Tu me laisserais caresser ta tête nue

Si j’étais une flamme
Tu aurais les joues en feu en t’approchant de moi

Si j’étais un livre
Tu me feuilletterais avec le doigt mouillé

Si j’étais un bonbon
Tu me sucerais jusqu’au bout

Si j’étais le ciel bleu
Tu lèverais les yeux vers moi

Si j’étais une glace
Tu me ferais fondre rien qu’en me léchant

Si j’étais la neige
Tu te roulerais sur moi

Si j’étais une savonnette
Tu me ferais mousser

Si j’étais la mousse
Tu te poserais sur moi

Si j’étais la lune
Tu me regarderais en rêvant

Si j’étais un pense-bête
Tu penserais toujours à moi

Si j’étais ton chien
Tu me laisserais te lécher

Si j’étais ton ombre
Tu me recouvrirais tous les midis

Si j’étais la brume
Tu te fondrais en moi

Si j’étais une tour
Tu aurais le vertige en montant sur moi

Si j’étais aimé de toi
Je serais moi



*

Vers le
 mirliton!

 

L’impatient printemps à l’hiver mourant :

Tu as fait ton temps, pas de sentiment !

 

L’amandier volage sous son voile blanc,

Sort de son veuvage, il devient troublant !

Nuages et vents sont partis en fraude,

Le bleu insolent revient à la mode.

 

Le ciste pressé aime davantage

Voir ses fleurs froissées que le repassage.

 

Et le romarin, qui sans rien nous dire

Colorant ses brins, se met à bleuir.

 

La digne asphodèle pourtant la plus belle

Est toujours fidèle à sa même parcelle.

Image-10.JPG (26945 octets)

 

La garrigue sent, mon Dieu quelle haleine,

Le thym l’origan et la marjolaine !
 

Même au cimetière on entend chanter
Des journées entières à se becqueter


Une jeune fille a les jambes nues
Dans les yeux qui brillent il est revenu


Devant la violette on est à genoux
Cette odeur de bête c’est peut être nous


Tiens une hirondelle au vol imparfait
C’est sûrement celle qui ne l’a pas fait


Les cerisiers en robe de mariée
Dessous les amants ont les leurs mouillés

 

L'étrange orchidée, la belle suspecte,

Sera contrôlée par tous les insectes.

 

Brillant hanneton, le verger s’affole,

C’est pas des façons un bijou qui vole !

La fleur du pêcher est tendre et sublime,

Comme la chair cachée de la peau des filles.

 

Tout ce qui est vivant, parade et lutine,

Avec en avant, la gent féminine !

 

Nous allons devoir nous habituer

A revoir les femmes se déshabiller !

 

*

 

Au nom du père...


Comme le vieux tronc dans la clairière

Il est mort mais est toujours là.

Il durera moins que la pierre

Mais le temps que je serai là.

 

Si les racines sont bien en terre

Alors le tronc montera droit.

Ainsi le fils suivra le père,

Serais-je souche comme toi.
 

*

 


 

 

Moi la peluche veloutée

Je passe des journées entières

A écraser les oreillers

De ça je n'en suis pas peu fière

 

Mais quand il faut aller chasser

Pour honorer mes origines

Mes griffes et mes yeux violacés

Me transforment vite en féline

 

Au matin si je fais un don

Du fruit de mes combats vainqueurs

Mes patrons choqués oublieront

Qu’ils ont été des prédateurs.



****
 

Chateauneuf les Moustiers

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Pourquoi ce lieu abandonné,

Ces édifices ?

Pourquoi ce village oublié,

Quel maléfice ?

                     Dernières habitantes

Pour quel mirage sont-il partis ?

Quelle séductrice ?

Qui les aura anéantis,

Sans cicatrices ?

 

Qui un beau jour les a trahis ?

Quelle injustice,

Tout ce labeur, toutes ces vies

Quel sacrifice.

 

Pourtant la cloche a retenti

Pour l’armistice

Mais pour eux tout était fini

De profundis.

 

Le monument aux morts survit

Comme un calice

Qui sera bu jusqu’à la lie

Dernier supplice.

 

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Qui lui redonnera la vie

Réparatrice,

Sera guidé par leurs esprits

Qui le bénissent.
 

..."Quatre ans plus tard éclata la guerre de 14. Sur les vingt ribotins (qui se réunissaient pour faire la fête),
dix-sept restèrent sur les champs de bataille. En mourut aussi, le village de mon père, Châteauneuf-les-Moustiers."   
 Marcel Scipion (L'arbre du mensonge - Seghers)



***

 

 

Crépuscule sur Fromista

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La vie est une loterie

Où la récompense est la mort

Pour le moment ça me sourit !

Mais le tirage dure encore.


*

Esperenza y allégria !

***


 

La place est belle ou le placebo !

La place est belle ce matin
C’est mon nouveau bonheur peut-être
Evoluant dans ce bassin
Où mon sexe l’a fait naître

A la terrasse du café
Je le caresse avec délice
Et garde une main à coté
Pour ma fiancée des abysses

Elle est apparue flamboyante
Emergeant nue de la fontaine
Et les naïades exubérantes
L’ont reconnue comme leur reine

Je ferais tout ce qu’elle veut
Même si c’est un délit ce
N’est pas parce que ce n’est qu’un jeu
Qu’on doit zapper les prémisses

Il y aura d’abord son regard
Tourné vers ce qu’elle provoque
Tu vois bien qu’il n’est pas trop tard
Diront ses yeux non équivoques

Nous aurons le temps de rêver
A ce tout que nous pourrons faire
Et ce dont nous serions privés
Si nous demeurions solitaires

J’imagine même son nom
Et nos ébats sur une plage
Mon aquatique Cendrillon
L’amour est toujours un mirage

Mon ami le mythomane
Dit que je n'suis pas assez beau
Mais de mon intérieur émane
Les feux de l’amour placebo

Je sais qu’elle viendra un soir
Quand la chaleur retient son souffle
Je l’admirerai dans le noir
Et je garderai sa pantoufle


*
 


Cet amour lumineux

Qui nous inonde

Il mouille aussi les yeux

Des seuls au monde

 

Rapprochons-nous donc d’eux

Quelques secondes

Jetons un peu de feu

Dans leur pénombre

 

Ce mal si contagieux

Fines ou rondes

S’attrape avec les yeux

Brunes ou blondes

 

Ne soyez pas frileux

Pour qu’elle fonde

Il suffit d’un aveu

Qui lui réponde

 

Jetez alors vos feux

Sur sa part d'ombre

Illuminez ses yeux

De font en comble

*

La veuve noire

Le deuil c’est bien beau 
Mais il y a l’envie
Devant le tombeau
On pense à la vie

La dame est en noir
Sans lui qu’elle est belle
J’aimerais la voir
Blanche et naturelle

Rien que sa pâleur
Vivifiante et fraîche
Son corps prometteur
Et sa peau de pêche

Lâché le mouchoir 
La culotte blanche
Et le voile noir
Glissent sur ses hanches

Le noir que voila
Niché dans la chair
N’était jusque là
Que pour l’être cher

Son derrière rond
Fait la connaissance
Des mains du second
Pour la renaissance

Les pleurs ont séché 
Le rose est venu
Sur la peau léchée
De la veuve nue

Le rouge et le noir
Se sont consolés
Aux coups de boutoir
Les larmes ont coulé

Toute cette ardeur
Ne peut pas mourir
Qu’importe le cœur
Devant le plaisir

Reste après les pleurs
Pour tout exutoire
Le parfum de sueur
De la veuve noire

***

Les seins de la veuve
Superbement blancs
Soulignent le noir
Ostensiblement

O seins dissimulés
Des veuves esseulées
O seins désespérés
Mais toujours dressés

Pour sortir de la nuit
Censurés frémissants
Vous souhaitaient en secret
Toucher un remplaçant

Seront-ils resucés
Par le ressuscité
Ou dans le plein soleil
Par un simple mortel


*


Elle avait des prunelles
Qui luisaient dans le noir
Ce soir là ce fût elle
Qui me permit de voir

Ma première conquête
Sans avoir à lutter
La route toute faite
Et l’immortalité

Elle n’avait peur de rien
Pas de moi en tous cas
Elle a touché le mien
Le sien était de bois

Jamais revu vu ses yeux
Ni le bonheur lui-même
J’attends d’être trop vieux
Pour redire je t’aime


*


Notre vie vaut-elle un poème
Malgré son absence d’émoi
Certaines nuits nous le pensâmes
On aime tant parler de soi
 
Nous ne sommes que des primates
Traduisant  en vers nos envies
Les poèmes que vous aimâtes
Ne sont que l’envers de nos vies

Nous avons vogué sur la gamme
Des coups de foudre et des passions
Mais jamais nous ne naviguâmes
Bien plus loin que les intentions

Peines de cœur et vague à l’âme
Ce n’est pas cela qui manquait
Même l’espoir nous l’abordâmes
Sans jamais oser débarquer

A l’opulence scélérate
Nous fûmes parfois confrontés
Heureusement vous la gardâtes
Toujours hors de notre portée

 Vos bouches aux lèvres écarlates
Nous les avons tant désirées
Malheureusement vous parlâtes
Et le désir s’en est allé

Imitateurs de tant de plumes
Sans avoir à nous dénuder
Nous pompâmes tant que nous pûmes
Mais avons nous vraiment créé

Quelques merveilles dans la brume
Furent par fois illuminées
Car nous créâmes quand nous sûmes
Que la poésie est innée

Envoi (qui n'a rien à voir!):

Quelques gorilles dans la brume
Ton sourire dans la fumée
C’est là dans ce bar où nous fûmes
Que j’ai compris que je t’aimais



*

Tout ce que je ne vivrai pas
Ou qui s’estompe dans ma tête
Tout ce qui vit dans le lointain
Vaut plus que ma réalité

Ne rien demander à la vie
A peine effleurer le réel
 

Je n’ai jamais fait que rêver
Tout le reste est poésie
Ce monde ne vit que par moi
Il est une création pure

Toute la vie est un songe
Surtout quand on est heureux
On se réveille pour mourir
Mais il n’y aura toujours personne

*

J’en ai bien connu une
J’étais un débutant
Elle était même brune
Ou blonde il y a longtemps

Tout était bon pour elle
Mari enfants boulot
Des images si belles
Comme dans les journaux

On n’a jamais compris
Ce qui s’était passé
Un jour elle est partie
Elle n’a rien laissé

Si ! Avant de partir
Elle a dit à ses sœurs
Je ne veux pas mourir
Sans trouver le bonheur


*

Les rêves nous pardonnerons
De parfois leur être infidèle
Elle ne dira pas toujours non
Je pourrai m’allonger près d’elle

Quand nos deux corps se toucherons
Je verrai bien la différence
Lorsque ses mains me toucherons
Le rêve deviendra présence

Peut-être serons-nous surpris

En croyant déjà nous connaître

Les rêves n’avaient pas tout dit

Mon être chair ma raison d’être

 

Alors nous enregistrerons

Tout ce que nous aurons su faire

Ces nuits nous les transmuterons

En songes pour la vie entière

*

 

Automne

 

Aubes stimulantes

Journées transparentes

Crépuscules flamboyants

Est-ce l’automne qui ment ?

 

Ou bien ses couleurs

Surtout les dernières

Allument et révèlent 

Le moindre bonheur.

 

Vieux amoureux débutants

Nous en avons mis du temps

Pour nous regarder vraiment

Et libérer nos sentiments

 

Heureux l’amour qui attend

 

Il est bien tard 

Mais pas trop tard

Vivons ces fugaces instants

Que l’on nous donne et que l’on prend

Où resplendit la douce lumière

De l’ultime joie qui est la première

Et du jour finissant


*


L’automne sera ce qu’on veut qu’il soit 

Soyons doux pour l’autre, mais aussi pour soi

Tout est si fragile lorsque vient le soir

L’amour nous relie par un fil de soie


**


Comment finit l’amour ?       

Quoi ? l’amour finit donc ?

Pourquoi croulent les tours ?

Les tours s’écroulent donc ?

Pourquoi ces beaux discours ?

Tu les écoutes donc ?

Quels préjugés ont cours ?

Tu manques de cœur donc ?

Entends-tu ces cris sourds ?

D’autres existent donc ?

Combien restent de jours ?

Le temps s’écoule donc ?

Pourquoi est-ce si court ?

Tu étais heureux donc ?

Pourquoi le mot toujours ?

La fin arrive donc ?

Y aura-t-il un retour ?

C’est bien la rive donc ? 

Dieu est-il de retour ?

Quoi ? Dieu existe donc ?

J'ai trop aimé l'amour ?

Demandes-tu pardon?

Ce fût un beau séjour ?
C’était un rêve donc ?


**

Ne pas confondre !

Je vous parle du grand amour

Celui qui tue ou rend malade

Si vous l’avez connu un jour

Tous les autres vous semblent fades

Coup de foudre à fendre le cœur

Mêmes folies et mêmes causes

Si le miel se mêle au malheur

Nous parlons bien des même choses

J’ai des frissons lorsque j’y pense

Et mes entrailles font des nœuds

Oui j’ai goûté cette souffrance

Et ce bonheur vertigineux

Glacé et précis comme un crime

Il n’y a pas eu besoin d’aveux

On ne ment pas à la victime

Il suffit de baisser les yeux

Je nous croyais prédestinés

Elle ne l’a jamais cru-elle

Cette douleur m’a vacciné

De toutes les passions mortelles

Faut-il en être rescapé 

Pour pouvoir commencer à vivre

Ou bien rêver pour se tromper

Et essayer de lui survivre

 

**

    L’amour infini  mord en Mongolie

 

L’amour infini me tord les entrailles

Tentant de sortir par la moindre faille

Faire enfin l’amour connaître une femme

Ne plus gémir seul avec mes fantasmes

J’ai tant de « je t’aime» en chômage technique 

Jamais de caresses de jeux érotiques

Je veux tout donner mais qui veut de moi

Celles qui me voient partent avec effroi 

Je ne suis pas beau et je veux qu’on m’aime

Oser demander ce bonheur suprême

Même si je sais qu’elle ne viendra pas

La belle qui ne me ressemble pas

Mes rêves sont moites et mes yeux cernés

Les nuits sont si longues à l’imaginer

Je l’aime si fort elle n’en revient pas 

Parfois le matin elle ne repart pas…

 


   **

Le rêve est une épure

De la réalité

L’amour une l’aventure

Vécue dans la clarté

 

Ces amours de tes rêves

Revis-les dans ta vie

N’attends pas que s’achèvent

Les jours et les envies

 

Ose dire à celle 

Amante de tes nuits

Ce que tu as fait d’elle

Sans qu’elle ne s’enfuie

 

Les audaces sont belles

Exposées au grand jour

Croit-tu que l’irréelle

Ne rêve pas d’amour


*
Dormeur ou éveillé
Le rêve est ton ange
La nuit le voit briller
Le jour tout se mélange

*

 

Malgré le temps et l’espace

Et ton absence de trace

Je t’aperçois dans la glace

Qui prend forme et puis s’efface 

Créature impersonnelle

Sans image corporelle

Juste un cœur une cervelle

Une apparence sexuelle

Dans nos têtes se mélangent
Des envies qui nous démangent

De faire d’autres vendanges

De nous rapprocher des anges


Nos corps aspirent toujours

Aux caresses et à l’amour

Nous n’en ferons pas tout le tour

Mais pourrions tourner autour

Sur mon écran qui déforme

Un être protéiforme

Vit s’incarne et prend forme

Pour l’instant bien filiforme

Mais des ronds et des tendresses

Poussent sur la poétesse

J’aperçois des seins qui naissent

Et un peu même de fesse

Jusqu’à la truffe embaumée

Dont j’ai déjà envie mais

Je sais aussi que jamais

Un rêve ne peut s’aimer (quoique !)


**

Vagabond royal 

 J’ai le vent pour seul compagnon

Le vent qui parcourt le monde

Il pousse au loin les vagabonds

Vers le Sud mais la route est longue

 

Errant rêveur sur tant de places

Habillé de ma pauvreté

Quand je m’aperçois dans les glaces

Je me regarde sans fierté

 

Mon sac à dos plein de chimères

Ne transporte plus mes espoirs

J’aurai dû écouter ma mère

Mais il fallait que j’aille voir

 

J’ai vu des villes sans rivages

Qui n’ont pas pu me retenir

Je me rappelle mon village

Où je n’ai pas voulu vieillir

 

Tous les abris que j’abandonne

Ne sont que mauvais souvenirs

Le seul bien que la vie me donne

C’est celui qui reste à venir

 

Royal vagabond dans ma chair

Souverain libre qui mendie

J’aime mieux régner en enfer

Que de servir en Paradis

 

  ** 

 

La maison de son enfance

On ne l’habite qu’une fois,

C’est là un jour que tout commence

Premiers rêves, premiers émois.

 

Les souvenirs que l’on y laisse

Nous accompagneront toujours

Surtout lorsque la vie nous blesse

Et qu’arrivent les mauvais jours.

 

Ses pierres pour nous sont uniques,

Fondation de nos sentiments,

Nous les imaginons magiques

Et habitées par nos parents.


Son image nous accompagne

Et commande la nostalgie,

Elle reste notre compagne

Jusqu’à la fin de notre vie.


*

 

Si belles en colère

 

Mais le savent-elles

Qu’elles sont si belles

Si altières

En colère ?


 

Ce n’est pourtant pas les raisons

Ou les occasions

Qui manquent et le plaisir

De l’être et de frémir...


 

Ce ton de maîtresse

Et ce rouge aux joues

Ces poils qui se dressent

Et ce chaud partout


 

Cet aveuglement

Qui vous rend si femmes

Cet engagement

A montrer nos armes


 

Je t’aime en tous temps

Et tu me ressembles

Surtout au printemps

Quand la vertu tremble


 

Je t’aime surtout

En légale épouse

Quand pour presque tout

Tu deviens jalouse


 

Devant ta fureur

Rien ne peut m’atteindre

Je pense à l’ardeur

Qu’il faudra éteindre


 

C’est alors que naît

Superbe cerbère

Ce regard qui fait

Aimer la colère

 

 

**

Égoïste et solitaire 

Plutôt à l’ombre qu’au soleil 

Cette tradition séculaire 

Dans le Nord n’a pas son pareil 

 

Passée l’heure méridienne 

Tout en nous réclame ce dû

Il n’y a plus de travail qui tienne 

Que paresse nous soit rendue 

 

La vie pour un temps s’arrête 

Pour pouvoir bien mieux repartir 

Quand le sommeil est une fête 

Le rêve ne peut qu’aboutir 

 

Cette oasis dans la tourmente 

Peut quelquefois se partager 

Méfiez-vous des amantes  

La paresse est en grand danger

 

Tout s’efface et le temps s’enfuit 

Il se peut que plus rien ne reste 

Que le jour remplace la nuit 

Mais qu'au moins survive la sieste 

 

**

Toi qui vas au soleil couchant, vers la lumière

A la plus belle heure du jour, la plus sincère

Tu découvres enfin ce soir, la marche est lente

Que l’émotion est bien plus belle, et stimulante

Quand on n’attend plus chez les autres, ami amante

La réciprocité fidèle, équivalente.

Cette sérénité nouvelle, qui te couronne

Aimer les gens pour ce qu’ils sont, non ce qu’ils donnent

Ne pas toujours aimer dans l’autre, son pauvre moi,

Sa personne vaut bien la mienne, mieux qu’un siamois,

Te révèle un précieux secret, celui du beau

De l’amour et de l’amitié, dernier cadeau

Aimer vraiment sans analyse, presqu'être heureux

Enfin ce ne sera plus moi, que j’aime en eux

 

* *

Je ne t’ai pas connu

Fille parfaite et pure

Pourtant je t’ai voulu

Éternelle blessure

 

Pleurs et larmes d’argent

Lame et fleur de couteau 

Qui inondent de sang

Les amants trop brutaux

 

C’était il y a longtemps

Avant les aventures

Je voulais le présent

Et toi la vie future

 

Timide conquérant

Je n’ai pas oublié

Ton maillot transparent

Quand il était mouillé

 

Femme imagination

Terme de mon enfance

Troublante création

De mon adolescence

 

Rien n’était plus sérieux

Rien ne fût comme avant

Je n’ai rien vu de mieux

Même pas en rêvant

 

Le printemps est parti

Avec lui les promesses

C’est aussi bien ainsi

Je garde ma princesse

 

**

Rouges joues et blanc des yeux

Tête à tête

Bleu dans les cœurs délicieux

C’est la fête

 

    * *

((un peu!)à la manière de Holderlin)

Ami sort de ton rêve, partons à l’aventure,  

La vie a ce matin, un terrible parfum. 

Oublie les cimetières, laisse-les aux défunts, 

Respire les fruits mûrs, embrasse la nature.

 

Ô rives séparées, l’autre toujours plus belle, 

Ô larges embouchures, ô sommets incertains 

Tout ceux que l’on voit poindre le soir dans le lointain, 

L'infini horizon, la quête intemporelle.

 

La soif te mènera au devant du grand fleuve 

Où tu viendras t’abattre rassasié par ses eaux. 

Tu étendras ton corps brisé sur les roseaux 

Priant tes membres las pour qu’encore ils te meuvent. 

 

Ce lieu est toujours beau au sacre du printemps

Des nuages légers timidement s’invitent 

Avec l’apaisement le rêve revient vite

Nul endroit n’est plus apte à retenir le temps. 

 

Sous les cerisiers blancs ou les jeunes pêchers 

Quand les journées de juin sont alors les plus fortes 

Émus par la douceur quand au loin tout s’emporte 

Tu en oublierais presque les fruits que tu cherchais. 

 

Plus douces sont les flèches au cœur des lieux humides, 

Les amantes d’ici se transforment en fées

Elles changent en rêves les projets que tu fais 

Et remplissent tes nuits de bonheur insipide
(Et seuls peuvent partir tes spermatozoïdes !). 

 

Pas de  meilleur endroit pour qui voudrait survivre  

Dur de le délaisser mais bien plus de rester 

Il suffit bien souvent de regarder passer 

Est-ce là vagabond ce qu’on appelle vivre? 

 

Mais va ! ne songe pas ici à demeurer,

Aime ce dur présent tu es parti pour lui,

Oublie ton entourage seul ton destin te suit,

De bonheur et de rage il te fera pleurer.

 

Ne tardes pas demain sera un jour de trop 

L’hirondelle nomade t’a déjà initié 

L’eau que tu cherches est proche insatiable sourcier

La vie est en chemin sortie de l'in vitro. 

 

Mais ce matin l’ami  ça ne brille pas fort 

Et ne sont découverts ni les monts ni les cimes

Le ciel est à l’étroit  les projets que nous fîmes 

Vont-il rester debout ou sont-ils déjà morts?

    

Je pars avec toi vers le couchant, la lumière, 

Découvrir les plaines sous le vent, mais sans ailes, 

Marcher léger comme un feu follet, étincelles, 

Gravir seuls ces terres inconnues mais si claires. 

 

     * *

Phantasmes


Délit ma belle
Avec ton corps
Avant l’appel
Du lit de mort

Abandonnant
La chair trop pure
Pour des élans
Contre-nature

Je sais mon sort
Même sans crime
Pas de remord
Ni de victime

Juste une entorse
Aux platitudes
Passage en force
Et turpitudes


Se découvrir
Sous le supplice
Nouveau plaisir
Nouveau calice

Tu n’en veux pas
Mais tu demandes
Parle plus bas
Que je t'entende

Ne dis pas non
Je te devine
Ange et démon
je te domine

Tu voulais tout
Mais dans tes rêves
Allons au bout
Que je t’achève

Tu l’as osé
Dans tes fantasmes
Mourir brisée
Et dans un spasme

Tout est fini
Tu te retournes
Tu me souris
Et tu me damnes

 


**

 Émouvant rocher

Au bord d’un ruisseau

Paradis caché

Des vieux provençaux

 

De l’eau qui s’étale

Puis se rétrécit

Plonge verticale

Et se radoucit

poemes14.jpg (21845 octets)

Cela tourbillonne

C’est un lieu qui vit

La mousse me donne

Toujours des envies

 

Bien des provençales

Ont dut y passer

A l'horizontale

 Sans le regretter

 

Baignoire idéale

Ombrage précieux

Dans cette eau glaciale

Un corps audacieux

 

Flotte immobile

Comme un nouveau né

Position fœtale

Sensations innées

C'est vraiment le crapaud du poème!

Avec le crapaud

Qui habite ici

Rien dans le propos

Nous différencie

Je suis la nature

L’eau et le soleil

Origine obscure

Nous sommes pareils

  **

 

 

Inégalités

Seule a d’importance

Celle devant la mort

 *

 

Maudite analyse

Faire-part de mort

Ma vie s’amenuise

J’ai plus d’anti-corps

 *

 

Si un bonheur ami

Rejaillit à la ronde

Que le malheur aussi

Afflige tout le monde

*

 

De sa chair on ne prend conscience

Que lorsqu’elle est déjà blessée

L’esprit est nu sans sa présence

Comment formuler un baiser 

 *

 

 

Nuages d'Alexandrie

 

Boursouflés et profonds dans vos métamorphoses

Nuages si légers votre blancheur explose

Le grand vent vous pourchasse fragiles transhumants

Affolés et fuyants dans ce tableau mouvant

 

Le soir dans le lointain pourpres et violacés

 Linceuls sanglants cachant la douleur du blessé

Vous tuez le soleil dans un cirque radieux

Explosion d'un mourant se prenant pour un dieu

 

Vous comme les humains ne marquez  pas la terre

Nous vous voyons toujours mais vous nous voyez-vous

Le nomade est brillant terne le sédentaire

 

Ensemble ou clairsemée passe la caravane

Allez-vous vagabonds au même rendez-vous

Où je n’irai jamais Je vous laisse mon âme (mais pas mon âne!)

 

*

Mon  pauvre  amour  n'est  plus  le tien
D'un mot  ma vie n'est  plus la même
Car lorsque je pense je t'aime
Toi tu me dit je t'aime bien

*

Les rêves ne pardonnent pas

Ils nous révèlent nos faiblesses

Tu croyais aimer celle-là

Mais c’est l’autre que tu caresses

 

Ils t’unissent pour une nuit

A qui tu n’oses prétendre

Fille ou sœur femmes d’amis

Ou celui qui semblait si tendre

 

Tu passes des nuits à voler

Avec pour ailes tes deux mains

La descente te fait trembler

Mais quelle vue sur le chemin

 

Si tu ne faisais que planer

Tu marches aussi en équilibre

Sur un fil depuis que tu es né

La nuit où tu tombes tu es libre


*

 

Depuis cent mille ans

C’est toujours pareil

Avant le sommeil

Le divin néant

 

 Du même instrument

Même fourniture

 Tendre écartement

Le doux à la dure

*

 

Il n’y a pas de continuité entre l’instantané et l’éternel, de pont entre la vie et la mort, de fusion entre le transitoire et le durable. 
Seule la poésie permet parfois la fission, quand les conditions idéales de température et d’émotion sont réunies,
 dans un fulgurant, éphémère et intransmissible anneau lumineux .

Encore eut-il fallut que nous fissions le vide dans nos conscience et dans nos cœurs !

 Élucubrations

Vides, prise de tête,

Bref ! Vive le haïku !

*

 

Tout  est à  refaire 

J’allais m’endormir 

La cigale s’est tue

*

 

Mon pays de vigne

J’ai mal de t’avoir quitté

Mort j’irai te chercher