Info chemin de St Jacques

 

Accueil      Chemin d'Arles

Dernière mise à jour : 2003
                                                                  Statistiques:

Voir le site de St jean pied de port!

Crédencials tamponnées par le service Accueil à St Guilhem = 2000: 132; 2001: 237; 2002: 229; 
2003: 500

A St jean pied de port

2001

Janvier/février

36

Mars

169

Avril

1210   

Mai

2478   

Juin

2064   

Juillet

2367   

Août

2632   

Septembre

2031   

Octobre

651     

Novembre

/

Décembre

 /

 Total

13.638 +32 % sur 2000

Tampons à : St jean Pied de port

Compostelle

2002 17241  
2001 13638 61418
2000 10425 51000
1999 7359 154000*
1998 3154 30000
1997 1977  
1996 1264  
1990   4900

*Année Jacquaire en 2004; les prochaines: 2010; 2021; 2027; 2032

A Compostelle la proportion est de 80% à pied, 20% en vélo (VTT et route); moins de vélos en France.

 

Dégradation du chemin (Extrait de la revue "Chemins" Association des Amis de Saint Jacques de Compostelle en Aquitaine)
"Cheminants comme prestataires d'accueil constatent une dégradation de l'esprit du chemin: 

- saturation de la capacité d'accueil.

-surmédiatisation

-bruit

-réservations non honorées.

-places réservées et occupées par les "chauffeurs" des marcheurs.

-faux marcheurs qui cachent leurs véhicules.

-places occupés par des groupes, encadrés par des tours opérateurs prédateurs.

-incivilités..."

 

Extraits d'un commentaire sur un forum consacré à St jacques de Compostelle (Fermé depuis):

 

De plus en plus de monde sur le chemin.......et toujours des groupes avec fourgons et voitures qui bloquent  des mois à l'avance la moitié de la capacité des gîtes...


Qui pourra me renseigner sur l'origine et la composition des "groupes" en
question ?

Je n'ignore pas que certains regroupent des personnes handicapées ou dont
l'état de santé ne peut s'accommoder du port du sac ou d'un parcours
entièrement à pieds.
Mais la majorité se sont constitués , en dehors de tout esprit " pèlerin",
afin de bénéficier de  vacances sur le chemin de Compostelle " à moindre
peine et à moindre frais"
Possèdent-ils des crédencials ?
Si oui , qui les leur aurait fournis ?
Les gîtes , en France ,sont des entités commerçantes et on ne saurait leur
reprocher de consolider leur chiffre d'affaires avec ce type de clients .
Mais comment réagissent-ils en présence du pérégrino qui se pointe chez eux
, fatigué , tard le soir,  après une longue étape pédestre ,lorsqu'ils sont
bien placés pour savoir qu'il n'existe pas d'autre hébergement disponible à
proximité ?
Il y a là une question d' "éthique" ,( dans toute la mesure où un commerçant
en possède une .)

Bien sur, il faut savoir relativiser ce problème .
Car , pour l'instant, il ne se pose , en France, que sur la Voie du Puy en
Velay.
Laquelle pauvre voie, (ce qui n'enlève rien à la beauté de ses paysages et
de ses monuments ), est phagocytée par les marchands du Temple.(Comparer,
ces récentes années, l'augmentation des prix sur son itinéraire avec celle ,
bien plus modeste du coût de la vie)
Il me semble que , tous souvenirs émouvants mis à part, il conviendrait aux
anciens pèlerins de déconseiller cette voie aux futurs partants , au
bénéfice des autres ( et , entre autres, de celle d'Arles) aux paysages aussi
beaux , aux monuments aussi magnifiques et  sur lesquelles ils seront à
l'abri des coquillards .( tant les fixes que les mobiles)

Le même raisonnement vaut, hélas, aussi pour le Camino Frances ,
surfréquenté , surpeuplé , de plus en plus cher et goudronné et où les
populations riveraines , échaudées par l'attitude des " nouveaux pèlerins"
,s'en désintéressent de plus en plus .
Ou bien cèdent à l'appât du gain facile ............
On a pu dire qu'en ce moment " Tout ce qu'on fait pour le Camino , on le
fait contre le Camino".

Là aussi il faudrait savoir  conseiller aux partants d'autres itinéraires ,
peut-être un peu plus rudes , mais combien plus plaisants ! ( Via de la
Plata , Camino Norte ou de l'Intérieur , etc., etc. , il y en a d'autres)
En un mot , mon sentiment est que ,pour " sauver" le pèlerinage à Santiago,
il conviendrait de boycotter d'urgence les deux voies en question .
Jusqu'à ce que les aigrefins , tant mobiles qu'itinérants, reviennent à une
meilleure attitude.
Et , après tout , tous les chemins mènent ( aussi) à Santiago!

Jean-Claude

 


LE DEVOIR ET LE PRIVILÈGE D’ACCUEILLIR

Temoignage de l’abbé IHIDOY de NAVARRENX (publié dans le BOURDON)

Le BOURDON a voulu aujourd’ hui donner la parole à un prêtre, l’abbé Sébastien IHIDOY, curé de Navarrenx. il représente , pour beaucoup de ceux qui ont cheminé sur le chemin de Saint-Jacques venant du Puy, l’âme du Chemin. Nous sommes heureux de lui ouvrir nos colonnes.

On m’a proposé d’écrire un petit mot sur l’accueil .Je le fais volontiers en pensant à tous les visages que j’ai rencontrés et qui m’ont apporté plus que je n’ai pu leur donner. En arrivant à Navarrenx en 1981 , je ne savais pas que la Providence m’avait placé sur le Chemin de St-Jacques-de-Compostelle. Les pèlerins se sont ,d’abord, présentés au compte-gouttes.Je les ai reçus , simplement comme je le fais pour les paroissiens. L’accueil n’est-il pas un devoir sacré pour tout un chacun ? Et quand on a de la place comment refuser d’ouvrir la porte à des gens qui ont fait 30 kilomètres à pied ,sac au dos , par tous les temps ? J’ai perçu d’emblée la richesse qu’ils portaient en eux , la quête humaine ,parfois spirituelle qu’ils exprimaient. Le nombre a augmenté d’année en année pour atteindre les chiffres que l’on sait.

Nous sommes devant un véritable phénomène de société : des hommes , des femmes , des jeunes , des anciens , de tous pays : Hollandais , Suisses , Belges , Allemands , Autrichiens , quelques Américains , des Français bien sûr, faisant route dans la même direction, à l’instar des siècles lointains , en quête d’une Etoile donnant un sens à leur vie. Il me serait agréable ici de brosser quelques portraits-types de pèlerins Mais cela m’amènerait trop loin. Je me contente de les mentionner. Il y a l’ancien qui a accompli tout un parcours familial et professionnel et qui veut rendre grâce pour tous les bienfaits reçus. Parfois il a une grâce à demander pour un de ses enfants ou petits-enfants.

Il y a le jeune adulte engagé "jusqu’ au cou" dans la vie professionnelle , souvent cadre, débordé de travail et de voyages d’affaires , bousculé dans sa vie familiales , et qui part avec cette question : N’y a t-il pas moyen de trouver une vie plus humaine ? Il y a le jeune qui vient d’achever ses études et qui prend de la distance avant d’aborder la vie active Il y a l’artiste, soit de musique, soit de peinture , soit de sculpture, qui va à la recherche de lui-même comme d’une inspiration dans les profondeurs et au-delà de soi. il y a le médecin, le pharmacien, le professeur, l’architecte , qui veulent regarder les besoins de l’homme d’aujourd’hui’hui , au-delà de leur pratique quotidienne. Il en est bien d’autres au milieu , ouvriers , fonctionnaires, qui veulent repenser leur vie. Il y a enfin le chômeur et celui qui a du mal à se situer dans la société actuelle, sans compter les jeunes couples qui testent, sur le Chemin , la solidité de leurs amour. Bref, ce sont toutes les facettes de notre société qui se reflètent sur le Chemin comme dans un miroir grossissant.

Alors je vous le demande : comment ne pas accueillir ? Comment ne pas être à l’écoute ? Comment ne pas partager leurs questions et leur quête ? Comment ne pas être leur partenaire et leur complice ? Le peu de temps qu’on leur donne est sublime. Derrière chaque visage , il y a quelque chose d’unique à recevoir. Je disais qu’accueillir est un devoir C’est bien plus , une chance , un privilège.

Ici ,je ne vais pas éluder la question : Ne faut-il pas distinguer les vrais pèlerins et les faux pèlerins ?

A cette question je réponds d’abord , par une autre : Qui peut juger ? C’est vrai que les motivations des uns et des autres sont extrêmement variées

On trouve des pèlerins guidés par l’Etoile de la foi et qui vont, comme François d’Assise , chantant le vent, la pluie et le soleil Ils ont la liberté intérieure .Leur souffle balaye nos pesanteurs.

On trouve, également, de nombreux pèlerins en quête d’une vie plus humaine . C’est peut-être la motivation la plus commune. J’admire l’authenticité de leur recherche. Et dire que Dieu , en Jésus-Christ, a pris le chemin de l’homme pour nous rejoindre !!
Il en est d’autres qui sont guidés par des préoccupations culturelles , touristiques , sportives , mais sont très sensibles à la dimension spirituelle de Chemin.
C’est vrai , aussi , que l’on trouve sur le Chemin des gens qui sont plus randonneurs que pèlerins Et ils le disent. Mais combien après avoir commencé le trajet en marcheurs le terminent en pèlerins ! J’en ai de nombreux témoignages. Quoiqu’il en soit , tout le monde a droit au Chemin

Il en est dont on se demande s’ils sont vagabonds ou pèlerins . Ils sont rares . Mais , même s’ils le sont (vagabonds) pourquoi poser sur eux un regard condamnateur et excluant ? Personnellement je leur fais confiance et je les encourage à faire le Chemin sérieusement avec toutes les exigences qui s’y rattachent. On y rencontre des générosité admirables.
Il y a ,enfin , des athées déclarés . Vous allez me dire : Que font-il sur le Chemin de St Jacques ? Je crois pouvoir répondre en résumé : Ils cherchent une vie plus authentique. Je sais que " Dieu est à l’horizon des recherches de vie authentique" . Je les accueille avec infiniment de respect et d’amitié. A l’appui de tout ce que viens de dire quant au jugement sur les vrais ou les faux pèlerins , je veux apporter cet exemple vécu : Un soir , un jeune couple Belge , avec un chien noir, font halte chez moi. Tous les deux sont chômeurs . Après avoir sympathisé avec eux et avant d’écrire un petit mot sur leur "Credential "et de le tamponner, je leur demande : Qu’est-ce que vous cherchez sur le Chemin ? C’est elle qui me répondit et je n’oublierai jamais l’expression de son visage en prononçant textuellement ces mots : "Nous cherchons - un peu de force , nous sommes fragiles

un peu de stabilité , nous n’avons pas de travail.

un peu d’équilibre , nous avons du mal à gérer notre vie"

Il y avait là un autre couple plus ancien, un pasteur protestant et sa femme , médecin . Nos regards se sont croisés , non sans émotion , et celui du pasteur me disait : "Voilà les vrais pèlerins. Je voudrais tellement qu’on cesse déjuger les bons et les mauvais pèlerins. Ce n’est pas de la naïveté ? C’est du réalisme. Permettons à chacun , en faisant le Chemin, de faire son chemin. Les associations qui parrainent ont un grand rôle à jouer pour informer et situer chacun dans sa démarche ainsi que pour canaliser le mouvement .Leur action, à mon sens , doit se porter sur une responsabilisation des futurs pèlerins , les aider à s’accomplir dans la démarche qu’ils entreprennent , et leur expliquer que Si le Chemin va beaucoup leur donner, eux aussi , sur ce Chemin , ont des devoirs. Mais nous sommes dans une société éclatée. Il faudra , par les temps qui courent, accueillir largement ceux qui échappent à nos structures habituelles et à nos schémas de pensée. J’émets un dernier souhait : Le passage des pèlerins est une richesse, sur le plan humain ,culturel et spirituel .Tout le monde devrait en profiter . Je souhaite qu’au-delà de ceux qui sont préposés à l’accueil , il y ait un échange entre la population locale et ceux qui passent. Je vois l’ébauche d’une société plus humaine et plus fraternelle à l’aube du 3 ème millénaire. Permettez que je termine par une évocation Biblique : "Abraham est assis à l’entrée de sa tente, sous le chêne de Mambré, au plus chaud du jour. Trois visiteurs s’approchent . Abraham les accueille à la mode orientale , c’est à dire royalement. A travers ces étrangers , il a l’intuition d’accueillir Dieu. Il ne se trompe pas .La fécondité lui est promise et donnée , celle " d’un peuple aussi nombreux que les étoiles du ciel". Aujourd’hui , des pèlerins sur le Chemin de Saint-Jacques , passent parmi nous . Ne manquons pas le rendez vous. Leur rencontre est source de fécondité pour tous.

(page publiée dans le Bourdon )