Pessoa | Accueil | ||||
Parfois je me fais presque honte De croire autant ce que je ne crois pas. C'est une variété de rêve Avec le réel au milieu.
|
Je ne pense
en ce moment à rien
|
||||
Je ne suis rien Jamais je ne serai rien. Je ne puis vouloir être rien. Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde. |
|||||
Il y a du sublime à gaspiller une vie qui pourrait être utile, à ne jamais réaliser une oeuvre qui serait forcément belle, à abandonner à mi-chemin la route assurée du succès! ... Pourquoi l'art est-il beau , parce qu'il est inutile. Pourquoi la vie est-elle si laide ? Parce qu'elle est un tissu de buts, de desseins et d'intentions? Tous ses chemins sont tracés pour aller d'un point à un autre. Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d'un lieu d'où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va... La beauté des ruines ? Celle de ne plus servir à rien. | |||||
Ce qu'il faut c'est être naturel et calme Dans le bonheur comme dans le malheur... Penser comme l'on marche, Et lorsqu'on va mourir, se rappeler que le jour meurt, Et que le couchant est beau et belle la nuit qui se fait... Et que si ainsi sont les choses, c'est que les choses sont ainsi.
|
|||||
Nous
nous aimons tous les uns les autres, et le mensonge est le baiser que nous
échangeons. |
|||||
L'art
nous délivre de façon illusoire, de cette chose sordide qu'est le fait
d'exister... En art, il n'y a pas de désillusion, |
|||||
Je ne sais quel est le chemin... ... Parce que chemin et route Sont de terre, et l'important c'est d'avancer; Il est de peu de poids que la route aille à rien... Seul vaut celui qui marche : il est celui qui vit Ainsi, adulte de ce que j'ai voulu faire, Je vais en cheminant vers tout ce que j'ai eu Et sais bien que je ne pourrais pas le ravoir.
|
...D'où peut venir cette saudade Qui ne quitte jamais le cœur Et qui envahit ma pensée Sans que j'en sache la raison?
N'est-ce donc que la rue déserte Et la campagne sans fin Qui m'ont donné la paix confuse Qui pleure au fond de moi?
|
||||
Bouche où vient s'ouvrir un sourire Comme une fleur s'épanouit, Tes yeux y versent, plein de rires, Cette rosée d'avoir trop ri.
|
Je te vis dire ton adieu A quelqu'un qui loin s'en allait : J'en implorais presque les cieux D'être un jour celui qui partait.
|
||||
Aime la vérité en toi. N'en use pas. D'aucuns, par foi ou par habitude, dressent des croix Sur le bord des chemins, d'autres passent, sans plus. Je dors, sous les étoiles, ces clartés étrangères.
|
|||||
Sans chagrin peut mourir qui est né sans espoir.
* Comprendre, c'est oublier d'aimer.
|
|||||
Il est des frondaisons hautes dont l'ombre verse Une paix de fraîcheur sur nous, Et il est un bruit d'eau qui tombant des gouttières Nous rend plus somnolents, plus solitaires
Cela, oui je le veux... Au monde tous le reste, Sa rédemption, son amour ou sa Gloire.
|
|||||
Il manque toujours une chose, un verre, une brise, une phrase, Et plus on jouit de la vie et plus on l’invente, plus elle fait mal.
|
|||||
Lorsque viendra le printemps, si je suis déjà mort, les fleurs fleuriront de la même manière et les arbres ne seront pas moins verts qu'au printemps passé. ...Si je savais que demain je dois mourir et que le printemps est pour après-demain, je serais content de ce qu'il soit pour après-demain. ...On peut, si l'on veut, prier en latin sur mon cercueil; On peut, si l'on veut, danser et chanter tout autour. Je n'ai pas de préférences pour un temps où je ne pourrais plus avoir de préférences. Ce qui sera, ... sera...
|
|||||
O poeta é un fingidor. Finge tão completamente Que chega a fingir que é dor A dor que deveras sente.
Feindre est le propre du poète. Il feint si complètement Qu’il en arrive à feindre qu’est douleur La douleur qu’il ressent vraiment.
|
Vous êtes belle : on vous adore. Vous êtes jeune : on vous sourit. Si un amour pourrait éclore Dans ce cœur où rien ne luit,
Ce sourire de ma tristesse Se tournerait, reflet lointain, Vers l'or cendré de votre tresse, Vers le blanc mat de votre main. (écrit en français)
|
||||
Les jeunes filles par bandes Vont sur la route en chantant Chantant d'anciennes chansons De celles dont la mémoire Fait qu'on se met à pleurer.
...Ce chant qui passe, en effet, Sans le faire exprès, figure L'immense malheur humain Qui est aimer ou ne pas aimer, Toujours le même ,sans fin...
|
...Seul celui qui a bu de la vie tout le vin, D'un coup ou non, mais jusqu'à la fin, Sait bien (mais sans remède) où est le bon chemin.
...Je préfère être seul que même en
bonne compagnie
|
||||
Rimbaud | Retour | ||||
Ô saisons, ô châteaux ! Quelle âme est sans défauts , J'ai fait la magique étude Du bonheur, qu'aucun n'élude.
|
Elle est retrouvée. Quoi? - L'éternité. C'est la mer allée Avec le soleil. |
||||
Mais vrai, j'ai trop pleuré; Les aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma
quille éclate! Ô que j'aille à la mer!
|
|||||
Fileur éternel des immobilités bleues. | Hélas ! ma poésie a replié ses ailes. | ||||
Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles, Millions d'oiseaux d'or, ô future Vigueur?
|
|||||
A quatre heures du matin, l'été, Le sommeil d'amour dure encore. Sous les bosquets l'aube s'évapore L'odeur du soir fêté.
|
Oisive jeunesse A tout asservie Par délicatesse J'ai perdu ma vie. Ah! Que le temps vienne Où les coeurs s'éprennent!
|
||||
De tes noirs poèmes,- Jongleurs! Blancs, verts, et rouges dioptriques, Que s'évadent d'étranges fleurs Et des papillon électriques!
Voilà! c'est le Siècle d'enfer! Et les poteaux télégraphiques Vont orner,-lyre au chant de fer, Tes omoplates magnifiques!
|
Des nuits du blond et de la brune Rien dans la chambre n'est resté, Pas une dentelle d'été, Pas une cravate commune.
Et sur le balcon où le thé Se prend aux heures de la lune, Ils n'ont laissé de trace aucune Aucun souvenir n'est resté.
|
||||
l'assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes; la soie, en foule et de lys pur, des oriflammes sous les murs dont quelques pucelles eut la défense; [...]Ah! la poudre des saules qu'une aile secoue! Les roses des roseaux dès longtemps dévorées! Mon canot, toujours fixe; et sa chaîne tirée au fond de cet oeil d'eau sans bords,- à quelle boue?
voir le manuscrit
|
Plus de lendemain, Braises de satin, Votre ardeur Est le devoir * Mon âme éternelle Observe ton vœu Malgré la nuit seule Et le jour en feu * Les sentiers sont âpres. Les monticules se couvrent de genêts. L'air est immobile. Que les oiseaux et les sources sont loin! Ce ne peut être que la fin du monde en avançant. |
||||
Dans sa retraite de coton Dort le zéphyr à douce haleine : Dans son nid de soie et de laine Dort le zéphyr au gai menton!
|
L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles, L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins, La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles Et l'homme saigné noir à ton flanc souverain.
|
||||
Obscur et froncé comme un oeillet violet... | Je veux travailler libre : mais à Paris, que j'aime. Tenez : je ne suis qu'un piéton, rien de plus... | ||||
On vit et décède tout autrement qu'on ne le voudrait jamais. |
Mais, ô Femme, monceau d'entrailles, pitié douce, Tu n'est jamais la soeur de charité, jamais, Ni regard noir, ni ventre où dort une ombre rousse Ni doigts légers, ni seins splendidement formés.
|
||||
Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout prés, tout prés.
|
Au gibet noir, manchot aimable, Dansent, dansent les paladins Les maigres paladins du diable, Les squelettes de Saladin.
|
||||
Qu'il
vienne qu'il vienne ,
Le temps dont on s'éprenne.
|
Cela
s'est passé. Je sais aujourd'hui saluer la beauté.
|
||||
Je lui faisais, dans sa dernière maladie, la lecture. Quand arrivait un vers, un seul, il me suppliait de passer. Il avait horreur de la poésie." Isabelle Rimbaud (soeur de) |
|