En
suivant les chemins de St jacques on est surpris de voir que la représentation
la plus fréquente (surtout en Espagne) n'est ni le Christ, ni St Jacques mais
la Vierge. Peut-on être touché et même ému par cette icône sans
être catholique et (ou) croyant? Probablement puisqu'il
m'arrive de l'être ! Ce sentiment, difficilement explicable, peut trouver sa source dans
notre culture, des
souvenirs d'enfance, des références à la mère, une idéalisation de la femme
(Sigmund à l'aide!) et surtout l'image de la pureté parfaite, merveilleuse;
le culte de Vénus (Ève) existait bien avant la sanctification de Marie, en revanche,
le dogme chrétien de la virginité n'a rien simplifié! D'autres religions ont
refusé l'image ou la représentation du féminin maternel pour se mettre
à l'abri de l'adoration de la Mère. Un fait significatif, presque
toutes les poésies mariales (même contemporaines) sont écrites par des hommes.
Bref, on n'est pas là pour faire
une analyse (la poésie, comme tous les arts est essentiellement mystère) mais pour partager une émotion
poétique
pure,... primitive. André Cayrel
Un petit texte de F. Mauriac en réflexion:
" Nous sommes les héritiers de cette civilisation courtoise qui situait la
femme à mi-chemin de l'ange et de l'homme. Nous appartenons aussi à une
certaine tradition chrétienne qui tendait à ravaler la femme un peu au-dessous
de l'homme mais au-dessus de la femelle et qui ne lui accordait pas une âme
sans débats. Ces deux courants contradictoires se rejoignent en nous pour y
créer cette illusion d'une créature différente et singulière."
Ô
mère, par qui fut bercée Mon enfance (le temps moqueur, En passant, l’a vite froissée), Mère adorable de mon cœur! ...Reine de grâce, et Reine de Bonté, Aide et soutiens notre fragilité. Théodore de BANVILLE |
Louange
à cette petite fille de la campagne
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Par la mère apprenant que son fils est guéri, Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid, Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée, Par le baiser perdu, par l'amour redonné, Et par le mendiant retrouvant sa monnaie: Je vous salue Marie.
Francis Jammes
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Je
veux le voir et n’être point vue ; C’est déjà trop pour lui d’une croix ! Dans cette foule, comme perdue, Si je défaille, ah ! soutenez-moi ! Rien qu’une femme parmi les femmes... Henri Ghéon |
Une femme est l’amour, la gloire et
l’espérance ;
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Mère
des Sept douleurs ô lumière mouillée Aragon
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Vierge en crinoline, Vierge de la Soledad, épanouie comme une immense tulipe. Dans ta barque de lumières tu vas sur la marée haute de la ville, parmi les saetas troubles et des étoiles de cristal. Vierge en crinoline, tu vas sur le fleuve de la rue jusqu'à la mer! Frederico Garcia Lorca |
VIRGEN
con miriñaque virgen de la soledad, abierta como un inmenso Tulipán. En tu barco de luces vas por la alta marea de la ciudad entre saetas turbias y estrellas de cristal. Virgen con miriñaque tú vas por el río de la calle, ¡hasta el mar! |
Quand j'étais un petit enfant Ma mère ne m'habillait que de bleu et de blanc O Sainte Vierge M'aimez-vous encore Moi je sais bien que je vous aimerai Jusqu'à ma mort Et cependant c'est bien fini Je ne crois plus au ciel ni à l'enfer Je ne crois plus je ne crois plus Le matelot qui fut sauvé Pour n'avoir jamais oublié De dire chaque jour un Ave Me ressemblait me ressemblait Apollinaire
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Mademoiselle
Marie Vous êtes grosse, dit l’ange, Vous aurez un fils sans mari Pardonnez si je vous dérange. Cette façon d’annoncer Les choses par la fenêtre Étonne un peu la fiancée Qui son amour voudrait connaître. L’ange s’en va, comme fonte Des neiges, vers l’inhumain. La petite a un peu honte Et se cache dans ses mains. Jean Cocteau. |
La petite Vierge Marie S’en va comme une
infante, Émile Verhaeren
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Pastorale
provençale
Ah! c'est triste le sort d'une Mère Qu'on le mette où l'on voudra Tout en haut de cette Croix, Tout en haut du grand ciel même. je le verrai toujours petit quand je le tenais dans mes bras Et qu'il avait plus grand désir Du tout simple lait de mon sein, Que du sauvetage du monde!
Ma Maman, ah! même ça c'est défendu! Je vois à peine ses cheveux, Je me souviens du bon laitage, Tu m'écoutes? Je me souviens. Saintes Femmes qui êtes là Menez-là vite dans la Ville Faites-lui boire du vin chaud, Et bassinez-lui bien le lit, Et veillez-là toute la nuit Comme on veillerait une morte. Si j'avais su...
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Eve et MarieHomme, qui que tu sois, regarde Eve et Marie,Et comparant ta mère à celle du Sauveur, Vois laquelle des deux en est le plus chérie, Et du Père Eternel gagne mieux la faveur. L'une a toute sa race au démon asservie, L'autre rompt l'esclavage où furent ses aïeux Par l'une vient la mort et par l'autre la vie, L'une ouvre les enfers et l'autre ouvre les cieux. Cette Ève cependant qui nous engage aux flammes Au point qu'elle est bornée est sans corruption Et la Vierge " bénie entre toutes les femmes " Serait-elle moins pure en sa conception ? Non, non, n'en croyez rien, et tous tant que nous sommes Publions le contraire à toute heure, en tout lieu : Ce que Dieu donne bien à la mère des hommes, Ne le refusons pas à la Mère de Dieu. Corneille
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...À celle qui intercède. |
Mère de Dieu, divine ménagère Henriette CHARASSON
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J'suis là, saint'Vierge, à mon coin d'rue où d'pis l'apéro, j'bats la semelle; j'suis qu'eune ordur, qu'eun'fill' perdue, c'est la Charlotte qu'on m'appelle.
Vierge Marie... pleine de grâce... j'suis fauchée à mort, vous savez; mes pognets, c'est pus qu'eun'crevasse et me v'là ce soir su'l pavé.
Si j'entrais m'chauffer à l'église, on m'foutrait dehors, c'est couru; ça s'voit trop que j'suis fill'soumise... (oh! mand'pardon, j'viens d'dire "foutu").
su'la paill' de vot' écurie v's'z'avez rien dû avoir frio, Jésus et vous, Vierge Marie...
C'est vrai que j'ai plaqué l'turbin. Mais l'ouvrièr' gagn' pas son pain; quoi qu'a fasse, alle est mal payée, a n'fait mêm' pas pour son loyer;...
Bref, je suis pus qu'eun salop'rie, un vrai fumier, Vierge Marie! Malgré comm' ça qu'j'aye fait la vie, j'ai pensé à vous bien souvent...
Et ce soir encor ça m'rappelle un temps, qui jamais n'arr'viendra, ousque j'allais à vot chapelle les mois que c'était votre fête.
Jarr'vois vot bell' rob' bleue, vot'voile, (mêm' qu'il était piqué d'étoiles), vot' bell' couronn'd'or su' la tête et votre trésor su' les bras...
Jehan Rictus
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Dans mon rêve de toi il n'existe, sous-jacente, aucune fascination du sexe, sous ta large tunique de madone des silences intérieurs. Tes seins ne sont pas de ceux que l'on peut penser à baiser... (Tu es la femme antérieure à la chute.)... Les femmes de la terre, qui doivent supporter le poids remuant d'un homme - comment peut-on les aimer sans que l'amour se flétrisse aussitôt, avec la vision anticipée du plaisir au service du sexe? Comment respecter l'Épouse sans être obliger de la voir comme une femme dans une autre position de coït? De quel dégoût ne sommes-nous pas pris à l'idée de l'origine charnelle de notre âme... Toi seule est pure, Dame des Rêves, que je puis concevoir comme amante sans concevoir de tache, parce que tu es irréelle... Pessoa
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Nous venons vous prier pour ce pauvre garçon Qui mourut comme un sot au cours de cette année, Presque dans la semaine et devers la journée Où votre fils naquit dans la paille et le son.
O Vierge il n'était pas le pire du troupeau. Il n'avait qu'un défaut dans sa jeune cuirasse. Mais la mort qui nous piste et nous suit à la trace A passé par le trou qu'il s'est fait dans la peau.
Il était né vers nous dans notre Gâtinais. Il commençait la route où nous redescendons. Il gagnait tous les jours tout ce que nous perdons. Et pourtant c'était lui que tu te destinais,
O mort qui fus vaincue en un premier caveau. Il avait mis ses pas dans nos mêmes empreintes. Mais le seul manquement d'une seule des craintes Laissa passer la mort par un chemin nouveau. Le voici maintenant dedans votre régence. Vous êtes reine et mère et saurez le montrer. C'était un être pur. Vous le ferez rentrer Dans votre patronage et dans votre indulgence...
Péguy
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La douleur chrétienne est immense Elle, comme le coeur humain Elle souffre, puis elle pense Et calme poursuit son chemin. Elle est debout sur le Calvaire Pleine de larmes et sans cris, C'est également une mère Mais quelle mère, de quel fils?
Verlaine
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Excusez-nous,
puisque sommes transis, F.Villon
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Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire, Que diras-tu mon coeur, autre fois flétri, A la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère, Dont le regard divin t'a soudain refleuri? Baudelaire
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Anges,
Trônes et Dominations, Car, pour nourrir Jésus de ses doux
seins, Catherine D'Amboise |
Ô Mère pure, ô Vierge maternelle, Ô tendres pleurs, délicieuses larmes,
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Je suis debout, les dents serrées, Ô Femmes, que je vous envie |
Ô Vierge pure, incomparable, Ave Maria ...Ô toi, Vierge prédestinée Christine de PISAN
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À
la Mère je fais ma génuflexion ; Serge BARRAULT. |
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Et
Marie alors, le regard voilé, |
Fleur
du paradis, sainte Notre-Dame, Théophile GAUTIER. |
Des
croix profondes sont tes rides, Tes cheveux sont blancs comme fils... – Préserve des regards arides Le berceau de nos petits-fils ! Fais venir et conserve en joie Ceux à naître et ceux qui sont nés. Et verse, sans que Dieu te voie, L’eau de tes yeux sur les damnés !... Reprends dans leur chemise blanche Les petits qui sont en langueur... Rappelle à l’éternel Dimanche Les vieux qui traînent en longueur.... Prends pitié de la fille-mère, Du petit au bord du chemin... Si quelqu’un leur jette la pierre, Que la pierre se change en pain !... Dame bonne en mer et sur terre, Montre-nous le ciel et le port, Dans la tempête ou dans la guerre... Ô Fanal de la bonne mort ! – Aux perdus dont la vue est grise, (– Sauf respect – perdus de boisson) Montre le clocher de l’église Et le chemin de la maison. Si nos corps sont puants sur terre, Ta grâce est un bain de santé ; Répands sur nous, au cimetière, Ta bonne odeur-de-sainteté.
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Notre-Dame
de Chartres Je suis noire, mais je suis belle, Couleur des immenses labours Dont la Providence éternelle Nourrit le blé, couleur de jour, Et, comme la glèbe, je porte, À l’insu de mes laboureurs, Le pain secret qui réconforte Aussi bien que les corps, les cœurs. Ce bon peuple m’a devinée, Avant la naissance de Dieu, Comme divine et désignée Pour alléger le poids des cieux. Parmi les divinités sombres Qui régnaient sur le vieux pays, Filles de la peur et de l’ombre, Je fus la seule qui sourît... Et nul ne se doutait encore, Henri GHÉON |
Ave
Maria ! c’est l’heure de la prière suppliante, |
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VIERGE
sur nos cités, Vierge, sur nos hameaux, Rose mystique, fleur qui dépassez le
mur, Émile RIPERT |
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...La
Vierge rend à la Divinité Son sainct dépost, dont le Monde est l’ouvrage, Mais aujourdhuy il a fait d’avantage, S’estant vestu de nostre humanité !
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...Vous
portastes, digne
Vierge, princesse,
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...Notre- Dame: Mourez comme les barons! Jésus: Je mourrai entre deux larrons. ND: Que ce soit sous terre et sans voix! J: Ce sera haut pendu en croix. ND: Vous serez au moins revêtu? J: Je serai attaché tout nu. ND: Attendez l'âge de vieillesse! J: En la force de la jeunesse. ND: Ne soit votre sang répandu! J: Je serai tiré et tendu. ND: A mes maternelles demandes Ne donnez que réponse dures! J: Accomplir faut les écritures.
Jean Michel (1486)
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Priez
pour paix, doulce Vierge Marie, Charles D'ORLÉANS
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C’est
l’astre lumineux qui jamais ne s’éteint, |
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(Traduction
d’un poème en vers latins)
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Étoile
du matin, inaccessible reine,
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J’aime
la majesté des vieilles cathédrales :
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