Haïku empruntés

derniers poèmes Sur le Haïku

Haïku-Senryû (blog)

Poèmes empruntés

  Haïku? qu'es aco ? C'est une forme de poésie originaire du Japon où elle est pratiquée avec passion. Le haïku comprend (en principe!) trois vers de 5, 7, 5 syllabes. Il est concentré, simple, instantané (comme une photo!), riche en images mais aussi en évocation, ouvert et, surtout, sincère 
(objectif et vrai!). Comme  toute poésie sa traduction est délicate (surtout ceux en japonais!). 
De nombreuses règles le définissent dont il est de bon ton de s'affranchir... de certaines, mais pas 
de toutes: un minimum de références est nécessaire comme dans tout langage (au final le résultat 
justifie à peu près tout!). Son apparente simplicité nous vaut souvent de confondantes banalités 
(voir les miens!), mais parfois, de véritables perles, pures, limpides, fascinantes. 
   Le senryû est une variante moins impersonnelle, avec plus de sentiments, d'abstractions et 
de relation avec la nature humaine (société, sexe, humour, amour, politique, travail,...); la frontière 
entre les deux semble de plus en plus flou (senku!). En modeste amateur, je vous propose un 
florilège  hétérogène (hélas!) où se mélange les cultures, les âges, les époques et les lieux.
André Cayrel (2002)
*
Autre définition, plus poétique, de Paul-Louis Couchoud :
"C'est une interjection de 17 syllabes, un cri qui n'a de sens que par la profondeur 
du sentiment où il jaillit et par la sensibilité de l'oreille qui le recueille."

*
Basho

De quel arbre en fleur
je ne sais
mais quel parfum

*
     Le corbeau d’habitude je le hais mais tout de même... ce matin sur la neige...

ou

Qu'il est beau

le corbeau d'ordinaire haïssable

ce matin de neige!

*

Brume et pluie

Fuji caché. Mais cependant je vais

Content

*

Ce chemin

personne ne le prend

que le couchant d'automne

*

Dans les pluies de mai

les pattes de cette grue

se sont raccourcies !

*

Comme il est admirable
Celui qui ne pense pas: «La Vie est éphémère»
En voyant un éclair


En route. La fièvre
de plaines brûlées
je rêve en errant
(Dernier poème de Bashô)

Bashô
(1644-1694)

*

Bashô nous a quittés
Depuis lors
L'an ne s'est pas terminé

Buson

*

Pour écouter les insectes
Pour écouter les humains nous ne mettons pas 
Les mêmes oreilles

Wafû

*

Pruniers en fruits
sur le chemin de l'école
Haleines sucrées

Jean-Pierre Poupas

*
Le rossignol !
Mes mains au-dessus de l'évier
S'interrompent

Chigetsu ni (1622-1706)

 

*
Shiki

Au papillon je propose
d’être mon compagnon
de voyage.

*
Pourquoi ne pas mourir
en mordant dans une pomme
face aux pivoines.

*
A la lumière qu'on allume
les ombres des poupées
une ombre pour chacune
*

Ignorant 
que l'endroit fut illustre
un homme sarcle le champs

*

Une houe laissée là
personne en vue-
la chaleur!

*

Averse d'été -
la pluie s'abat
sur la tête des carpes

*

Champs et montagnes
mouillés de pluie
une aube fraîche

     Shiki (1866-1902)

*

Ryokan

Les enfants bavards
ne l’attraperont jamais
la première luciole !

ramassant du bois
puis traversant le pont
dans la brume du soir

l'automne se termine
qui pourrait comprendre
ma mélancolie

le voleur parti
n'a oublié qu'une chose,
la lune à la fenêtre

A l'ombre des arbres
du mont Kugami, dans cette cabane
j'aimerais vieillir.

Le vent de l'été
Apporte dans ma soupe
Des pivoines blanches

Ryokan



Aujourd'hui, je pars
Sans souci de ma vie,
Bouclier de l'empereur
(haïku très populaire chez les soldats japonais
de la guerre du Pacifique... comme quoi...)


L'horloge solaire
sur le mur du château -
garantie à vie

J. Claude César


*

musée-
les visiteurs attirés
par le cadre vide

Philippe Quinta

 

Après la tempête
Des feuilles d'arbres inconnus
Dans le jardin

Damien Gabriel


retour de mer
les baisers sont salés
les doux seront pour le p'tit dèj'  

 

boîte aux lettres vide
pas même un lézard
l'été est loin 

Denise Dudon  

*

me voici
là où le bleu de la mer
est sans limite

Santoka

 

                                                    


La fleur est si belle
Que je n'ose troubler l'harmonie de l'univers
En la cueillant

*
Vois combien je t'aime:
Je frôle ton doux fruit,
Qui de plaisir se gonfle.

Vahé Zartarian

 

L’un sur son socle 
l’autre qui le regarde

tous deux si pensifs

 

Dans le ruisselet 
mes doigts de pieds respirent 

mais pas la tête

Luc Rose


j'ai balayé les feuilles mortes
ceux qui passent
ne se rendent compte de rien

Hosaï

*
Même aux jours pluvieux
Le pèlerin avance
 Dans la pluie

Sasaki Toshimitsu

 

fin d'automne ...
sentir encore une fois
l'herbe coupée

Serge TOME 

monts bleus
 

Plage ensoleillée
Coulent sur le corps de femme
Les yeux du garçon

D. Chipot


*

 

à mon bureau,
camouflé derrière des piles
je travaille mes rêves

 Patrick Palaquer

 

Déjeuner de noix
au petit matin de septembre
dans le chemin

Premiers bourgeons
délicatement elle ouvre
son chemisier
 
 
Ces champs
que l'on roule en boules
vers la fin d'août


Daniel Py


entre la jupe
et le tee-shirt
son nombril me regarde

pendant l'amour
le chant des cigales
et après aussi

Yves Gerbal

 

 

Tout a brûlé
heureusement, les fleurs
avaient achevé de fleurir.

Hokushi

 

 

Soleil vertical
Le reptile en s'étirant
lézarde la pierre

Nicole HERAULT 

 



d'une empreinte de pied
un crabe se méfie
à marée basse
Rofu

*

A petits coups de crocs
La mer mordille
Les jambes des baigneuses

Alain Kervern

*

je lève la tête
l'arbre que j'abats
comme il est calme

Issekiro

*

Suis descendu de ma
tour d'ivoire
et n'ai pas trouvé de monde

*

De superbes jeunes filles
grimpent les marches de la bibliothèque
En short

J. Kerouac

*

à ses pieds
on vole les haricots
ah ! l'épouvantail

*

à ses pieds

on vole les haricots

ah ! l'épouvantail


Yayu

 

*

La Belle-de-jour
Et l'épouse qui n'est pas jalouse
C'est beau

Kitô


*

Premier rêve de l'année

Je t'ai gardé secret

Seul, j'ai souri

Shôu
 

*

Le liseron

A mis ses doigts sur le seau de mon puits

Je dois aller emprunter l'eau du voisin

Chiyo-jo
 

*

Quand l'aube pointe

la luciole 

devient un insecte

Aon

*

les pupilles du chat
comme des aiguilles
quelle chaleur !

Suikô

*

Même devant l'Empereur
Son galure, il ne l'ôte pas
L'épouvantail

Shirao

*

D'épouvantail
En épouvantail
Ils volent les moineaux

Sazanami

 

Plus froide que la neige même

La lune d'hiver

Sur mes cheveux blancs

Jôsô

*

Oies sauvages dans les nuages
Dans la vallée, cris des canards mandarins
Chemin de montagne

Sôgi

*

Oies sauvages
Certes vous mangeâtes mon orge
Mais votre départ me rend chagrin

Yasui

 

Issa

Le crapaud! on dirait
qu'il va vomir
un nuage


la mère du moineau
lui réclamant son enfant
poursuit le chat


Le vent du printemps
découvre
les fesses
Du couvreur

 

Se détachant dans le soir

sur le pâle ciel bleu

rang sur rang les montagnes d'automne

 

Un humain 

une mouche

dans la vaste chambre

 

Ne tue pas la mouche

vois comme elle tend

vers toi les pattes
 

L'arracheur de navets

montre le chemin

avec un navet

 

Un monde de douleur et de peine

alors même que les cerisiers 

sont en fleur
 

Lorsqu'on est vieux

même la longueur du jour 

est cause de larmes


 Jusqu'à mon ombre 

et pleine de vigueur

ce premier matin de printemps

 

De quel air revêche

elle me regarde

la grenouille!

 

Avec moi elle lute

A qui fermera les yeux le premier

la grenouille

 

Si l'on vient vous voler 

Melons à rafraîchir, changer-vous 

En grenouilles

 

Oie, oie sauvage

Tu l'as fait à quel âge

Ton premier voyage?

 

L'oiseau en cage

Les yeux envieux

Zieutant le papillon

 

Le cerf secoue

Le papillon

Et ce rendort

 

Les gamins imitant le cormoran 
Sont plus drôles 
Que les cormorans


comme mon cœur est léger
 comme l’air est frais.

du vin pour dormir
et que mes années s'en aillent
ou non que m'importe

je m’en félicite
cette année encore
les moustiques me dévorent

les pins
comme compagnons de vieillesse
crépuscule d’automne

le feu de charbon
l’âge décline
de la même manière

de mon vieux corps
même devant l’épouvantail
j’ai honte

quand on est vieux
même la longueur de la journée
est  cause de larmes

il a remarqué que j’étais un vieillard
le moustique qui siffle
tout près de mes oreilles

à ma mort
soit le gardien de ma tombe
ô grillon

le jour de ma mort
chante mon chant funèbre
ô coucou des montagnes

 Issa (1763-1827)

 

 

the7.jpg (42031 octets)


Tout en larmes 

Assis il raconte

Sa maman l'écoute
 

Hasuo

*

Ca, ça

C'est tout ce que j'ai pu dire

Devant les fleurs du mont Yoshino

Teushitsu

*

 

Je lève la tête

L'arbre que j'abats

Comme il est calme

Issekiro

*

 

sur les vitres
des traces de nez et de doigts
regardent encore la pluie

*

mon ombre
avec de plus longues jambes
ne me distancie pas

André DUHAIME    

*

funérailles nationales
des milliers de personnes
apprennent le nom d'un poète

le bar est vide
le serveur lit son journal
je n'attends personne


je ferme un livre
je vais à la fenêtre
la nuit est grande


des fleurs à la main
saluer une inconnue
au cimetière

Carol LEBEL  

 

 

Une fleur tombée
Remonte à sa branche
Non, c'est un papillon!

Moritake

 

Train du matin --
Entrant dans le tunnel
Tout à coup: mon visage

Marco Fraticelli

 

boules de naphtaline:
dans les placards
on range l'hiver

Marie-Christine Mouranche

 

Le ciel dans l'eau.
Les poissons se faufilent
sous les nuages.

Jocelyne Villeneuve

 

silence
le bruit d'un oiseau
sautillant sur les feuilles mortes

Ryushi

 

Ce bouquet de fleurs
aplati dans la grand-rue
pour qui était il?

Patrick Blanche

*

    Dans la neige fraîche
près du métro, mille flèches:
       pattes de pigeons.


       Les fourmis courent,
courent sur le patio
       tellement immense.

Robert MELANÇON 

Buson

Cheminant par la vaste lande
les hauts nuages
pèsent sur moi

*

brouillard matinal
dans le village aux mille avant-toits
les bruits du marché

*
J'allais au cerisier en fleur
le dormis sous eux
tel fut mon loisir

*

Devant le volubilis il est homme 

à déposer son balai à terre.

*
L'hiver est sec
Le corbeau noir
Le héron blanc

*

Les fleurs de prunier disparues
comme il est solitaire
le saule!

*

Pour chanter
le rossignol
n'ouvre qu’un petit bec.

*

matin de neige
de la fumée monte de la cuisine
réjouissante

*

Pluie de printemps
un parapluie et un manteau de paille
vont ensemble devisant

*

Quelle joie
 De traverser à gué la rivière en été 
Sandales en mains

*

Soir d'automne -
il est un bonheur aussi
dans la solitude

*

Devant le chrysanthème blanc
les ciseaux un instant
hésitent

*

Quand le vent souffle au nord
les feuilles mortes 
fraternisent au sud

*

Le foulard de la fillette
Trop bas sur les yeux
Un charme fou

 

      Buson (1715-1783)

*

L'épouvantail au loin -
il allait avec moi
tandis que j'allais 

Sanin

 

 

La femme sans enfants 
comme elle est tendre 
avec les poupées!

Ransetsu

*

le grand vent emporte
toutes les grandes pensées
les petites restent

Jacques Bussy

*
A moitié petite,
La petite
Montée sur un banc.

Paul Éluard

*

Durant la sieste
nous étions ennemis farouches
la mouche et moi

Bruno Hulin

*

Avec l'air du printemps
 Je gonfle
Le pneu de mon vélo

 

Sasaki Toshimitsu

*

 

Hiroshima en automne
Soudain un crépuscule
 Couleur sanguine

 

 Le serpent s'esquiva
Mais le regard qu'il me lança
 Resta dans l'herbe

 

Takahama Kyoshi

*

La où je vis
il y a plus d'épouvantails 
que d'humains

 

Chasei

*

"Ces billets de vingt, de cinq cents, de mille.
Je ne les chiffonnerais pas comme lui",
Se dit le pas riche.

*
Le cocher laisse monter la montée.
Il oublie que le cheval déçu
Espérait ici son coup de fouet.

*
Napoléon jeune sur l'image.
"Pauvre, disent-elles,
Tout ce qu'il a encore à faire!"

Jean Paulhan

*

 

 

 

“Cent visions de guerre”, 1916

Dans un trou du sol, la nuit,
En face d'une armée immense,
Deux hommes.

Hier sifflant aux oreilles,
Aujourd'hui dans le képi,
Demain dans la tête

Rumeurs de veuves, d'orphelins,
Bourdonnantes, comme un essaim,
Sur ces pauvres corps déteints.

Sur son chariot mal graissé,
L'obus très haut, pas pressé,
Au-dessus de nous a passé

La mort dans le cœur,
L'épouvante dans les yeux,
Il se sont élancés de la tranchée.

Avec la terre
Leurs corps célèbrent des noces
Sanglantes.

Dans ses yeux déjà voilés
L'affreux souvenir a passé
De la femme et des petiots...

Deux levées de terre,
Deux réseaux de fil de fer:
Deux civilisations.

Julien Vocance

 

L'escalier de bois,
Nous le montions ensemble.
Son écho me fait mal.

 

Dans la plaine noire
un petit pêcher rose
fait à lui tout seul tout le printemps

 

Tu es trop petit, chaton, pour savoir.
Ne mords pas là-dedans :
C'est ta queue.

 

Rangées par ordre de grosseur,
Une collection de fesses
Cueillent les haricots

 

René Maublanc

 

 

La nuit est-elle finie?
Je soulève la bâche.
Éblouissement

 

Une prison. Des abattoirs.
Une patrouille au fond de la rue.
Oh! vite vivre...

 

Le vieux canal
Sous l'ombre monotone
S'est vert-de-grisé.

 

D'une main elle bat le linge
Et de l'autre rajuste
Ses cheveux sur son front

 

A la lisière de la forêt
Les grands sapins
Présentent les armes

 

Au débouché du pont...
Nom de Dieu! c'est aussi beau
Que toute l'Espagne!

Paul-Louis Couchoud

 

 

Flaque d'eau sans un pli.
Le coq qui boit et son image
Se prennent par le bec.

René Sabiron 

 

Oh! le beau papillon de nuit!
Il va se brûler les ailes...
Vite, je souffle sur la bougie!

Victor Goloubeff 

 

Maison fermée.
Craquement de meubles.
Dialogues des morts.

Jean Breton 

 

Je me tais. J'écoute
Un pas qui vient sur la route
Et mon cœur qui bat.

Anonyme 

 

Avril!
Tiens, il a encore neigé cette nuit?
Non! une haie d'aubépine en fleurs.

Jean Bach-Sisley

 

Les molécules de la rivière
Gardent-elles le souvenir
Des ombres d'arbres caressées?

Henri Druart

 

 

Ma femme elle même
a l'air en visite
ce matin de printemps

Isô

 

"C'est le vent de printemps"

disent maître et valet

ensemble cheminant

Taigi

Une fleur tombée

remonte à sa branche!

non c'était un papillon

Morikate

 

 

Mon âme plonge dans l'eau 

et ressort

 avec le cormoran

Onitsura 

 

 

Même mon ombre

est en pleine forme

premier matin de printemps.

Jissa

 

Le saule peint le vent sans pinceau.

 Saryu

 

Accroupie elle guette

Les nuages

La grenouille

Chiyo-jo 

Dans la feuille de patate douce

Elle enveloppe sa vie

La goutte d'eau 

Kikaku

Femmes en train de planter le riz -
tout est sale en elles
excepté leur chant

Raizan

 

 
 

La voiture abrite
deux amants, seule
la buée est pudique


Nue on entre en elle
telle une truite
entre deux pierres moussues


Ô senteurs de juin!
fleurs du sureau? seins
de vierge? églantines? foin?


Champ de seigle soyeux
le jardin secret
d'une blonde aux yeux bleus

 

La brouette renversée
fait la grève
sur le tas

José Chanly

 

 

La pluie qui rigole
En glissant sur les carreaux
C'est d'une tristesse...

Dorothy LEIGH 

 

Au petit matin
les draps froissés de caresses
sens dessus-dessous.

Elie DUVIVIER

 

La flamme était haute
De celui que j'ai perdu:
Je m'y chauffe encore.

André Cuisenier - 1921.

 

Mes amis sont morts.
Je m'en suis fait d'autres.
Pardon...

René Maublanc

 

 

Haïkus d'enfants

Plein été
le soleil rêve
de rosée.

Saïd
Dans le creux de l'oreille
un coquillage
me parle de toute la mer.

Nassim
Jour d'été
le soleil brille
dans les yeux de ma mère.

Audrey
 
Sur la rivière
je regarde longuement
le soleil briller.

Alexandre

Mon poisson mort
L'autre continue sa vie
Seul dans l'aquarium

Daphné

Me réveiller
dans les pattes de mon chien
quel bonheur !

Denis
 
Quand j'ai vu ce chaton
J'ai su que c'était lui
Et je l'ai gardé

Joëlle
Jour de vacances
jour d'ennui
vivement la rentrée.

Sophie
 
La neige et le froid
Font moins mal
Que d'être rejeté

Dylan