Roncevaux
premiers mots espagnols
"buen camino"
*
au refuge
la jeune hospitalière:
vierge du Gréco
à San
Bol
sourire et café chaud
souvenir frais
Château en Espagne:
dans la fenêtre
à meneau
un rouge-gorge
sur le clocher
deux cigognes et leurs petits
je pense à eux
*
coup de téléphone
il y a bien une vraie vie
après le chemin
un paraplégique
me regarde passer
impassible
pèlerin qui revient
connaissant l’autre rive
ne me dis rien
(Peu reviennent à pied)
avant
la montée
aguardiente au pouss’café
ivresse des
cimes
neige vent grésil
col de la Cruz de hierro
notre Anapurna
ce soir
les ombres se posent à terre
lourdement
au refuge
prolongeant la communion
les ronfleurs
boues
pierres poussières
nulle foulée ne ressemble à une autre...
aventure
XXX
cailloux poux genoux
au-delà des maux et des croix
la voix exceptionnelle
XXX
dans la chapelle
cinq minutes de chant grégorien
...
l’éternité
est-ce celui là
« le sentier du bout du monde »
si beau au début...
toujours le sourire
la fille avec la casquette
sans cheveux
de tout le chemin
son seul enseignement
"la vie est belle"
coup de vent sur le
pont
la señora tient son chapeau
pas sa robe
(Ospital del orbigo)
matin silencieux
envie d’entendre des bruits
des paroles
*
perdu
sur la route
ni
montre ni direction
le temps retrouvé
si attirant
le village vu de loin...
de près rien à voir
plus de flèche jaune...
rues et village sans nom
chemin personnel
chemin droit et nu
traversant de part en part
flèche pure
sur le fil
des centaines de passereaux
un village
village
perdu
odeurs
d’égout et de fumier
comme
avant
aucun humain
dans le village à midi
pas même une ombre
droite
en plein soleil
toute
habillée de sombre...
ombre
écrit sur le mur:
morts phalangistes effacés
républicains tout frais
le chemin
dans la lumière, se perdre
dans son ombre
sur
les murs en ruines
éphémères
des ombres marchent
seul dans
l’église
avec les lumignons rouges,
tremblotante nuit
(à Azofra, nuit dans l'église...)
sur la meseta
le chemin tout au fond
dans l’infini ...
*
là sous mes pieds
et au loin dans l’infini
le même chemin
sur le chemin
une couleuvre écrasée
les gens l’évitent
premières gouttes
:
leur cadence s’accélère
avec mes pas
seul dans le
brouillard
un
bruit de pas à l’arrière
ralentit le mien
Jour
sans soleil
sous la brume
juste une lune
la
pluie aquarelle
le ciel et la colline
sous la
pluie
avançant sans bouger
la longue cape
pluie de septembre
entre la route et l’usine
je vais content
pluie depuis l’aube
pluie pluie pluie je n’en puis plus
je suis un puit
*
juste après la pluie
la brûlure
mouillé
du soleil
le silence
des pins noirs après la pluie
odeur et couleur diluées
après
l’orage
mon ombre rassurée
réapparaît
l’orage tombé
hommes et arbres abattus
desolation road
après
l’orage
mon ombre dans les flaques
reprend des couleurs
arc de triomphe
tout au bout du chemin
multicolore
*
en plein midi
translucide au soleil
la pleine lune
route brûlante
à chaque ombre de platane
les cigales
recueillement
à l’ombre chaude des pins
- parfum d’encens
entrant dans le bois
tout se tait
sauf le ruisseau
j’entends
suinter
la source discrète
je
suis ma soif
lumière jaune
les ombres s’animent
soir d’été
rentrant
les vaches
rêvant de partir ailleurs
la jeune fermière
dans la montée
abandonnant leurs vaches
les mouches du coche
pour ce long chemin
avoir les pieds et les jambes...
surtout l'envie
cette
nuit
ni couverture ni coussin
la terre et le ciel
marchant sans peine
dans les cerisiers en fleurs...
si peu de peine
*
cerisiers en fleurs
marcher en pareille beauté
heureux qui le sait
fumées dans la rue -
espagnoles en éventails
devant les braseros
odeur pimentée:
sur les grills les poivrons
couleur des braises
voix dans le vallon
tout seul sur le chemin
pas vu les voix
virage devant
tant de chose à voir
derrière
peut-être
un jour sur le chemin
quelqu’un
*
statue
inerte:
il
en a vraiment trop vu
le
saint Jacques
chemin fleuri
un tracteur charrie du purin
le dimanche
sur
sa chaise
nous
regardant passer
pèlerin
immobile
marchant
plein de vie
sur un tapis
de feuilles mortes
trois cent hectares -
aire
de la voie lactée
terrestre
(1500 km X 0,002!)
Arriver
trop tôt
C’est
la dernière crainte
du
vieux pèlerin
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