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- Volume 6-7 -

Antoine Galland, Les Mille et une Nuits

 

Editeur : Manuel Couvreur, professeur à l’Université libre de Bruxelles.

Lorsqu’il mourut le 17 février 1715, Galland venait d’accéder à une gloire, aussi soudaine qu’inattendue. Sa traduction des Mille et une nuit telle est l’orthographe originale, par ailleurs conforme au titre arabe – n’avait été pourtant, à ses yeux, qu’un délassement à des activités autrement sérieuses. Galland n’était pas un écrivain, mais un savant réputé dans l’Europe entière pour sa connaissance des langues et des cultures de l’Orient méditerranéen, tant antique que moderne. Cette maîtrise résultait de longues années d’études, mais surtout de trois séjours en Orient où il avait vécu près de quinze ans.

À côté de nombre d’études érudites, Galland s’était fait connaître par plusieurs traductions. En 1694, il avait publié un choix de Paroles remarquables, bons mots et maximes des Orientaux, très favorablement accueilli. Cet ouvrage témoignait du souci qu’avait Galland d’établir des liens entre les genres en vogue en France et des modèles étrangers qu’il jugeait pour le moins aussi admirables et, en tout état de cause, plus anciens. Les Paroles remarquables s’inscrivent, à la fois, dans la tradition des ana et celle des maximes. La Fontaine, dans ses derniers livres de Fables, s’était surtout inspiré de Bidpaï. En 1696, Galland proposa à Barbin une nouvelle traduction de ce recueil d’apologues. Avec ses 5 niveaux de narrations emboîtés, l’ouvrage offrait une construction proche de celle des Mille et une nuits. Ce n’est qu’en 1724 que Gueullette fit paraître, avec des aménagements mineurs, le manuscrit de Galland.

Dès 1696, Galland s’était attaqué à la traduction des voyages de Sindbad le marin, mais alors qu’il était sur le point de les faire paraître, il découvrit que ce texte n’était qu’une partie d’un " recueil prodigieux de contes semblables intitulés Les mille et une nuit ", ouvrage populaire alors totalement méprisé par les érudits orientaux. En octobre 1701, Galland demanda à ses amis restés en Orient de lui envoyer ce texte : le manuscrit qui lui parvint est, aujourd’hui encore, l’un des plus précieux par son ancienneté et sa cohérence. Entamée au début de 1702, la traduction commença à paraître chez la veuve Barbin à Paris en 1704. Une nouvelle fois, Galland accrochait l’une de ses traductions à un genre littéraire en vogue : le conte de fée. Or, à ses yeux, le recueil arabe est, dans ce registre, sans égal et pour le merveilleux, le lecteur pourra juger " de combien les Arabes surpassent les autres nations en cette sorte de composition ". L’ouvrage l’emporte encore par la construction ingénieuse de l’ensemble, par sa richesse documentaire sur les coutumes et les mœurs des Orientaux, ainsi que par sa valeur morale.

Un point cependant inquiétait le traducteur : son manuscrit de base était incomplet. Aussi, pour les quatre derniers tomes, Galland dut-il s’inspirer des récits que lui communiqua à Paris, à partir de 1709, un certain Hanna. Les très importants aménagements et enrichissements opérés par Galland leur assurèrent une exceptionnelle célébrité qui, dans le cas d’Aladin ou d’Ali Baba, s’étendit jusqu’en Orient où ils furent rapidement traduits. La conclusion du récit-cadre de Schahriar et de Schéhérazade trouva également, sous sa plume, sa version devenue canonique.

La présente édition sera la première à se reporter au texte de la première édition qui, à force d’avoir été lue, est aujourd’hui d’une insigne rareté. Conformément au souhait de Galland, les interpolations de Pétis de La Croix seront rejetées. Le volume sera accompagné du texte des premières versions de certains contes conservées en manuscrits.