Le matin Genève samedi 9 avril 1994  

Caro cartonne

Elle a <<ricoché>> vingt et une fois sur La Première. Nouvelle coqueluche des tympans romands, la chanteuse se présente.

Elle a la blondeur des filles du Nord et le regard aigue-marine. Petite puce affamée de vie, Caro la Parisienne, a choisi d'aller promener le bout de son nez et de ses baskets du côté de chez ses voisins helvétiques. C'était hier à Genève. Le fond de l'air était frais mais, au baromètre de la sympathie, on affichait toujours beau fixe. Rencontre de « Velours...» avec une ensorceleuse de Première, celle qui l'espace d'un troisième album a fait valser le coeur des Romands en « ricochant » vingt et une fois sur les ondes.

- Comment êtes-vous entrée en chanson?

- Je n'adhère pas du tout à la croyance qui veut que l'on naisse chanteuse. Moi, je crois aux rencontres. Ado, je voulais faire des études de psychologie enfantine. Et puis, alors que j'étais encore au lycée, la destinée a mis sur ma route des gens qui m'ont dit que j'avais une voix particulière... Mon premier album? il remonte à 1981.

- Après deux albums, vous disparaissez cinq ans durant. C'était la panne?

- Je sentais que je changeais, qu'il fallait que je trouve une équipe qui m'aille, qui me corresponde. Alors, plutôt que de sortir un disque qui ne soit pas à la hauteur de mes espérances, j'ai choisi de me mettre en stand-by. Au lieu de piétiner seule dans mon coin, J'ai misé sur des concerts à l'étranger: en Russie et au Québec. Le fait d'arrêter, ça n'a pas été totalement négatif. Au contraire. ça m'a permis de me ressourcer... Avec mes deux premiers albums, j'avais eu de bons succès d'estime. Sans plus.

- Dans la dédicace de «De velours... rock» vous écrivez, bleu sur blanc, avec le temps, j'apprends à reconnaître ceux que j'aime vraiment.

- Quand j'étais plus jeune, j'ai été dupe. Les éloges mensongers, je les ai pris pour argent comptant. La chanson étant un métier d'ego et d'hypocrites, aujourd'hui, j'ai appris.

- Votre CD s'ouvre sur une reprise de Bécaud. Hommage?

- Bécaud a été repris un nombre de fois incroyable. Notamment par Elvis Presley, Barbra Streisand, Liza Minnelli, Tom Jones. Je l'ignorais. A la base, je voulais juste chanter un standard. ça se fait régulièrement. Michael Bolton le fait. En France, en Europe, on appréhende ce genre de démarche, sans doute à cause de la critique. Et puis,comme je travaille pas mal à l'étranger, ça sensibilise le public. C'est une bonne carte de visite.

- Si vous deviez abandonner la musique, vous vous dirigeriez vers un autre horizon artistique?

- Bien sûr... Mon voeu le plus cher pour l'avenir, c'est d'être une grand-mère pleine de sagesse. J'ai toujours été attentive aux valeurs. D'ailleurs. à un moment donné de ma vie - je devais avoir une dizaine d'année - je rêvais de passer mes jours au fin fond des Indes dans un dispensaire pour enfants abandonnés.

"De velours... rock" distr.BMG-Ariola ( interview Marle-Madeleine Gabloud )

Nature avant tout

Sur une île déserte, Caro emporterait dans ses bagages « une compil' de Queen avec Freddy Mercury, un album de Michael Bolton, un de Richard Marx, un de Piaf et un de Johnny Hallyday ». Et puis sa supermascotte, «Fellling», pour les intimes: «C'est le chien le plus cabot que je connaisse. En Russie, à l'époque d'avant le mur, c'était déjà la coqueluche. J'étais un peu gênée. Les gens partageaient avec lui le peu de nourriture qu'ils avaient à se mettre sous la dent.»
Pas très à l'aise parmi la nouvelle vague de ses confrères et cons&oeligurs, la frêle demoiselle à la voix musclée avoue tout de même un petit faible pour Goldman. «Si je devais me situer, je dirais que je me sens plus proche d'une Maurane, d'une Véronique Sanson que d'une Liane Folv, un peu trop fabriquée à mon gré, ou d'une Patricia Kaas.
Ce que j'apprécie chez un artiste, c'est son naturel, son authenticité.» De la Suisse, elle dira enfin: «C'est un pays que je connais un peu. Je skie souvent à Châtel (France voisine) et, à l'époque, j'ai failli travailler avec Sébastien Santamaria.»