L'union est la mort                                                  
de l'absence,
et ce qui se sépare 
naît dans le vide.

 

    Le Poème

 

  Andrzej Swietochowski

         Vers d'autres poèmes

 

Etre poème ou être poète, voilà la question.

 

 

L'objectif est poème, le subjectif - poétique.

 

 

Un poème devient poésie quand il est signé d'un nom, 
de préférence bon.

 

 

Il n'est pas facile de rencontrer un poème. 
Couvert d'une cape tissée de l'ordinaire, 
ce magicien invisible se cache à l'intérieur de toi.

 

 

Poème : Le poète pense qu'il me crée. Quel naïf individu ! 
Je nais quand il se perd dans le vide.

 

 

Comprendre un poème est comme déraciner une plante et, 
de son cadavre, composer un bouquet poétique.

 

 

Tant qu'il n'est pas nommé poème, il est poème. 
Mais quand il est écrit et publié, que devient-il ? 
Un poème vendu.

 

 

Le vide, ce miroir qui reflète l'image du poète.

 

 

Il a compris un poème. Il ne le lit plus jamais.

 

 

Je suis optimiste : Qui parle, risque, finalement, d'être entendu. 
Cependant, pour celui qui parle en écrivant, primo, ce risque est faible et, 
secundo, la probabilité d'être compris est quasi nulle. 

Ecrivons donc tous !

 

Je suis pessimiste : Qui lit, risque d'être endoctriné. Cependant, 
ce risque est faible, car la probabilité de comprendre un autre 
est quasi nulle. 

Lisons donc tous !

 

 

 

La pensée est un dialogue avec le vide, 
la description de ce dialogue, écriture et, la lecture, 
un nouveau dialogue avec le vide.

 

 

 

Mardi dernier, en me promenant dans un livre, je rencontrai un poème. 
Caché sous un parapluie rationnel, car il pleuvait des concepts, 
il était superbe, comme s'il était mien.

– Salut ! dis-je spontanément.
– Chut, doucement, me répondit-il, je ne suis que ton 
interprétation.

 

 

 

La chasse aux poèmes ressemble à la cueillette des champignons. 
D'abord il y a des saisons et, puis, il faut de la pluie. 
Sinon - pas de poèmes.

 

 

Je n'aurais jamais cru qu'un poème pût se venger. 
Pourtant, hier, un de mes préférés m'obligea à le signer.

– On t'analysera ! On va dévoiler ce qui, sous le masque 
de poème, se cache en toi ! 

Imperturbable, comme toujours, le poème répondit :

– O mon ami ! Je crains pour toi, car en m'analysant, 
tu ne peux trouver que toi-même.

 

 

Les plus belles fleurs sont celles sans nom.
– Que penses-tu de la rose ?

 

 Copyright2003 © Andrzej Swietochowski